Aller au contenu
Le Web des Cheminots

likorn

Membre
  • Compteur de contenus

    3 024
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par likorn

  1. Moi je dis, s'il y a un oeilleton, il y en a un. S'il n'y en a pas, il n'y en a pas. Pis après pourquoi ici il y en a un et pas là plus loin; il doit même y avoir des cas où plus personne ne le sait très bien : "mais tu vois du temps de mon père on a récupéré la cible pis y avait l'oeilleton alors on l'a laissé". Sur les planches CFF, on présente nos feux avec 5 lampes, parce que c'est plus pratique ainsi. Pis dans la réalité, sur le terrain, on voit du tout...
  2. L'entreprise qui t'embauche doit te former, sinon ça ne vaut pas la peine. À ma connaissance il n'est pas possible de faire le A40 en "freelance", mais ma connaissance est limitée. Puis pour le valider il faut conduire 50heures dans l'année suivante dont la moitié dans les 2 premiers mois qui suivent l'obtention du permis. Voir art. 35 alinéa 1c et 2 https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20092177/index.html
  3. Evidemment. Cela dit effectivement, paternalisme irait mieux. Mais il faut bien comprendre que la chance citée par r2d2 n'existait pas pour les chibanis, l'évolution était pour eux impossible de par leur naissance. Et ça, c'est de la discrimination. Il y a eu d'autres agents exploités mais la progression était possible, improbable mais possible. Par pour les chibanis. Peu importe qu'ils n'en furent pas les seules victimes, quand je me fais avoir au radar, je ne peux pas prétendre que d 'autres le voient et freinent avant pour ne pas payer.
  4. C'est affligeant de vous lire, affligeant. Et vous ne prétenderiez quand même pas lutter pour le bien commun des autres ni vous considérer comme des progressistes j'espère? Parce que franchement, un tel racisme tranquille, je n'en ai pas vu souvent. Ho, et si t'as un pote maghrébin, ça ne change pas grand chose. J'ai aussi des potes racistes. Rendez-vous compte, voila des marocains traités comme des français, quel scandale.
  5. Pour le retraite, en Suisse elle est fixée à 65 ans. Dans la pratique, et selon les caisses de pension, on peut partir dès 58 ans mais avec une forte baisse de la rente. Au final, c'est la manière de présenter les choses qui change. En France on dirait retraite à 52 alors que les agents partent après cet âge. En Suisse nous parlerons de 65; alors que la très grande majorité des agents partent vers 62 ans. Mais nous rentrons chaque fois à la maison. Et plus qu'en France, nous avons la gratuité de l'ensemble des transports publics, pas que "notre SNCF". Plus exactement l'abonnement est inclus dans le salaire, et donc imposé comme prestation salariale. Enfin, le type qui disait que les plombiers avaient leurs avantages, c'était moi. Manque de pot je ne suis pas français ni agent SNCF, mais voilà j'ai aussi des compensations (et pas des avantages), comme ma copine qui travaillant en pharmacie paie moins cher les médicaments (et en Suisse, le remboursement n'est pas le même, je dois dépenser 2500euros par an avant que l'assurance ne commence à rembourser...). Bref, les compensations ne se limitent pas qu'au salaire et dans nos métiers c'est vraiment un point important. Gagner plus mais dormir moins, ça ne m'irait pas vraiment
  6. Tiens, c’est intéressant ça. Et je pense que c’est nécessaire, en plus. une cagnotte a été mise en ligne pour soutenir les grévistes, le résultat est là : 116 000 euros actuellement. https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/31978353/a8a95db7
  7. Oui, mais c’est une bataille. Il faut la mener.
  8. Je ne bosse pas à la SNCF. Je ne bosse même pas en France. Je n'ai jamais fait la grève, et j’espère bien ne jamais avoir à la faire. Je donne donc un avis comme ça, sur le principe du truc, pas sur le fond. (Cela dit, je connais les conditions de boulot à la SNCF, et je suis assez content de ne pas y bosser). Je voyage aussi, j'ai déjà vu certains des mes voyages finir à la poubelle pour des raisons qui ne sont pas les miennes. Je rêvais d'aller en Syrie, par exemple; c'est con, en 2011 il y a eu une petite révolution. Pour moi c'est un beau voyage en moins, pour eux c'est un peu plus embêtant. Cette comparaison n'est pas anodine, tu es gêné dans un voyage, les agents de la SNCF seront gênés chaque jour dans leur vie tant professionnelle que privée. Ils se défendent, ceux qui attaquent sont tout autant "coupables" de l'annulation de ton beau voyage, et pourtant tu ne les vises nul part dans ta prose. Je ne sais pas dans quel domaine tu bosses, et je m'en fous. Moi aussi - dans un autre pays - je conduis des trains, déplace des gens et des biens. C'est bête mais j'éprouve une profonde fierté à faire cela, je me sens profondément utile dans cette si modeste contribution à la vie des autres. Chaque jour, j'amène n'importe qui - et même sans billet - d'un point A à un point B, pour quelque raison que se soit. Je me lève le matin à 2h, me couche à 5h, passe 7 jours de suite sans voir ma copine autrement qu'endormie, accepte de n'avoir droit qu'à six ou sept weekends par an parce que j'aime mon taf, que j'y trouve du putain de sens. Et de fait, ça a encore du sens, je suis encore nécessaire à la vie de tous ces gens. Ouais, je ne gagne pas mal ma vie. Mais sans plus, j'ai des copains qui posent leur cul sur une chaise à des heures décentes et qui gagnent 2 à 3 fois mon salaire. Ouais, je voyage aussi presque gratuitement. Mais j'ai des copains avocats, plombiers, vendeurs de fringues et flics, tous ont leurs petits avantages dans leur domaine, ne serait-ce que le plombier qui peut installer gratuitement sa salle de bain. Ouais, ma famille à des rabais. Là encore, je ne suis pas le seul. Mais dans ce job, je ruine ma santé. Je mange n'importe quand, je dors n'importe quand, je me prend du bruit, des positions mauvaises pour le dos et du magnétisme en permanence. J'y ruine ma vie sociale. Je ne parle parfois à personne de la journée, hormis quelques "salut" de-ci de-là, et il m'est difficile de prendre un simple rendez-vous chez le dentiste car mes horaires ne sont jamais fixés d'avance. Je ne pense pas mériter plus que ce que j'ai, mais pas moins. J'ai la prétention de croire qu'entre le fait que j'aime ce que je fais et les "avantages" que nous avons, l'équilibre avec les désavantages est assez correct pour satisfaire mon côté protestant qui ne doit jamais se plaindre de ses souffrances. Mais, si on venait me péter les couilles à m'expliquer que je devrais accepter un déséquilibre plus marqué, je ne pense pas que je dirais oui avec le sourire. Je suis même sur que j'aurais envie d'aller brûler des pneus sur l'autoroute. Là, j'ai un vrai avantage, nous sommes solidaires entre nous. Je n'aurais aucune honte de continuer à cultiver cela. Et ce n'est pas l'égoïsme de quelques vacanciers tout déçu de ne pas pouvoir vivre sans se soucier des autres qui me ferait changer d'avis.
  9. Je parlais de la période de circulation. Il s'agit de trains qui circulent la nuit, pas de train de nuit au sens de trains couchettes. En fait, il s'agit de ce qui s’appelait il y a encore deux ans les services pyjamas, les trains qui ramènent les fêtards entre 1 et 4h du matin. Y a une époque, c'était surtaxé dans la théorie, dans la pratique beaucoup moins.
  10. Encore un frouze qui vient nous gâcher le métier! C'est une citation plusieurs fois entendues. S'expatrier, ce n'est pas facile. Même à 40km de chez soi. Mais j'en connais beaucoup, et il y a ceux qui sont devenus plus suisse que moi, ceux qui ne voudraient pas y vivre mais qui aiment y bosser, ceux qui détèstent et n'arrivent pas avec la mentalité. Et puis il y a les piques-assiettes qui ne viennent que pour l'argent et qui fièrement te disent que jamais ils ne dépenseront un franc ici. Tous ont souffert à un moment, ou souffrent encore. On te reprend, on te jauge, on te corrige. Pas facile même de comprendre certaines tournures dans les textes réglementaires basés sur l'allemand. Il y a donc de tout, du bien, du mal, de la réussite et des échecs. Maia il y a toujours un effort. Ce qui est important c'est de savoir ce que l'on veut, et d'admettre que cela demendera d'importants efforts et une forte remise en question. Je ne suis pas vraiment un expat', mais j'ai quitté mon Canton pour mon travail. Et déjà rien que ça, hey, je peux te dire que je suis considéré comme n'étant pas du lieu : je n'ai pas les connaissances d'écoles, ces facilités procurées par le faite de connaître des gens ici ou là, qui sont devenus paysans mais aussi banquiers, avocats, élus. J'en connais, mais pas dans mon Canton, et du coups cela ne sert a pas grand chose (sauf à connaitre des gens cool, ce qui est le plus important). Alors il faut tout refaire, mais ca demande du temps. Ici en tout cas, ça compte énormément.
  11. likorn

    Ces trains de nuit

    21h00, prise de service, un vendredi quelconque. J'ai toujours aimé les services de nuit, et encore plus le weekend. J'aime la nuit, quand je ne bosse pas, je m'en vais suivre ceux que je ramène quand je bosse. J'en connais certains, j'en ai fait partie, j'aime cette ambiance si intimiste, ce moment où ceux qui la semaine durant laissent sortir leurs entrailles et ne pensent plus à correspondre au bon citoyen, j'aime les odeurs, la fatigue, le bruit et même cette folie si surprenante. J'ai regardé au début du mois, entre les concerts et le début des vacances, je sais que mes trains seront pleins et que ceux qui les emprunterons ne seront pas mieux. J'ai prévu le thé, le bon sommeil préparateur, et la musique pour le cas où je ne pourrais pas aller au terminus. Premier départ vers Villeneuve, à cette heure ci, à l'aller, rien de très particulier. Les gens ne rentrent pas, ils arrivent, et m'éloigner de Lausanne n'est pas leur rendre service. À Villeneuve, un groupe traine voie 1, l'un d'eux tient absolument à montrer qu'il possède un organe reproductif plus important que la moyenne et multiplie les traversées à niveau sans emprunter le passage souterrain. Ma préparation terminée, je m'installe sur le banc, je regarde, j'écoute et me convainc assez rapidement que l'énergumène n'est pas plus que ça soutenu par son équipe, entre les "t'es fous" et les "arrête" il me semble plus qu'évident que l'épate se limite à ce que je vois. Je finis de rouler une de mes rares cigarettes - car je ne fume que le weekend - et je me rends vers l'oiseau en équilibre sur le rail. -Mon grand, tu sais, mourir jeune, c'est bête, surtout sous le regard de ceux qui t'aiment. Le gars se retourne, me regarde, tente de rependre la main avant que je ne l'interrompe. -Mis à part ta famille et tes potes, personne ne pleurera sur ta bêtise, y a mieux pour faire l'adulte. Il est 22h00, la nuit va être longue, reste en vie. Ça ricane voie une; le fou hésite, constate que c'est perdu et rejoint ses potes. Je passe par le sous-voie, marquant le coups, reste de ma petite tentative d'être éducateur. -Je ne voudrais pas non plus que tu en gardes un mauvais souvenir, mais ce que tu fais, pour toi c'est la mort et pour nous trois jours de congé. Vraiment. Une petite discussion s'ensuit, avec les excuses d'usage, la demande de visite (refusée) de la cabine, puis les aurevoir. Eux restent à boire sur le banc, Lausanne ne les appelle pas encore et les tarifs les emmerdent. Voie libre. C'est le moment, je suis vraiment de bonne humeur. À Montreux, première sortie de cabine pour dégager quatre fumeur de la première classe, c'est rare que j'ai envie de m'en occuper et de me mettre en retard pour ça, mais là j'ai la niak. Je lutte un coups, je marque qu'entre fumer ou attendre la police il n'y a qu'un choix et peu de temps, et me revoilà en route, première classe désenfumée et sans risque de déclenchement de l'alarme incendie (un risque que j'ai abordé incidemment, l'air de rien...). Clarens, Burier, La Tour-de-Peilz, la Riviéra et ses mauvais garçons défile. Derrière-moi, en première, ça ne fume pas mais ça bois et ça gueule. Je patiente jusqu'à Vevey, je sais que j'y aurais le temps. Ca surprend toujours d'ouvrir ça porte; je m'installe sur le siège libre, j'explique, j'aime le silence, entrendre des hurlements dans mon dos - même pour rire - me déconcentre et m'emmerde. Soit ils arrêtent, soit je m'arrête, eux veulent aller à une soirée, moi pas plus que ça. La porte ouverte sur ma cabine engage la conversation, et vas-y que c'est cool mais que je suis un casse-couille de merde; et qu'ils abdiquent. Première classe silencieuse, pas complètement vide de fraudeur cela dit, mais au moins calme. Et départ, avec 5 minutes de retard. Je m'en fous bien, le weekend je n'ai encore jamais signé le moindre rapport. Lausanne, ça décharge, ça engrange la faune de Renens. J'aime bien Renens, c'est à trois minutes, je ne sors que le temps de rappeler la présence des poubelles. Ce sera un appel vain, comme souvent ici, mais ça met du baume au cœur aux nettoyeurs. Au delà de Renens, c'est le calme, la virée vers Allamand est tout ce qu'il y a de plus paisible. Je roule fenêtre ouverte, la fatigue est quand même là et je décide de mettre un fond sonore tout en m'annonçant à haute voie les signaux. Je roule fort, je m'amuse, quelques arrivées à la genevoise : vidange CG puis remplissage. C'est le weekend, je suis décidément de très bonne humeur. Retour. Au départ, je note un groupe qui fête. Vodka, musique, ça danse, ça hurle. Allant aux WC de gare, je trouve une victime, le sérieux de l'équipe. Je le nomme responsable de ces potes, je ne veux pas une bouteille vide hors des poubelles. Je n'ai rien pour contrôler, mais ça m'amuse. Départ et roulage plus sympa, il y a de la boisson en équilibre, voir du singe dans les mains-courantes, ce serait dommage... À Morges, un gars accourt alors que les portes se ferment. Je déverrouille, aucun remerciement visible, j'annonce par l'UIC "De rien, et bonne soirée". St-Jean, Lonay, Denges, Renens puis Malley, et voilà qu'un type court à la hauteur de ma fenêtre et lève la main en hurlant un "merci". Je souris et lève la main, le pouce en haut m'est destiné, ma soirée ne pourra pas être mauvaise. Lausanne, retour Villeneuve. C'est calme, je ne prends pas le temps de faire autre chose que mon métier : rouler. Villeneuve est plus calme, l'équipe est partie, je prends le temps de causer à une demoiselle qui fume sur le banc voie 2, pas tant parce que c'est une demoiselle mais surtout parce qu'elle semble mal. Elle m'explique qu'elle s'est engueulée avec son copain, que c'est un salaud, que la vie n'est que merde et tristesse. J'ai dix minutes, j'écoute, j'invite à ne pas se laisser aller et à ne pas rester sur le banc. La demoiselle me rit au nez, elle va en ville, on l'attend, je suis bien un mec pour croire qu'elle aurait des idées noires. On repart, pour Grandson, il est tard, une heure. Montreux n'est peuplé que d'une dizaine de bourrés qui rentre, personne dans mon dos, je fonce. Vevey est encore plus vide, pourtant sur le quai ça gueule, je prends une petite seconde mais ne constate aucune bagarre. Et puis bon, je ne suis pas sûr d'avoir envie, à ces heures l'alcool rend les gens trop imprévisibles et mon côté st-bernard se heurte à ma prudence. Re-départ, je profite du lac, de la lune au travers des nuages. J'ouvre de nouveau ma fenêtre, tout en restant concentré; il est trop tôt dans la saison mais ici il n'est pas rare d'avoir du monde au bord des voies. Nous sommes en bord de lac, n'importe qui qui souhaiterait se baigner dans un lieu tranquille sait qu'il faut venir ici et que le ballast est le seul chemin. J'ai fait pareil, ça ne me dérange pas; il faut juste respecter le code : à l'approche d'un train, s'éloigner du caniveau et faire face. Mais à ces heures je me méfie, j'ai déjà croisé une vingtaine de personnes et tous n'étaient pas très frais ni réactif. Avant Rivaz, des ombres sautent dans l'eau depuis le rocher, ils y en a déjà à la plage. Au niveau du Dézaley, je suis convaincu de voir un barbecue entre deux rochers. Lausanne, encore, le quai noir de monde. C'est le début des grands retours. J'ouvre ma fenêtre, réflexe d'avant, de la vieille époque, de quand on devait le faire en entrant en gare pour pouvoir entendre le cri éventuel d'un passager qui tomberait. Tu parles d'une mesure de sécurité... Un type s'affale à la fenêtre et me demande mon prénom et ma destination, il croit un instant que Grandson pourrait être un prénom, avant de s’engouffrer en première. Je le fous dehors de celle-ci séance tenante. Le sous-chef de quai arrive à ma hauteur, je lui demande s'il compte me donner l'Autorisation de Départ depuis mon niveau ou l'extrémité de la marquise : il me répond que c'est encore assez calme, il la donnera de mon niveau. Ouverture, autorisation de départ, bonne merde avec ton uniforme orange. Re-renens. ça décharge, j'entends la suspension pneumatique qui regonfle. Je constate une traversée des voies à la queue de mon train, la routine sur le passage à char ici. Au moins, il n'y a aucune poussette. Vufflens puis Cossonay. À Cossonay une équipe que je connais traine voie une. C'est mon village, je descends leur rappeler que la poubelle ne sert pas à rien ; ça ricane, mais ça ramasse. Eclépens, Bavois, etc... Terminus Grandson. Je traverse, il y a des endormis, je ne tiens pas à ce qu'ils se retrouvent à Lausanne, ça fera mauvais effet et je n'ai pas envie de gérer ça. Je réveille ceux qui me semblent ne pas être des requérants ou des sans-abris. Je me fais offrir une bière en remerciement, ce qui est trop gentil vu qu'elle est n'est pas ouverte. Retour à Yverdon, je reprends 5 minutes de retard à vérifier que ceux que j'ai réveillé sortent bien. Ils ne sont pas nombreux, mais l'un d'eux n'ira clairement pas plus loin que sur le banc du quai, il attend un train pour Estavayer qui ne sera là que dans trois heures : bonne nuit mon grand. Rien à signaler jusqu'à Bussigny, la campagne vaudoise est calme à ces heures. Même à Cossonay, personne ne semble plus vivre, je ne constate que deux bières sous le banc abandonné, je suis plutôt satisfait. Lausanne, dernière fois. C'est l'ultime passage, le ramassage scolaire du début de la fermeture des boites de nuit. La gare est bien plus bruyante qu'en plein jour, ça hurle, ça gueule, ça s’engueule. Le sous-chef me donne l'Autorisation de départ depuis le bout de la marquise. La fatigue pointe mais je fais mon petit speech sur l'utilité des poubelles et la gentiellesse de mes amis du nettoyage. Je me sens comme Don Quicchotte, mais bah... Vevey est en vue, je largue la faune. Je constate une ombre sous ma fenêtre, il y a un retardataire qui tente de faire croire qu'il est arrivé à l'heure ; le choix est simple, soit j'attends la police, soit tu attends le premier train sur le quai. Le type râle, refuse, menace. Je retourne en cabine, ensuite j'annonce par l'UIC qu'en raison d'une opération de police, notre train subira un retard indéterminé. J'ai le temps, j'ai ma musique et l'extincteur prêt si le type tente autre chose de plus pénible. Je constate qu'il s'en va, l'idée d'attendre la police le démotive trop, je ferme les portes, je repars le sourire au lèvre et me décide à retenter des records de freinage. Faut réveiller la clientèle à ces heures, et je suis gentil de considérer qu'elle paie. Je rigole un peu en voyant monter divers dérangement tels que "incohérence odométrie" : L'ETCS est vraiment une belle merde. Montreux arrive, arrêt parfait avec un magnifique lâcher de pédale, ça me rappelle ma formation. Arrivée presque à l'heure à Villeneuve. En traversant le train je réveille tout le monde, on rentre et là plus aucun train ne circule en dehors du mien. Il y a deux étrangers qui clairement ne comprennent pas, ils descendent en pensant être à Montreux, ça leur fera les pieds, moi j'ai surtout envie d'y aller. Dernier retour, calme, tranquille, je profite de la vue, des odeurs lacustres et de cette ambiance de fin du monde que j'aime tant. Je me dis que j'ai de la chance, j'aime mon taff, j'y trouve du sens, même si là le bon-sens serait d'aller au lit. Arrivée à Lausanne. Je vide, il y a trois types qui dorment mais aucun n'a raté sa station. Je me souviens d'un dimanche soir et d'un passager qui étant monté à Romont et devait descendre à la première halte ; il avait traversé toute la Romandie : Fribourg, Payerne, Yverdon, pour se retrouver à une heure du matin à Lausanne, sans aucun train avant 5 heures et seulement pour aller travailler sans dormir. Il était vraiment mal, mais je n'avais aucune solution à lui proposer. Là, ce soir, pas de soucis, une fois vidé, j'éteins les lumières et laisse tout ouvert pour le nettoyage : il y a du vomi et les wc sont plus que lamentables, mais pas bouché. Un soir de weekend ordinaire en somme.
  12. Tiens, pour une fois que quelqu'un prend votre défense.
  13. Si si. On en causait au local l'autre jour, alors évidemment plus les mécanos sont âgés et moins ça leur plait mais globalement tout le monde s'accorde à dire que c'est quand même vraiment recherché. Niveau sécurité, c'est leur vie. Être jeune, con et inconscient n'est pas illégal et combien même la vision des collègues - et la mienne - est qu'ils sont plutôt prudent dans leur manière de faire. On a vu pire, nous avons fait pire même.
  14. Ah, notre crew national, KCBR, en a remis une couche. Niveau organisation et précision, on sent la suissitude. Là c'est les filles, mais y a pas que elles hein, KCBR, c'est pas mal de monde. Et oui, à l'interne, y a un petit respect envers eux. Au delà du vandalisme qui frappe certains, ils font de belles choses quand même.
  15. likorn

    Fret SNCF, la fin ?

    C'est déjà aujourd'hui, et plus demain. https://www.letemps.ch/suisse/cff-cargo-pourrait-supprimer-jusqua-760-emplois?utm_source=amp 760 emplois, c'est le tiers des postes de Cargo qui disparaissent.
  16. Il faut reconnaitre que pour un étranger, le train est cher. Prendre le bus sera clairement plus lent, mais bien plus accessible à des touristes à relativement faibles revenus ou même peut-être à des travailleurs étrangers saisonniers. Pourquoi pas?
  17. Faut vraiment arrêter avec les clichés... Y a plein de camions suisses sur les routes suisses, y compris pour faire St-Gall à Bellinzone par l'autoroute.
  18. Je confirme aussi, j'ai fait pendant longtemps (presque dix ans) deux heures de trajet minimum par jour, maintenant que je ne fais plus que quelques minutes j'ai l'impression d'avoir une autre vie. Je gagne moins. Pas loin de 9000.- par an, mais qu'est-ce que je vis mieux...
  19. Pas besoin de te justifier à chaque fois, il n'y a aucun secret là dedans tout est même disponible sur internet en ce qui concerne l'aspect réglementaire du truc. Pour résumer en une longue réponse, séparons les lignes à double voie (ou plus) et les simples voies. Je rappelle que double voie n'est pas un régime d'exploitation en Suisse. En double voie, je ne connais aucun PN qui n'est pas lié au block et à un signal principal, qu'il soit de gare ou de pleine voie. Ça doit exister, car ce n'est pas interdit, mais c'est vraiment exceptionnel. Sur certaines lignes, pour des raisons diverses, on trouve un signal de protection en lieu d'un signal de block, d'un aimant ou d'un feu de contrôle. Je n'ai qu'un seul cas en tête. En simple voie, c'est plus compliqué: -En gare, les PN sont très largement liés aux signaux principaux, et sur le réseau CFF sont souvent protégés en plus par un signal de barrage. -Dans les veilles gares, le PN est souvent situé avant le signal le protégeant, c'est prévu réglementairement et indiqué dans les tableaux de parcours. On a le cas à Morat par exemple. -En pleine voie, la plupart des PN sur le réseau CFF sont protégé par une balise ETM (anciennement un aimant Signum) qui déclenche un freinage d'urgence si le ou les PN liés ne sont pas fermés. La balise est repérée sur le terrain et sur les tableaux des parcours. Le nombre de PN protégé est également indiqué dans lesdits tableaux. -Sur les réseaux privés, la tendance est plus à l'utilisation du feu de contrôle, qui n'est pas indiqué dans les tableaux. Il est possible d'avoir un feu de contrôle et une balise, au même endroit. -Parfois, pour des raisons diverses, on peut aussi avoir un signal de protection. C'est rare cela dit, je n'ai que deux exemples en tête et tous dans le Jura. Un PN protégé dans un sens par un aimant peut tout à fait, dans l'autre sens, être protégé par un signal principal. Il n'est pas nécessaire que la méthode soit la même. De même, si dans un sens une balise protège plusieurs PN, il est possible que dans le sens contraire les surveillances soient séparées. La connaissance de ligne est primordiale bien souvent pour savoir ce qui protège quoi, surtout qu'il est possible de tomber sur un PN autonome (installation simplifiée pour les chemins privés), qui n'est pas protégé par une installation de sécurité. Il est même possible d'avoir un tel PN autonome entre un feu de contrôle pour PN (ou une balise ETM) et le PN effectivement protégé par ledit feu. Enfin, il faut se souvenir qu'en cas de circulation en marche à vue en raison d'un dérangement (signal, aiguille, block, contrôle de l'état libre de la voie, verrouillage d'itinéraire), on doit considéré TOUS les PN du tronçon franchi en MàV comme étant en dérangement. Le franchissement n'est alors possible: -Qu'en sifflant à l'approche. -En se tenant prêt à s'arrêter. -En franchissant le PN, par le premier véhicule, à la vitesse d'un homme au pas. Ceci pour souligner le lien important, au sens des installations de sécurité, qui existe entre les PN et les différents éléments de l'enclenchement. Même si les conditions pour lever la circulation en marche à vue, à partir du deuxième convoie circulant sur le tronçon en dérangement, sont réunies et que l'ordre de suppression de la marche à vue est remis, les PN sont toujours à considéré comme étant un dérangement. Un bulletin pour franchissement de PN en dérangement doit être remis et la Vmax limitée, jusqu'au dernier PN du tronçon, à 60km/h. Encore une fois, le lien entre enclenchement et PN est très clair dans cette règle. De plus, pour revenir au cas des PN surveillés par une balise ETM ou un feu de contrôle, il est également nécessaire de les considérer en dérangement si l'on s'arrête - sans que cela soit prévu - entre la balise ou le feu de contrôle et le PN, car certains sont temporisés et leurs enclenchement pas liés à un circuit de voie ou une pédale. Bref, ce qu'il faut retenir, c'est que les PN sont tous plus ou moins lié au block, et qu'il existe plusieurs moyens de transmettre au mécanicien l'assurance que les PN sont fermés mais que le moyen de transmission de cette assurance ne sont pas forcément en rapport à un type précis d'installation de PN. On peut avoir un PN surveillé par un signal de protection qui se déclenche par temporisation, ou un PN surveillé par un feu de contrôle dont la fermeture est lié à une pédale... Une erreur typique, de la part d'un chef circulation, est d'envoyer un train sans arrêt en programmant le transit sur "régional", on va se taper un tas d'avertissement car les temporisations prendront en compte le fait que l'on est sensé marqué des arrêts à chaque gare. [Mise à jour] Nous sommes toujours dans le mauvais sujet. Soit tu en ouvres un autre pour d'autres questions, soit j'arrête de répondre à partir d'ici. Désolé la modération, je m'emballe, je réponds, et après je constate le hors-sujet...
  20. Ce serait mieux pas d'ailleurs. Un signal en dérangement n'est pas susceptible d'offrir la même protection qu'un signal annulé. C'est le cas 90% du temps.
  21. Non, ce n'est pas interdit mais il n'y a aucune raison d'implanter deux signaux alors qu'un seul suffira.
  22. Totalement, si un agent-circulation me met à voie libre un signal, en me prévenant qu'il le fait par une manipulation de secours, et qu'il applique l'annulation de marche à vue en fonction de la situation, je n'ai pas à en discuter. Pareil quand un agent de manœuvre me dit que le frein est bon, je ne suis pas là pour vérifier s'il fait bien son travail sur chaque sabot.
  23. En Suisse, ça se limitera à s'assurer avec la plus grande certitude de la position actuelle du convoi - en obtenant le kilomètrage, la situation géographique et la voie - et obtenir l'assurance que le tronçon occupé et aval sont libres (ou supposés l'être) en dehors de notre circulation et que les aiguilles sont en bonnes positions. Et après, buletin de franchissement, avec remarque "incohérence de numérotation" en bas du formulaire. Le reste, la marche à vue permet de s'en prémunir. C'est en tout cas ainsi qu'on avait procédé. [EDIT] Tiens, d'ailleurs j'avais ici lu le souvenir d'un membre qui avait éxigé et obtenu un buletin C pour un carré amené et monté par l'équipe travaux de son propre train, signal toujours hors-service mais pas annulé lorsqu'il avait du se remettre en route. Il a obtenu sa feuille, pour un signal encore inexistant, comme quoi...
  24. Quand je vois ça, je me dis que le réchauffement climatique est une chance...
×
×
  • Créer...

Information importante

Nous avons placé des cookies sur votre appareil pour aider à améliorer ce site. Vous pouvez choisir d’ajuster vos paramètres de cookie, sinon nous supposerons que vous êtes d’accord pour continuer.