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Le Web des Cheminots

Bandaa Bono

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Messages publiés par Bandaa Bono

  1. J'aime pas le mot retraite beaucoup trop négatif à moins d'être moine, alors je te souhaite une bonne fin d'activité cheminote.

    Profite bien de ce salaire différé qui te permet de choisir maintenant la manière dont tu vas vivre.

    Et comme un militant ne reste jamais bien longtemps sans rien faire, je ne doute pas que la Bretagne profonde va y gagner un acteur du mouvement social supplémentaire.

    Je ne te dis pas "Kenavo avechal" car tu ne nous quitte pas bien sûr ! mdrmdr

  2. Qu'est ce qui te dit que notre direction et le gouvernement n'ont pas une vue divergente sur la chose?

    il ne me semble pas avoir dis qu'elles avaient une vue convergente ?

    Mais au cas ou, non je ne pense pas que la direction SNCF et le gouvernement ont la même vue et position sur le sujet. Mais la SNCF se projette plus facilement dans le long terme et dans un contexte qu'elle connait bien alors que le gouvernement ne cherche que les coups à court terme sur un contexte beaucoup plus vaste que le champ SNCF et tant pis pour les dégats collatéraux.

  3. Ils n'en sont pas là, à ma connaissance, parce que par "axe" cela générerait trop de structures mais en revanche des établissements "Tgv" ou "Ter" regroupant non seulement les agents d'escale mais aussi les Asct et les Adc (oui oui) ça carbure sur le sujet...

    tu as raison j'ai oublié de dire que "axe TGV" et "TER" auraient leurs personnels roulants dédiés ADC et ASCT.

    Ca va être le grand fun en DP en 2011, 5 ou 6 métiers sur un périmètre de la taille d'une région. Grand n'importe quoi et bordel assuré.

  4. Allez l'avis d'un Sudiste pour compléter.

    Nous sommes les premiers étonnés de cet engouement médiatique et de cette stigmatisation. selon les copains cela avait été déjà un peu pareil lors du conflit des retraites de 2007. Les journaleux aiment le sensationnel, l'instantané, le scoop mais peu approfondissent le sujet. Bien souvent ils ont déjà une idée toute faite de ce que nous devons dire et faire et posent les questions en conséquence pour avoir les réponses qu'ils souhaitent. Chez les cheminots, pour eux, il y a dans le rôle des gentils : les réformistes, principalement la "responsable CFDT", dans le rôle de l'OS majoritaire : la CGT dont il supputent, la permanence de conflit interne entre les tendances réformistes confédérales et basistes, la défense du terrain contre les méchants qui leur contestent leur majorité, et bien sur dans le rôle des méchants les gars de SUD, que l'on montre comme jusqu'au boutiste ne cherchant qu'a déstabiliser tout le monde !

    C'était flagrant en 2007 ils ne posaient pas les mêmes questions aux militants de la CGT qu'aux copains de SUD. Ils cherchent les opppositions, les petites phrases qui dénigrent ou dénoncent, le fond il s'en foutent un peu : "pas vendeur ça coco" ! D'ailleurs c'était encore évident dans les interview à St Lazare sur france 2 le jour de la fermeture. Il n'ont retenu de l'entretien avec le responsable CGT que la partie ou il se plaint des sudistes qui auraient instrumentaliser l'agression de l'adc et ensuite un bout du gars de SUD bien content de montrer que la lutte avait payé. Il y a manipulation manifeste des entretiens pour au montage et par coupage ne prendre que ce qui colle aux préjugés qu'ils ont et aux rôles qu'ils donnent à chacun.

    C'est certainement une manipulation du même ordre pour le gouvernement, la désignation d'un bouc émissaire et la survalorisation de celui-ci permettra la cas échéant de continuer a augmenter le control social de l'ensemble de la population. C'est dans la continuité de l'ultra gauche de tarnac, agiter un chiffon rouge, allumer un contre feu qui permet d'occuper la sphère médiatique et éviter ainsi que les salariés se posent la question de la jutesse du système dans lequel nous vivons et la responsabilité qu'ils portent dans les crises que nous subissons.

    C'est aussi la déferlante de contres vérités visant à faire peur à l'électorat de droite et du centre, nous ne serions que des trotskistes et des anarchistes ultra politisé et ultra organisé réinitialisant, horreur suprême "la lutte des classes" ! Comme si celle-ci avait cessé d'exister parce que la sphère politico médiatique l'avait décrété. Il n'y a qu'a se rappeller les paroles de Laurence Parisot : " la liberté s'arrête là ou commence le code du travail " pour comprendre qu'au moins la lutte des classes "employés - employeurs" ne s'est jamais arrêté dans la tête du grand patronat.

    Alors oui à SUD il ya des trotskistes et des anarchistes, mais aussi des communistes, des socialistes, des écologistes, des altermondialistes et surtout majoritairement des gens du peuple de gauche non encarté politiquement, non sectaires, qui se reconnaissent dans tout ou parties des tendances politiques et des textes d'orientation. Le principal c'est qu'il se reconnaissent, dans un syndicalisme de terrain proche d'eux, dans un syndicalisme de lutte, qui dans un contexte de régression social, refuse d'entériner ces régressions proposés au titre du moindre mal.

    A la question : le but est-il de booster SUD en vue des élections professionnelles au détriment de la CGT pour ensuite imposer plus facilement un éclatement de l'entreprise ? j'aurais plutôt tendance à dire que ce n'est pas ce que souhaite Pépy, qui au contraire veux avoir un pôle réformiste pesant 30% pour pour voir signer des accords ( preuve la direction cherche à favoriser systématiquement les OS réformistes avant les élections intéressement et participation ), et une CGT pas trop bousculé sur sa gauche, obligé qu'elle serait dans ce cas de revenir sur le terrain de l'affrontement pour conserver ses postitions. Ce qui ne l'arrangerait pas du tout dans son projet de modernisation de la SNCF et de dévelloppement européen.

    Peut être que le gouvernement y a pensé, mais je ne crois pas à l'action machiavélique concerté avec un plan à long terme, il y a trop de paramètre qui ne sont pas contrôlables pour que ce soit sur et intéressant. Mais faire des coups médiatiques alors là oui ils n'hésitent pas même s'il ne mesurent pas les conséquences à long terme.

    Pour finir, les implications que cela a avec les autres syndicats. La CGT n'a pas besoin de cet emballement médiatique pour être déstabilisée, elle y arrive très bien toute seule, le conflit des retraites de 2007 et sa négociation de carnaval étalée sur 4 mois pour ne pas avoir à reprendre l'action suspendue, le non conflit du RH0077 et de son article 49 qui ne devait pas être appliqué mais qui finalement l'est parlent d'eux même.

    L'objectif médiatique serait-il de forcer la recomposition syndicale lié à la position commune CGT/CFDT/MEDEF/CGPME en faveur du couple CFDT/CGT ? A la SNCF cela ne sera certainement pas aussi simple, la disparition de la FGAAC, de la CFTC, de la CGC et de FO renforcera les futures OS représentatives d'une manière ou d'une autre. Après l'election, les adhérents des OS non représentatives vont pour partie aller voir ailleur, voire suivre les équipes qui changeront de camp. Et dès les élections de 2011 cela aura un impact fort sur les % des urnes.

    la CFDT est quand même sur le fil du rasoir et il ne lui faudra pas perdre trop de monde pour se retrouver sous la barre des 10% et son potentiel électoral est plutôt chez les maitrise et cadres ou elle est fortement barré par l'UNSA qui elle n'a pas à supporter le poids d'une Conf et de l'image du chef qui la commande. Surtout que le mariage avec le catégoriel FGAAC n'est pas sur au final de rapporter et peu avoir un effet repoussoir pour son électorat traditionnel.

    Pour la CGT, elle risque de perdre des voix et il est fort peu probable que les troupes de FO qui voudront continuer à agir choisissent de passer à la CGT, la majorité ira plus probablement à SUD ou du moins votera pour. Si les gars du POI,avec tout ce qu'il leur mettent sur le nez, passent faire de l'entrisme à la CGT ce sera une grande nouvelle. Pas sur qu'elle soit appréciée d'ailleurs.

    Donc, je pense que si SUD confirme les chiffres des élections CA ou elle à fait 18% et progressé de 3pt par rapport aux élections CE/DP de 2006 ce sera déjà bien. Si on fait mieux en passant la barre des 20% : une grande victoire ! mais c'est pas gagné et ce ne sera pas du aux gesticulations médiatiques du moment :blush:

  5. Sur mon établissement il vient d'y avoir des bilatérales avec les OS ou la direction à présenté l'explosion des EEX :

    • les agents des UO circulations seront intégré dans un établissement "infra circulation" dont le contour reste à définir. Il y a de fortes chance qu'il soit dans un premier temps régional avant d'être aligné sur le périmètre des futures CCR. Application théorique au premier janvier 2010 pour concorder avec la loi sur l'ouverture à la conccurence voyageurs.
    • les agents des UO escales seront intégrés dans une établissement "axe tgv" périmètre à définir en fonction des axes retenus. Date d'application : au cours de 2010 avant élection professionnelles de 2011.
    • les agents commerciaux et d'accueil des petites gares seront intégrés dans un établissement "TER"régional dont le périmètre sera aligné sur la région économique. Date d'application : au cours de 2010 avant élection professionnelles de 2011.
    • les agents commerciaux des grandes gares seront intégrés dans un établissement "vente VFE" sur un périmètre ou la logique d'axe prédominera. Date d'application : au cours de 2010 avant élection professionnelles de 2011.

    Voilà les infos que j'ai. Pas de mobilisation prévu pour ce que j'en sais pour le moment, les OS ont déjà à gérer le bordel au Fret avec les première application de l'art49 modifié du RH0077, les mobilisation interpro, les notations et les élections professionnelles. Je crois que l'on verra les premières actions après la fin mars.

    Mais, à mon avis, ça va quand même être super dur de mobiliser contre des modifications structurelles qui dans un premier temps ne modifiera rien à la situation des agents. les cheminots ont quand même naturellement tendance à se mobiliser quand ils ont mal ou le ressentent fortement. :Smiley_15:

  6. Ce qui me branche c'est de faire rouler les trains avec un maximum de sécurité et si possible à l'heure.

    Je n'ai pas le sentiment d'être un âne marchant à la carotte sous prétexte que je m'interesse un minimum à mon travail. Si je reçois la gexci ba tant mieux, si je ne l'ai pas tant pis.

    Moi je considère que tout faire pour les trains roulent à l'heure et en sécurité c'est juste faire les tâches pour lesquelles je suis payé par mon traitement. Si j'estime qu'il est insuffisant je participe à toute action visant à le faire augmenter.

    Mais jamais je ne considère les primes, a fortiori celles qui relève uniquement des techniques de management comme une augmentation de rémunération. Quand je dis que les primes font avancer les ânes, ce n'est pas par méchanceté, mais pour vous faire voir comment la direction segmente la rémunération en part fixe et parts variable pour encore mieux imposer le lien de subordination.

    Son seul objectif en augmentant la part variable et aléatoire ( primes, intéressement, participation ) est d'obtenir une soumission par l'argent. Quand je vois des vendeurs qui cherchent à placer des cartes à des gens qui n'en n'ont pas besoin juste pour rentrer dans leurs objectif GIPEC et toucher la prime, je me dis que nous sommes bien loin du service public.

    Alors "lA prime", à un moment ou à un autre, comportera des objectifs en lien avec le développement des autres EF et la concurrence qui en découlera. Ce n'est pas ma vision du service public, je ne me sent pas obligé d'appliquer un discour libéral même soutenu par 300€.

  7. J'ai vu passer une info destiné aux cadres sur "lA prime" comme ils l'appellent, c'est un truc en quatre pages au moins avec un argumentaire ( si je le retrouve j'en ferait un scan ). En clair, ils expliquent que c'est un outil de management.

    d'abord la part individuelle de 150€ max à attribuer à partir des objectifs fixés lors du RPA. En plus, de chercher à faire adhérer par l'argent certains agents à la politique de l'entreprise cela permet de détecter ceux qui seront actif dans l'objectif d'équipe.

    l'objectif 2 d'équipe, est bien de mettre en compétition les agents à l'intérieur d'une même équipe, de pousser les plus accros à la thune à faire les flics sur ceux qui s'en foutent. c'est l'objet de la part collective de 150€ max.

    Mais ya un truc dont le temps réel ne semble pas parler, c'est qu'il serait possible d'avoir plus que les 300 € max si en cas de résultat supérieur aux objectifs fixés, le DET attribue aux équipes performantes, la part que les équipes moins performantes n'auront pas eu. le montant pourrait ainsi passer à 350€ par clampin dans l'équipe.

    la c'est la mise en conccurence entre les équipes d'un même établissement ! c'est minable de chez minable !

    J'en ai personnelement rien à foutre je ramperai pas pour 350€, ni pour plus d'ailleurs. A bas les primes de rendement !

    Sur la Gexci elle existe depuis fin 2003, j'ai jamais rien eu parce que dès le début j'ai expliqué à mon DPX que je n'en voulais pas et qu'il pouvait bien la donner à tous les ânes qui marchent à la carotte.

  8. Chômage : qui va trinquer ?

    Les nouveaux chiffres publiés par Eurostat vendredi 30 janvier confirment les prévisions : le taux de chômage dans la zone euro s’est établi à 8 % en moyenne en décembre 2008, contre 7,9 % un mois plus tôt et 7,2 % il y a un an. En France, la dégradation de l'emploi s'accélère et touche tous les secteurs. Les politiques d'urgence mises en place ne sont pas à la hauteur. Dès la fin de l'année passée, la France a connu une hausse du chômage d'une rapidité sans précédent. Et cela bien que la population d'âge actif ait diminué pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sous l'effet du départ à la retraite des générations nombreuses du baby-boom. Le mouvement devrait s'aggraver en ce premier semestre 2009, avec 150 000 chômeurs supplémentaires selon l'Insee, alors que la population âgée de 15 à 59 ans va diminuer à nouveau de 61 000 personnes.

    La remontée du chômage s'est essentiellement traduite, jusqu'à présent, par une violente contraction des emplois en contrat à durée déterminée (CDD) et des missions d'intérim. Avec, pour conséquence, une hausse spectaculaire du chômage des jeunes, principaux concernés par ces emplois précaires. Mais après avoir réduit la voilure de ce côté et, dans l'industrie, usé massivement des possibilités de chômage technique à l'occasion des fêtes de fin d'année, il y a tout lieu de craindre que les entreprises commencent à « taper dans le dur », en supprimant des emplois en contrat à durée indéterminée (CDI). D'autant que les défaillances de sociétés sont elles aussi en hausse rapide.

    L'industrie, et au premier chef l'industrie automobile, devrait rester en première ligne avec 81 000 emplois perdus au premier semestre 2009, soit deux fois plus qu'au deuxième semestre 2008. Mais ce qui fait surtout la gravité de la situation, c'est le retournement qui s'amorce dans le bâtiment, qui résistait encore bien jusqu'à la fin 2008, et la situation dans les services. Même si on met de côté l'intérim, les services ont en effet commencé à perdre des emplois fin 2008: ils devraient en perdre davantage encore cette année (85 000 au premier semestre, selon l'Insee). Une situation sans guère de précédents, en tout cas par son ampleur.

    D'un point de vue géographique, l'évolution de l'emploi et celle du chômage ne sont pas strictement identiques (ce qui n'est pas nouveau). Le nord, l'est et le centre de la France sont les régions qui perdent le plus d'emplois (mais pas la région parisienne). En revanche, c'est plutôt dans l'ouest et sur les bords de la Méditerranée que le chômage s'accroît le plus vite.

    Face à cette forte dégradation du marché du travail, les politiques d'urgence mises en oeuvre par le gouvernement sont très insuffisantes. Qu'il s'agisse du soutien au pouvoir d'achat des chômeurs – dont seule une minorité est indemnisée par l'assurance chômage – ou des mesures prises pour ouvrir les vannes des emplois aidés et des emplois publics. Il ne s'agit pourtant pas seulement d'accepter de «·faire du social », c'est aussi un impératif économique: si on laisse filer le chômage, si on n'améliore pas la prise en charge des sans-emploi, la récession risque de se transformer en dépression.

    Alternatives Economiques - n°277 - Février 2009

  9. désolé pour le retard de la réponse:

    moi je suis simplement démocrate au sens large du terme et je sais, par les temps qui courent ce n'est pas très bien vu, mais la plus belle des valeurs reste encore la LIBERTE et on ne peux pas se définir comme un homme libre en étant prisonnier d' idéologies ou de pensées totalitaires ^^

    On est HS donc pas la peine de me répondre ou alors en message privé controleursncf

    Alors moi qui suis un nouveau sudiste je serai à l'insu de mon plein gré victime d'idéologies totalitaires ?

    héhéhéhé c'est très drôle. Bon je te rassure je suis contre le totalitarisme mais aussi contre le libéralisme. L'exercice du libre arbitre ne doit pas aller contre l'intérêt général collectif et la liberté est un mot galvaudé dont la définition reste à préciser, sans vouloir mourir est-on libre de se passer de respirer ? etc ..

  10. Il y a aussi une évolution dans la réflexion des observateurs, chez les français en particulier. S'ils semblaient au départ plus virulents à l'égard des israéliens, ils semblent maintenant plus lucides. Le débat sur la place publique a levé bien des zones d'ombres, les réponses aux questions ont fait retomber la manipulation. Le jeu c'est inversé, heureusement je me faisais du soucis...

    Ce n'est pas intéressant de voir que les opinions peuvent passer d'un point de vue à un autre ( pro palestiniens ou pro israéliens ) selon l'émotion ou l'intensité de la propagande. Ce qui compte c'est l'analyse la plus large possible prenant en compte l'histoire, la sociologie, la géopolitique et les réalités présentes.

    Le texte qui va suivre est un tantinet longuet, mais tellement intéressant prenez le temps de le lire controleursncf

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    1er février 2009 "Exterminez toutes les brutes" : Gaza 2009

    CHOMSKY Noam En guise d'introduction proposée par le traducteur.

    La question Israélo-Palestinienne ne date pas de l'Holocauste, le double langage non plus :

    Extrait du rapport King-Crane (août 1919), exprimant les positions publiques des Grandes Puissances à travers la Société des Nations, ancêtre de l'ONU.

    Dans son adresse du 4 juillet 1918, le président Wilson a posé le principe suivant comme l'un des quatre objectifs majeurs pour lesquels combattent les peuples associés du monde. "Le règlement de toute question, qu'il s'agisse de territoire, de souveraineté, d'arrangement économique ou de relations politiques, [doit se faire] sur la base de la libre acceptation de ce règlement par les gens directement concernés et non sur la base de l'intérêt ou de l'avantage matériel de n'importe quelle autre nation ou n'importe quel autre peuple qui viendrait à désirer un règlement différent au nom de son influence ou de sa supériorité dans le monde".

    Si ce principe doit s'appliquer et si les voeux de la population de la Palestine doivent décider de ce qui doit être fait de la Palestine, alors il y a lieu de rappeler que sa population non juive (pratiquement les 9/10 du total) s'oppose énergiquement à l'ensemble du programme sioniste … Soumettre un tel peuple à une immigration juive illimitée et à une pression financière constante pour qu'il vende la terre représenterait une violation grossière du principe ci-dessus et, quand bien même elle satisferait aux formes de la légalité, une violation du simple droit des gens.

    Au même moment ; extrait d'un mémorandum privé adressé par Lord Balfour au Cabinet Britannique (août 1919).

    En Palestine, nous n'avons pas l'intention de nous attarder à considérer les souhaits des habitants actuels de ce pays ... Les Quatre Grandes Puissances se sont engagées envers le Sionisme. Et le Sionisme, juste ou pas, bon ou mauvais, se justifie par une longue tradition, dans les nécessités du présent et dans les espérances du futur ; il a une importance bien plus profonde que les désirs ou que les préjudices ressentis par les 700.000 Arabes qui habitent ce pays à l'heure actuelle ... Malgré tout le respect que l'on pourrait accorder au point de vue des autochtones, les Puissances n'ont pas l'intention de les consulter. En bref, en ce qui concerne la Palestine, les puissances n'ont pris aucun engagement qui ne soit à l'évidence faux, ni n'ont fait aucune déclaration politique qu'ils n'aient l'intention de renier, au moins quant à la lettre.

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    « Exterminez toutes les brutes » : Gaza 2009

    Samedi 27 décembre 2008 la dernière attaque en date est lancée contre les Palestiniens sans défenses. Elle fut minutieusement préparée, depuis plus de 6 mois selon la presse israélienne. Le plan comprend deux aspects, l'un militaire et l'autre de propagande. Il est basé sur les leçons de l'invasion israélienne du Liban en 2006, mal programmée et peu « expliquée » au public. Nous pouvons donc être certains que ce qui a été fait a été intentionnel et programmé.

    Ainsi en est-il sûrement du moment de l'agression : un peu avant midi, quand les enfants sortent de l'école et que les foules s'affairent dans les rues de Gaza densément peuplée. Quelques minutes suffiront pour tuer plus de 225 personnes et en blesser 700. Début de bon augure au massacre en masse de civils sans défense, pris au piège dans une petite cage, sans moyen d'en échapper.

    Dans sa rétrospective « inventaire des gains de la Guerre de Gaza » le correspondant du New York Times Ethan Bronner a classé cet acte comme une réussite des plus significatives. Israël a anticipé l'avantage de paraître « devenir fou » en causant une terreur totalement disproportionnée, doctrine qui remonte aux années 1950. « Les Palestiniens à Gaza ont reçu le message dès le premier jour » écrit Bronner, « quand les avions de guerre d'Israël ont frappé d'un coup de multiples cibles au beau milieu d'un samedi matin. Environ 200 furent tués instantanément, terrifiant le Hamas et bien sûr tout Gaza ». La tactique du « devenir fou » semble avoir porté ses fruits conclut Bronner : il y a « certaines indications que les Gazaouis ressentent tellement de douleur qu'ils ne soutiendront plus le Hamas », gouvernement qu'ils ont élu. A ce propos, je ne me souviens pas de la rétrospective du Times « inventaire des gains de la Guerre de Tchétchénie », bien que les gains en furent élevés.

    La préparation minutieuse comprenait aussi certainement la fin de l'agression, soigneusement planifiée, juste avant l'investiture d'Obama pour minimiser la menace (lointaine) qu'il puisse émettre quelques critiques sur ces crimes odieux soutenus par les USA.

    Deux semaines après le début de ce Shabbat agressif, Gaza étant déjà ensevelie sous les décombres et le bilan humain avoisinant les 1000 morts, l'agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), dont dépend la survie de la plupart des Gazaouis, annonce que l'armée israélienne lui refuse l'acheminement de l'aide vers Gaza, arguant que la frontière est fermée durant la fête du Shabbat. Pour honorer le jour saint, on refuse nourriture et médicaments aux Palestiniens sur le point de mourir, pendant que des centaines d'autres sont massacrés par les bombardiers et les hélicoptères de fabrication étasunienne.

    Cette double norme de respect scrupuleux du Shabbat ne provoque que peu, ou pas du tout la critique. Cela s'explique. Dans les annales criminelles du couple Israël-Etats-Unis, cette cruauté et ce cynisme ne méritent pas même une note de bas de page. C'est trop courant. Pour citer un parallèle significatif, en juin 1982 l'invasion Israélienne du Liban, avalisée par les Etats-Unis, commença par le bombardement des camps de réfugiés Palestiniens de Sabra et Shatila, qui devinrent ensuite les symboles des terribles massacres supervisés par les IDF (Forces de « Défense » Israéliennes). Le bombardement toucha l'hôpital local - l'hôpital Gaza - et tua plus de 200 personnes selon le témoignage d'un universitaire étasunien spécialiste du Moyen-Orient. Cette boucherie fut l'acte d'ouverture d'une hécatombe qui extermina quelque 15 à 20.000 personnes et détruisit la plus grande partie du Sud Liban et de Beyrouth, avec le soutien militaire et diplomatique des Etats-Unis. Soutien sous forme de veto au Conseil de Sécurité de l'ONU dont les résolutions visaient à bloquer cette agression criminelle menée en fait pour protéger Israël d'un règlement pacifique et politique, et non les Israéliens souffrant sous d'intenses tirs de roquettes, inventions commodes de l'imagination d'apologistes.

    Tout cela est normal et commenté assez ouvertement par de hauts dignitaires israéliens. Il y a 30 ans, le chef d'état-major Mordechai Gur observait que depuis 1948 « nous avons combattu une population habitant des villages et des villes ». Ou, résumé par le plus notoire des analystes militaires israéliens Zeev Schiff, « l'armée israélienne a toujours, délibérément et consciemment visé les populations civiles … l'armée n'a jamais distingué les cibles civiles [des militaires…mais] intentionnellement attaqué des objectifs civils ». Les raisons furent expliquées par l'éminent homme politique Abba Eban : « il y avait un but rationnel, atteint en définitive, de toucher les populations civiles afin qu'elles exercent une pression pour l'arrêt des hostilités ». Le résultat, comme l'avait bien compris Eban, devait permettre à Israël de mettre en œuvre sans obstacles son plan d'expansion illégale et de répression brutale. Eban commentait l'analyse par le premier Ministre Begin des attaques du gouvernement Travailliste contre des civils ; Begin, selon les mots d'Eban, donnait une image « d'Israël infligeant sans raison la mort et l'angoisse à des populations civiles comme le firent des régimes que ni Mr Begin ni moi n'oserions appeler par leur nom ». Eban ne contestait pas les faits qu'analysait Begin, mais le critiquait de les exposer publiquement. Cela ne concernait pas non plus Eban, ni ses admirateurs, que son plaidoyer en faveur d'une terreur d'état massive puisse lui-même remémorer des régimes dont il n'oserait prononcer le nom.

    Les justifications d'Eban de la terreur d'état sont perçues comme convaincantes par des autorités respectées. Pendant que l'attaque israélo-étasunienne récente faisait encore rage, le chroniqueur du Times Thomas Friedman expliquait que la tactique d'Israël, comme celle adoptée au cours de l'invasion du Liban en 2006, est basée sur un principe sain : « essayer « d'éduquer » le Hamas en infligeant de lourdes pertes à ses militants et des souffrances terribles à la population de Gaza ». Cela se comprend d'un point de vue pratique, comme ce fut le cas au Liban où « la seule dissuasion à long terme fut d'exposer les civils - les familles et employeurs des militants - à de telles calamités pour qu'ils ne soutiennent plus le Hezbollah dans le futur ». Avec une telle logique, les efforts de Ben Laden pour « éduquer » les étasuniens le 11/09 étaient aussi dignes d'éloges, tout comme les attaques Nazies à Lidice et Oradour, la destruction de Grozny par Poutine et d'autres tentatives notoires « d'éducation ».

    Israël a fait beaucoup d'efforts pour afficher son attachement à ces principes directeurs. Le correspondant du New York Times, Stephen Erlanger, rapporte que les associations de défense des Droits de l'Homme sont « troublés par les frappes d'Israël sur des bâtiments censément civils, comme le Parlement, les commissariats et le Palais Présidentiel » et, pourrions nous ajouter, les villages, les maisons, les camps de réfugiés densément peuplés, les systèmes d'adduction et d'épuration d'eau, les hôpitaux, les écoles et les universités, les mosquées, les installations de secours des Nations Unies, les ambulances et en fait tout ce qui peut soulager la douleur de victimes insignifiantes. Un haut officier du renseignement israélien a expliqué que l'armée israélienne avait attaqué « deux facettes du Hamas - la résistance c'est-à-dire son aile militaire, et sa dawa (NDT : en arabe, technique de prosélytisme religieux), c'est-à-dire son aile sociale », cette dernière étant un euphémisme pour désigner la société civile. Il a fait valoir que « le Hamas était un seul bloc, » et de continuer, « dans une guerre, les instruments de contrôle politique et social sont des cibles aussi légitimes que les caches de roquettes ». Erlanger et ses éditeurs ne font aucun commentaire sur l'apologie directe et la pratique massive du terrorisme visant des civils, et, comme on l'a déjà noté, les correspondants et chroniqueurs acceptent ou justifient explicitement les crimes de guerre. Mais, selon la norme, Erlanger ne manque pas de souligner que les roquettes du Hamas sont « une violation flagrante du principe de discrimination, correspondant à la définition classique du terrorisme. »

    Comme d'autres familiers de la région, le spécialiste du Moyen-Orient Fawwaz Gerges observe : « Ce que les responsables israéliens et leurs alliés étasuniens ne comprennent pas c'est que le Hamas n'est pas seulement une milice armée, mais un mouvement social avec une large base populaire, profondément ancré dans la société ». Donc, quand ils déploient leurs plans pour détruire « l'aile sociale » du Hamas, ils détruisent en fait la société palestinienne.

    Gerges est peut-être trop gentil. Il est hautement improbable que les responsables étasuniens et israéliens - ou les médias et autres commentateurs - ne comprennent pas ces faits. Au contraire, ils adoptent implicitement la posture habituelle de ceux qui monopolisent les moyens de la violence : d'un coup de poing nous pouvons écraser toute opposition, et si le bilan civil de nos attaques brutales est lourd, c'est aussi bien : peut-être les survivants seront-ils convenablement éduqués.

    Les officiers des IDF savent très bien qu'ils détruisent la société civile. Ethan Bronner cite un colonel israélien qui dit que lui et ses hommes ne sont pas très « impressionnés par les combattants du Hamas ». « Ce sont des villageois avec des armes », a déclaré un tireur sur un blindé de transport de troupe. Ils ressemblent à ces victimes des criminelles IDF durant l'opération « poigne de fer » en 1985 dans le Sud Liban occupé, dirigée par Shimon Peres, l'un des plus grands chefs terroristes de l'ère de la « Guerre contre la Terreur » de Reagan. Au cours de ces opérations, des commandants israéliens et des analystes stratégiques ont expliqué que les victimes étaient des « terroristes villageois », difficile à éradiquer parce que « ces terroristes opèrent avec le soutien de la majorité de la population locale ».

    Un commandant israélien se plaint que « le terroriste ... a de nombreux yeux, car il vit ici ». Dans le même temps, le correspondant militaire du Jérusalem Post décrit les problèmes rencontrés par les forces israéliennes dans sa lutte contre les « terroristes mercenaires », « fanatiques assez dévoués à leurs causes pour prendre le risque d'être tués en se battant contre l'armée israélienne », qui doit « maintenir l'ordre et la sécurité » dans le Sud Liban occupé, malgré « le prix que les habitants devront payer ». Le problème a été familier aux Etasuniens dans le Sud Vietnam, aux Russes en Afghanistan, aux Allemands dans l'Europe occupée, et a d'autres agresseurs qui se rejoignent dans la mise en œuvre de la doctrine Gur-Eban-Friedman.

    Gerges estime que la terreur d'État israélienne va échouer : le Hamas, écrit-il, "ne peut pas être effacé sans massacrer un demi-million de Palestiniens. Si Israël réussit à tuer les hauts dirigeants du Hamas, une nouvelle génération plus radicale que l'actuelle les remplacera rapidement. Le Hamas est une réalité de la vie. Il ne partira pas, et ne hissera pas le drapeau blanc, quel que soit le nombre de victimes qu'il ait à déplorer".

    Peut-être, mais il y a souvent une tendance à sous-estimer l'efficacité de la violence. Il est particulièrement étrange que cette croyance se développe aux Etats-Unis. Pourquoi en sommes-nous là ?

    Le Hamas est régulièrement dépeint comme « le Hamas soutenu par l'Iran, qui se consacre à la destruction d'Israël ». On le trouvera difficilement décrit comme « le Hamas démocratiquement élu, qui a longtemps été en faveur d'un règlement à deux États, en accord avec le consensus international » - bloqué depuis plus de 30 ans par les États-Unis et Israël qui rejettent catégoriquement et explicitement le droit des Palestiniens à l'autodétermination. Tout cela est vrai, mais inutile à la Ligne du Parti, donc superflu.

    Les détails mentionnés plus haut, bien que mineurs, nous apprennent néanmoins quelque chose sur nous-mêmes et nos clients. Comme d'autres détails. Par exemple, quand la dernière agression américano-israélienne sur la bande de Gaza a commencé, un petit bateau, la Dignité, faisait route de Chypre vers Gaza. A bord, les médecins et les militants des Droits de l'Homme avaient l'intention de briser le blocus criminel imposé par Israël et d'apporter de l'aide médicale à la population emprisonnée. Le navire a été intercepté dans les eaux internationales par la marine israélienne qui l'avait déjà sévèrement percuté, le coulant presque, mais il a réussi à se traîner jusqu'au Liban. Israël a publié ses mensonges ordinaires, réfutés par les journalistes et les passagers à bord, y compris le correspondant de CNN Karl Penhaul et l'ancien représentant des États-Unis et candidat présidentiel du Parti Vert, Cynthia McKinney. C'est un crime grave - bien pire par exemple que le détournement de bateaux au large des côtes de la Somalie. Il est passé, sans attirer beaucoup l'attention. L'acceptation tacite de tels crimes reflète celle que la bande de Gaza est un territoire occupé, qu'Israël est en droit de l'assiéger avec l'aval des gardiens de l'ordre international pour perpétrer des crimes en haute mer et mettre en œuvre ses actions punitives envers la population civile qui désobéirait à ses ordres - sous des prétextes auxquels nous revenons toujours, presque universellement acceptés, mais clairement intenables.

    De nouveau ce manque d'attention a du sens. Pendant des décennies, Israël a détourné des bateaux dans les eaux internationales entre Chypre et le Liban, tuant ou enlevant leurs passagers, les transférant parfois dans des prisons en Israël, y compris des prisons secrètes ou chambres de torture, les détenant en otages pendant de nombreuses années. Étant donné que ces pratiques sont courantes, pourquoi traiter ces nouveaux crimes autrement qu'avec un bâillement ? Chypre et le Liban ont réagi très différemment, mais qui sont-ils dans l'ordre des choses ?

    Qui se soucie par exemple que les rédacteurs du Daily Star au Liban, généralement pro-occidentaux, écrivent que « Près d'un million et demi de personnes dans la bande de Gaza sont soumis à la gestion meurtrière de l'un des pays à la technologie la plus avancée, mais à la morale de machines militaires des plus régressives. On suggère souvent que les Palestiniens sont devenus dans le Monde Arabe ce que les Juifs étaient en Europe avant la Seconde Guerre mondiale, et il y a une certaine vérité à cette interprétation. Il est donc approprié et totalement abject que, tout comme les Européens et les Nord Américains détournaient les yeux quand les nazis perpétraient l'Holocauste, les Arabes ne fassent rien pendant que les Israéliens massacrent les enfants Palestiniens ». La brutale dictature Egyptienne qui bénéficie de l'aide militaire américaine la plus importante après Israël est peut-être le plus honteux des régimes Arabes.

    Selon la presse libanaise, Israël continue « d'enlever régulièrement des civils libanais du côté libanais de la Ligne bleue [la frontière internationale], comme récemment en Décembre 2008 ». Et bien sûr « les avions israéliens violent quotidiennement l'espace aérien libanais, en violation de la Résolution 1701 des Nations Unies » (Amal Saad-Ghorayeb, chercheur libanais, Daily Star, 13 janvier). Cela aussi advient depuis longtemps. En condamnant l'invasion israélienne du Liban en 2006, l'éminent analyste stratégique israélien Zeev Maoz écrit dans la presse israélienne que « Israël a violé l'espace aérien libanais en effectuant des missions de reconnaissance aérienne presque chaque jour depuis son retrait du Sud Liban, il y a six ans. Certes, ces survols aériens n'ont pas fait de victimes libanaises, mais une violation des frontières reste une violation des frontières. Ici encore la morale d'Israël n'est pas des plus élevées ». Et en général, il n'y a aucune justification au « consensus établi en Israël que la guerre contre le Hezbollah au Liban est une guerre juste et morale », un consensus "fondé sur une mémoire sélective à court terme, sur une vision du monde introverti, et sur des doubles standards. Ce n'est pas une guerre juste, l'utilisation de la force est excessive et aveugle, et son but ultime est l'appropriation."

    Comme Maoz le rappelle aussi au lecteur israélien, les survols avec bangs supersoniques pour terroriser les Libanais sont les moindres crimes israéliens au Liban, sans parler des cinq invasions depuis 1978 : « Le 28 Juillet 1988, les forces spéciales israéliennes ont enlevé le cheikh Obeid, et le Mai 21 1994 Israël a enlevé Mustafa Dirani, responsable de la capture du pilote israélien Ron Arad [quand il bombardait le Liban en 1986]. Israël les détient avec 20 autres Libanais capturés dans des conditions inconnues, et gardés longtemps en prison, sans jugement. Ils ont été détenus comme « monnaie d'échange » humaine. Apparemment, quand le Hezbollah enlève des Israéliens pour en faire des prisonniers d'échange cela est moralement répréhensible, et passible de sanctions militaires. Quand Israël le fait, c'est tout à fait normal », bien que ce soit sur une plus grande échelle et depuis de très nombreuses années.

    Les pratiques ordinaires d'Israël sont éloquentes au-delà même de ce qu'elles révèlent sur la criminalité d'Israël et le soutien de l'Occident. Comme l'indique Maoz, ces pratiques soulignent la parfaite hypocrisie de la revendication constante par Israël du droit d'envahir de nouveau le Liban en 2006, lorsque des soldats furent capturés à la frontière. C'était la première action transfrontalière du Hezbollah au cours des six années qui ont suivi le retrait d'Israël du Sud Liban, occupé en violation des ordres du Conseil de Sécurité datant de 22 ans, alors que pendant ces six années, Israël a violé la frontière presque tous les jours, avec impunité et dans notre silence.

    De nouveau l'hypocrisie routinière. Ainsi Thomas Friedman tout en expliquant comment ces sous-races doivent être « éduquées » par la violence terroriste, écrit que l'invasion israélienne du Liban en 2006, détruisant encore une fois une bonne partie du Sud Liban et de Beyrouth, tuant un millier de civils, était un acte juste d'autodéfense en réponse au crime du Hezbollah « lançant sans raisons une guerre au-delà de la frontière reconnue par l'ONU entre Israël et le Liban, alors qu'Israël s'est retiré unilatéralement du Liban ». Si l'on ignore le mensonge et use de la même logique, les attaques terroristes contre les Israéliens, jugées beaucoup plus destructrices et meurtrières que toutes autres, seraient pleinement justifiées en réponse aux pratiques criminelles d'Israël au Liban et en haute mer, qui dépassent largement le crime du Hezbollah de capturer deux soldats à la frontière. L'ancien spécialiste du Moyen-Orient du New York Times connaît très bien ces crimes, du moins s'il lit son journal : par exemple, le paragraphe 18 d'un article sur l'échange de prisonniers en Novembre 1983 remarque sans s'y attarder que les 37 prisonniers arabes « ont été capturés récemment par la marine israélienne alors qu'ils tentaient d'aller de Chypre à Tripoli », au nord de Beyrouth.

    Bien sûr, toutes ces conclusions sur les actions appropriées contre les riches et les puissants sont fondées sur un vice fondamental : nous c'est nous et eux c'est eux. Ce principe essentiel, profondément enraciné dans la culture Occidentale, suffit à infirmer la comparaison la plus appropriée et le raisonnement le plus parfait.

    Pendant que j'écris, un autre bateau est en route de Chypre vers Gaza, « transportant des aides médicales d'urgence dans des boîtes scellées, ayant passées les douanes de l'aéroport international et du port de Larnaca », selon les organisateurs. Les passagers comprennent des membres du Parlement européen et des médecins. Israël a été avisé de leur intention humanitaire. Avec une pression populaire suffisante, ils pourraient réaliser leur mission dans la paix.

    Les nouveaux crimes que les Etats-Unis et Israël ont commis dans la bande de Gaza au cours des dernières semaines ne rentrent pas facilement dans une catégorie standard - sauf dans la catégorie familière dont j'ai donné plusieurs exemples, et dont je donnerais d'autres. Littéralement, ces crimes relèvent de la définition officielle par le gouvernement nord américain de « terrorisme », mais cette désignation ne rend pas compte de leur énormité. Ils ne peuvent être appelés « agressions », parce qu'ils sont menés dans les territoires occupés, comme les États-Unis le reconnaissent tacitement. Dans leur vaste érudition de l'histoire de la colonisation israélienne dans les territoires occupés, les Seigneurs de la Terre (Lords of the Land), Idit Zertal et Akiva Eldar remarquent qu'après qu'Israël a retiré ses forces de Gaza en août 2005, les ruines du territoire n'ont pas été libérées, « pas même un jour de l'emprise militaire d'Israël, ni du prix de l'occupation que les habitants paient chaque jour ... Israël a laissé derrière une terre brûlée, des services dévastés et un peuple sans présent ni avenir. Les colonies ont été détruites dans un retrait sans pitié par un occupant barbare qui en fait continue de contrôler le territoire et de tuer et harceler ses habitants grâce à sa formidable puissance militaire » - appliquée avec une extrême sauvagerie et avec le soutien sans faille et la participation des Etats-Unis.

    Les attaques israélo-étasuniennes sur Gaza se sont multipliées en janvier 2006, quelques mois après le retrait officiel, lorsque les Palestiniens ont commis un crime véritablement odieux : ils ont voté « dans la mauvaise direction », dans une élection libre. Comme d'autres, les Palestiniens ont appris que l'on ne désobéit pas impunément aux ordres du Maître, qui continue à fabuler sur son « aspiration à la démocratie », sans susciter le ridicule de l'élite, une autre réussite impressionnante.

    Puisque les termes « agression » et « terrorisme » sont inadaptés, un nouveau terme est nécessaire pour décrire la torture sadique et lâche de personnes emprisonnées sans aucune possibilité de fuite, pendant qu'elles sont réduites en poussière par les produits les plus sophistiqués de la technologie militaire des Etats-Unis - utilisées en violation du droit international et même de la loi étasunienne, mais contre un état unilatéralement déclaré hors-la-loi, ce qui est encore un autre détail technique mineur. Un autre détail technique mineur ; le 31 décembre, alors que les habitants de Gaza terrorisés cherchaient désespérément un abri contre l'impitoyable agression, Washington a engagé un navire marchand allemand pour transporter un lourd chargement de Grèce en Israël, 3.000 tonnes de « munitions » non identifiées. Cette expédition « faisait suite à l'affrètement d'un navire de commerce pour transporter des États-Unis vers Israël une cargaison plus importante de matériel militaire, avant les frappes aériennes de décembre sur la bande de Gaza », a indiqué Reuters. Tout cela en plus des 21 milliards de dollars en aide militaire américaine fournie par l'administration Bush à Israël, en majorité sous forme de subventions. « L'intervention d'Israël dans la bande de Gaza a été largement alimentée par des armes fournies par les Etats-Unis, payées avec l'argent des contribuables », selon les informations de la New America Foundation, qui surveille le commerce des armes. La dernière expédition a été contrariée par la décision du gouvernement Grec d'interdire l'utilisation de ses ports « pour l'approvisionnement de l'armée israélienne ».

    La réponse de la Grèce aux crimes israéliens soutenus par les Etats-Unis est assez différente de l'attitude soumise de la plupart des dirigeants d'Europe. Cette distinction montre que Washington a peut-être été très réaliste en considérant la Grèce comme faisant partie du Proche-Orient, et non de l'Europe, jusqu'à la chute en 1974 de la dictature fasciste soutenue par les Etats-Unis. Peut-être que la Grèce est-elle trop civilisée pour faire partie de l'Europe.

    Si d'aucun avait trouvé curieux le moment de ces livraisons d'armes à Israël et s'était informé plus avant, le Pentagone avait une réponse : la cargaison arriverait trop tard pour appuyer l'attaque de la bande de Gaza, et le matériel militaire quel qu'il soit, devait être pré-positionné en Israël en vue d'une éventuelle utilisation par l'armée étasunienne. C'est peut-être exact. L'un des nombreux services qu'Israël offre à son patron est de lui fournir une base militaire à la périphérie des plus grandes ressources énergétiques du monde. Il peut donc servir de base avancée pour une agression des États-Unis - ou pour utiliser des termes techniques, pour « défendre la région du Golfe » et « assurer sa stabilité ».

    L'énorme flux d'armes vers Israël sert beaucoup d'autres objectifs. L'analyste politique du Moyen-Orient Mouin Rabbani observe qu'Israël peut tester des armes nouvelles contre des cibles sans défense. Cela sert Israël et les États-Unis « doublement en fait, puisque des versions moins performantes de ces mêmes armes sont ensuite vendues à prix fort aux Etats Arabes, qui contribuent efficacement à l'industrie militaire des Etats-Unis et aux subventions militaires étasuniennes en Israël ». C'est un rôle supplémentaire d'Israël dans un Moyen-Orient dominé par les États-Unis, et l'une des raisons pour lesquelles Israël est favorisé par les autorités Fédérales, ainsi que par un large éventail de sociétés de haute technologie des États-Unis et, bien sûr, l'industrie militaire et de renseignements.

    Au-delà d'Israël, les États-Unis sont de loin les principaux fournisseurs d'armes au reste du monde. Le récent rapport de la Fondation New America conclut que « les armes et les Ecoles Militaires des États-Unis ont joué un rôle dans 20 des 27 plus grandes guerres du monde en 2007 », représentant 23 milliards de dollars de recettes, et 32 milliards en 2008. Il n'est pas étonnant que parmi les nombreuses résolutions auxquelles les États-Unis se sont opposés lors de la session de l'ONU de décembre 2008 figure un appel pour la réglementation du commerce des armes. En 2006, les États-Unis ont été les seuls à voter contre le traité, mais ils ont eu un partenaire en novembre 2008 : le Zimbabwe.

    D'autres voix se sont fait entendre à la session des Nations Unies de décembre. Une résolution sur « le droit du peuple palestinien à l'autodétermination » a été adoptée par 173 voix contre 5 (États-Unis, Israël, et des dépendances des îles du Pacifique). Dans l'isolement international, le vote réaffirme avec force le rejectionisme américano-israélien. De même, une résolution sur « la liberté universelle de voyager et sur l'importance capitale du regroupement familial » a été adoptée avec l'opposition des États-Unis, d'Israël et des dépendances du Pacifique, vraisemblablement en pensant aux Palestiniens.

    En votant contre le droit au développement les États-Unis ont perdu Israël, mais gagné l'Ukraine. En votant contre le « droit à l'alimentation », les États-Unis étaient seuls, un fait particulièrement frappant dans le contexte de la formidable crise alimentaire mondiale qui éclipse la crise financière pesant sur les économies occidentales.

    Il y a de bonnes raisons pour que ces votes soient constamment cachés et enfouis par les médias et les intellectuels conformistes dans les replis profonds de la mémoire. Il ne serait pas sage de révéler au public ce qu'impliquent les votes de leurs représentants. Dans le cas présent, il serait évidemment contreproductif de faire savoir au public que le rejectionisme des Etats-Unis et d'Israël, interdisant le règlement pacifique préconisé depuis longtemps par la communauté internationale, atteint un tel extrême qu'il refuse même aux Palestiniens le droit absolu à l'autodétermination.

    A Gaza, un bénévole héroïque, le médecin norvégien Mads Gilbert, a décrit une vision d'horreur, une « Guerre totale contre la population civile de Gaza ». Il a estimé que la moitié des victimes sont des femmes et des enfants. Les hommes aussi, selon les normes de notre culture, sont presque tous des civils. Gilbert signale qu'il a à peine vu un militaire parmi les centaines de blessés. Les IDF acquiescent ; le Hamas « combat de loin - ou pas du tout », dit Ethan Bronner dans son « inventaire des gains » de l'agression américano-israélienne. Donc, les forces humaines du Hamas restent intactes, et ce sont surtout les civils qui souffrent : un résultat positif, selon une doctrine largement répandue.

    Ces estimations ont été confirmées par un responsable humanitaire de l'ONU John Holmes, qui a informé les journalistes qu'il était « assez probable » que la plupart des civils tués étaient des femmes et des enfants, dans cette crise humanitaire qui « empire de jour en jour tandis que la violence se poursuit ». Mais nous pourrions être réconfortés par les paroles du ministre israélien des Affaires étrangères Tzipi Livni, la colombe en chef de la campagne électorale actuelle, qui a assuré au monde qu'il n'existe pas de « crise humanitaire » à Gaza, grâce à la bienveillance d'Israël

    Comme d'autres qui se préoccupent des êtres humains et de leur sort, Gilbert et Holmes ont plaidé en faveur d'un cessez-le-feu. Pas immédiat cependant. « A l'ONU le samedi soir, les États-Unis ont empêché le Conseil de Sécurité d'émettre une déclaration officielle appelant à un cessez-le-feu immédiat », dit en passant le New York Times. La raison officielle était qu' « il n'y avait aucune indication que le Hamas respecte un engagement ». Dans les annales des justifications du plaisir de massacrer, celle-ci doit se classer parmi les plus cyniques. Cela bien sûr c'était sous Bush et Rice, qui seront bientôt remplacés par Obama qui répète avec compassion que « si les missiles tombaient où mes deux filles dorment, je ferais tout pour mettre fin à cela ». Il fait référence aux enfants israéliens, non pas aux centaines d'êtres mis en lambeaux dans la bande de Gaza par les armes étasuniennes. A part cela, Obama garde le silence.

    Quelques jours après, sous une intense pression internationale, les Etats-Unis ont soutenu une résolution du Conseil de Sécurité appelant à un « cessez-le-feu durable ». Adoptée 14-0, les États-Unis s'abstenant. Les faucons d'Israël et des Etats-Unis étaient fâchés que les États-Unis n'y opposent pas leur veto, comme d'habitude. L'abstention cependant a suffi à donner à Israël, si ce n'est le feu vert, au moins le feu orange pour l'escalade de la violence à laquelle il s'est consacré comme prévu, jusqu'au moment de l'investiture d'Obama.

    Le cessez-le-feu (théorique) étant entré en vigueur le 18 janvier, le Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme a publié ses chiffres pour le dernier jour de l'agression : 54 Palestiniens tués dont 43 civils désarmés, parmi lesquels 17 enfants. Pendant ce temps, les IDF ont continué à bombarder les maisons civiles et les écoles des Nations Unies. L'estimation du nombre total de morts atteint 1184, dont 844 civils comptant 281 enfants. Les FDI ont continué à utiliser des bombes incendiaires dans la bande de Gaza et à détruire des maisons et des terres agricoles, obligeant les civils à fuir leurs foyers. Quelques heures plus tard, Reuters signalait plus de 1300 tués. Le personnel du Centre Al Mezan, qui surveille attentivement les victimes et les destructions, a visité des zones auparavant inaccessibles en raison de bombardements massifs et incessants. Ils y ont découvert les cadavres de dizaines de civils en décomposition dans les décombres des maisons détruites ou rasées par les bulldozers israéliens. Des quartiers entiers avaient disparus.

    Le nombre de morts et de blessés est certainement sous-estimé. Et il est peu probable qu'il y aura une enquête sur ces atrocités. Les crimes de nos ennemis officiels sont soumis à de rigoureuses enquêtes, mais les nôtres sont systématiquement ignorés. Une pratique générale, encore une fois, et compréhensible de la part des Maîtres.

    La résolution du Conseil de Sécurité appelait à l'arrêt du trafic d'armes vers Gaza. Les États-Unis et Israël (Rice-Livni) se sont rapidement mis d'accord sur les mesures à adopter pour atteindre ce but, se concentrer sur les armes iraniennes. Il n'est pas nécessaire d'arrêter la contrebande d'armes étasuniennes vers Israël, car il n'y a pas de contrebande : l'énorme flux d'armes est tout à fait public, même s'il n'est pas signalé, comme dans le cas de la livraison d'armes prévue quand le massacre dans la bande de Gaza était en cours.

    La résolution appelait également à « assurer la réouverture totale des points de passage, sur la base de l'Accord sur les Mouvements et l'Accès (AMA) signé en 2005 entre l'Autorité Palestinienne et Israël ». Cet accord stipulait que les accès vers Gaza seraient ouverts de façon continue et qu'Israël permettrait le passage des biens et des personnes entre la Cisjordanie et la bande de Gaza.

    L'accord Rice-Livni n'a rien à voir avec cet aspect de la résolution du Conseil de Sécurité. Les États-Unis et Israël avaient déjà abandonné l'accord de 2005 dans le cadre de leur punition contre le mauvais vote des Palestiniens lors de l'élection libre de janvier 2006. La conférence de presse de Rice après l'accord Rice-Livni a souligné les efforts constants de Washington pour saper les résultats d'une élection libre dans le monde arabe. « Il y a beaucoup à faire », a t-elle dit, « pour sortir Gaza de l'obscurité du règne du Hamas et lui montrer la lumière que peut apporter la très bonne gouvernance de l'Autorité Palestinienne », - c'est-à-dire, ce qu'elle peut apporter tant qu'elle reste un serviteur fidèle, minée par la corruption et résolue à mener à bien une répression sévère, en bref obéissante.

    De retour d'une visite dans le monde arabe, Fawwaz Gerges réaffirma avec force ce que d'autres sur place avaient dit. L'offensive israélo-étasunienne sur la bande de Gaza a exaspéré les populations et suscité une haine amère contre les agresseurs et leurs collaborateurs. « Il suffit de dire que ceux que l'on appelle les États Arabes modérés [ceux qui prennent leurs ordres de Washington] sont sur la défensive, et que le front de résistance mené par l'Iran et la Syrie est le principal bénéficiaire. Une fois de plus, Israël et l'administration Bush ont donné une victoire facile aux dirigeants iraniens ». En outre, « le Hamas va certainement devenir une force politique plus puissante que jamais, qui surpassera sûrement le Fatah, l'appareil de gouvernement de l'Autorité Palestinienne du Président Mahmoud Abbas », le favori de Rice.

    Comme le dit le London Financial Times, il est bon de garder à l'esprit que grâce aux remarquables correspondants d'Al-Jazeera, des émissions de télévision en direct et régulières fournissent une « analyse calme et équilibrée du chaos et de la destruction » et offrent « une alternative sévère aux chaînes hertziennes », ne laissant pas le monde arabe strictement ignorant de ce qui se passe à Gaza. Dans les 105 pays où l'autocensure n'est pas si efficace que chez nous, les gens peuvent voir d'heure en heure ce qui se passe, et l'impact est très grand. Aux États-Unis, le New York Times suggère que « le black-out quasi-total d'Al-Jazeera ... est sans doute lié à sa forte critique du gouvernement des États-Unis au début de la guerre en Irak et à sa couverture de l'invasion américaine ». Rumsfeld et Cheney l'ont contesté, donc de toute évidence les médias indépendants ne pouvaient qu'obéir.

    Il existe un débat très mesuré sur ce que les assaillants espèrent obtenir. Parmi les objectifs qui sont discutés il y a le rétablissement de ce que l'on appelle « la force de dissuasion » qu'Israël a perdu à la suite de ses échecs au Liban en 2006 - c'est-à-dire la capacité de terroriser tout opposant potentiel et de le soumettre. Il existe cependant des objectifs plus fondamentaux qui ont tendance à être occultés, même s'ils semblent assez évidents à la vue de l'histoire récente.

    Israël a quitté Gaza en septembre 2005. Les jusqu'au-boutistes rationnels israéliens, comme Ariel Sharon le saint patron des colons, ont compris l'absurdité de subventionner quelques milliers de colons israéliens illégaux dans les ruines de Gaza, protégés par les IDF, alors qu'ils profitaient de peu de terres, et de ressources limitées. Il était plus logique de faire de Gaza la plus grande prison du monde et de transférer les colons en Cisjordanie, territoire de grande valeur, où Israël est très explicite sur ses intentions, en paroles et évidemment en actes. L'un des buts est d'annexer les terres cultivables, les réserves d'eau, et les agréables banlieues de Jérusalem et de Tel-Aviv, dans l'enceinte du mur de séparation, déclaré illégal mal à propos par la Cour Internationale de Justice. Cela comprend un agrandissement conséquent de Jérusalem, en violation des directives, également mal à propos, du Conseil de Sécurité qui remontent à 40 ans. Israël a également pris le contrôle de la vallée du Jourdain, soit environ un tiers de la Cisjordanie. Ce qui subsiste est encerclé et coupé en trois par des extensions des colonies juives : l'une à l'est du Grand Jérusalem à travers la ville de Ma'aleh Adumim, développée dans les années Clinton pour diviser la Cisjordanie ; et deux au nord, à travers les villes d'Ariel et de Kedumim. Les morceaux qui restent aux Palestiniens sont séparés par des centaines de points de contrôle le plus souvent arbitraires.

    Les points de contrôle n'ont aucun rapport avec la sécurité d'Israël, et si certains sont destinés à protéger les colons, ils sont simplement illégaux, comme l'a statué la Cour Internationale de Justice. En réalité, leur principal but est de harceler la population palestinienne et de fortifier ce que l'activiste israélien pour la paix Jeff Halper appelle la « matrice de contrôle », visant à rendre la vie insupportable aux « bêtes à deux pattes » qui seront comme des « cafards drogués courrant en rond dans une bouteille » s'ils cherchent à rester dans leurs maisons et sur leurs terres. Tout cela est assez juste, car ils sont « comme des sauterelles par rapport à nous », et leurs chefs pourront être « écrasé contre les rochers et les murs ». La terminologie est celle des plus hauts dirigeants politiques et militaires israéliens, les « Princes » vénérés. Et ces attitudes façonnent les politiques.

    Les délires des dirigeants politiques et militaires sont bénins par rapport aux prêches des autorités rabbiniques. Ce ne sont pas des personnalités marginales. Au contraire, elles sont très influentes dans l'armée et chez les colons, que Zertal et Eldar appellent les « Seigneurs de la Terre », et ont un immense impact politique. Les soldats combattant dans le nord de Gaza furent gratifiés d'une visite « charismatique » de deux grands rabbins, qui leur ont expliqué qu'il n'existe pas d' « innocents » à Gaza, que tout le monde y est donc une cible légitime, en citant un célèbre passage des Psaumes priant le Seigneur de saisir les enfants des oppresseurs d'Israël et les jeter contre les rochers. Les rabbins ne marchaient pas en terre inconnue. Un an plus tôt, comme le rapporte le Jérusalem Post, l'ancien chef rabbin Séfarade a écrit au Premier ministre Olmert, l'informant que tous les civils dans la bande de Gaza sont collectivement coupables des tirs roquettes, ainsi il n'y a « absolument aucune interdiction morale au massacre aveugle de civils pendant une éventuelle offensive militaire massive sur la bande de Gaza visant à arrêter les tirs de fusées ». Son fils, grand rabbin de Safed, a surenchéri : « S'ils ne s'arrêtent pas après que nous en ayons tué 100, alors nous devons en tuer 1.000, et s'ils ne s'arrêtent pas après 1.000, alors nous devons en tuer 10.000. S'ils ne s'arrêtent pas, nous devons en tuer 100.000, même un million. Ce qu'il faudra pour les faire cesser. »

    Des points de vue similaires sont exprimés par des personnalités laïques étasuniennes. Quand Israël a envahi le Liban en 2006, le professeur Alan Dershowitz de l'Ecole de Droit de Harvard, a expliqué dans le journal libéral en ligne Huffington Post, que tous les Libanais sont des cibles légitimes de la violence israélienne. Les citoyens du Liban "payent le prix" de leur soutien au « terrorisme » - c'est-à-dire leur soutien à la résistance à l'invasion israélienne. En conséquence, les civils libanais ne sont pas plus protégés des attaques que les Autrichiens qui soutenaient les nazis. La fatwa du rabbin séfarade s'applique à eux. Dans une vidéo sur le site Internet du Jérusalem Post, Dershowitz continua à ridiculiser les propos sur le rapport excessif entre les morts Palestiniens et Israéliens : il doit être porté à 1.000 pour un, dit-il, ou même 1.000 pour zéro, signifiant que les brutes devaient être complètement exterminées. Bien sûr, il se réfère à des « terroristes », une vaste catégorie qui inclut les victimes du pouvoir israélien, car « Israël n'a jamais pour cible des civils », déclara-t-il avec insistance. Il s'ensuit que les Palestiniens, les Libanais, les Tunisiens, ou quiconque se trouve sur le chemin de l'impitoyable armée du Saint État est un terroriste, ou une victime accidentelle de leurs justes crimes.

    Il n'est pas facile de trouver de contreparties historiques à de telles prestations. Il est peut-être instructif qu'elles semblent couler de source dans la culture intellectuelle et morale dominante - quand elles émanent de « notre côté ». Dans la bouche d'ennemis officiels, de tels mots susciteraient une juste indignation et des appels à la vengeance sous forme de violences préventives massives.

    L'affirmation selon laquelle « notre camp » ne vise jamais les civils est une doctrine familière à ceux qui monopolisent les moyens de la violence. Et elle contient une part de vérité. Nous n'essayons pas en général, de tuer des civils déterminés. Au contraire, nos actions sont meurtrières, nous le savons, elles tuent de nombreux civils, mais sans intention spécifique d'en tuer un en particulier. En droit, ces pratiques courantes pourraient relever de la catégorie de non-assistance à personne en danger, mais ce n'est pas une désignation correcte pour la pratique et la doctrine impériale standard. Ce serait plutôt comme marcher dans une rue en sachant que l'on peut tuer des fourmis, mais sans intention de le faire, parce qu'elles sont si insignifiantes que ça n'a pas d'importance. Il en est de même quand Israël effectue des actions sachant qu'il va tuer des « sauterelles » et des « bêtes à deux pattes » qui infestent les terres qu'il « libère ». Il n'y a pas de bon terme pour désigner cette forme de dépravation morale par trop familière et sans doute pire que le meurtre délibéré.

    Dans l'ancienne Palestine, les propriétaires légitimes (par décret divin, selon les « Seigneurs de la Terre ») peuvent décider d'accorder aux cafards drogués quelques parcelles éparses. Pas par droit, cependant : « Je pensais, et à ce jour je crois encore, que notre peuple a un droit éternel et historique sur l'ensemble de cette terre », déclara en soulevant les applaudissements le Premier Ministre Olmert à une session plénière du Congrès en mai 2006. Dans le même temps, il annonçait son programme de « convergence » pour prendre le contrôle de tout ce qui a de la valeur en Cisjordanie, laissant les Palestiniens moisir dans des recoins isolés. Il n'a pas été précis sur les frontières de « l'ensemble du territoire », mais, pour de bonnes raisons, l'entreprise sioniste ne l'a jamais été : l'expansion permanente est une dynamique interne très importante. Si Olmert est toujours fidèle à ses origines dans le Likoud, il peut avoir voulu dire les deux côtés de la Jordanie, y compris l'état actuel de Jordanie, ou tout du moins les régions qui ont de la valeur.

    Le « droit éternel et historique à l'ensemble de la terre » de notre peuple contraste radicalement avec l'absence de tout droit de l'autodétermination pour les habitants temporaires, les Palestiniens. Comme indiqué précédemment, cette dernière position a été réaffirmée, par Israël et son patron à Washington en décembre 2008, dans leur isolement habituel accompagné d'un silence retentissant.

    Les plans esquissés par Olmert en 2006 ont depuis été abandonnés comme insuffisamment ambitieux. Mais ce qui remplace le programme de convergence et les actions qui s'ensuivent quotidiennement pour sa mise en œuvre sont approximativement les mêmes dans leur conception générale. Cela remonte aux premiers jours de l'occupation, lorsque le ministre de la Défense Moshe Dayan expliquait poétiquement que « la situation d'aujourd'hui ressemble à la relation complexe entre un bédouin et la jeune fille qu'il a ravie contre sa volonté ... Vous les Palestiniens, en tant que nation, ne voulez pas de nous aujourd'hui, mais nous allons changer votre attitude en vous imposant notre présence ». Vous allez « vivre comme des chiens, et celui qui partira, partira », tandis que nous prendrons ce que nous voudrons.

    Que ces programmes soient criminels n'a jamais été mis en doute. Immédiatement après la guerre de 1967, le gouvernement israélien a été informé par sa plus haute autorité juridique, Teodor Meron, que « la colonisation civile des territoires administrés contrevenait aux dispositions formulées par la quatrième Convention de Genève », le fondement du droit international humanitaire. Le ministre de la Justice d'Israël en convenait. La Cour Internationale de Justice a approuvé à l'unanimité cette conclusion essentielle en 2004, et la Haute Cour israélienne a approuvé techniquement tout en étant en désaccord dans la pratique, selon son style habituel.

    En Cisjordanie, Israël peut poursuivre ses plans criminels avec l'appui des Etats-Unis et sans être dérangé, grâce à l'efficacité de son contrôle militaire et maintenant grâce à l'aide des forces de sécurité palestiniennes collaborationnistes, armées et entraînées par les États-Unis et les dictatures alliées. Il peut aussi procéder régulièrement à des assassinats et autres crimes pendant que les colons sévissent sous la protection des IDF. Mais, alors que la Cisjordanie a été soumise par la terreur, il y a encore des résistances dans l'autre moitié de la Palestine, la bande de Gaza. Cela aussi doit être réprimé pour que les plans israélo-étasuniens d'annexion et de destruction de la Palestine puissent se développer sans gêne.

    D'où l'invasion de Gaza.

    Le moment de l'invasion a vraisemblablement été influencé par les prochaines élections israéliennes. Dès les premiers jours du carnage, le commentateur israélien Ran HaCohen a calculé qu'Ehud Barak qui reculait fortement dans les sondages a gagné un siège au Parlement pour 40 morts Arabes.

    Cela peut changer cependant. Comme les crimes ont dépassé ce que la campagne de propagande israélienne soigneusement préparée a été en mesure de cacher, même des faucons israéliens avérés se sont inquiétés que le carnage « Détruit l'âme [d'Israël] et son image. Il le détruit sur les écrans de télévision du monde, dans les salons de la communauté internationale et surtout dans l'Amérique d'Obama (Ari Shavit) ». Shavit était particulièrement préoccupé qu'Israël « bombarde une installation des Nations Unies ... le jour où le secrétaire général de l'ONU est en visite à Jérusalem », un acte « au-delà de folie » estima-t-il.

    Pour ajouter quelques détails, cette « installation » était la base de l'ONU dans la ville de Gaza et contenait les entrepôts de l'UNRWA. Selon son directeur John Ging, le pilonnage a détruit « des centaines de tonnes de nourriture et de médicaments d'urgence qui devaient être distribuées aujourd'hui dans les abris, les hôpitaux et les centres d'alimentation ». Les frappes militaires ont aussi détruit les deux étages de l'hôpital al-Qods, et y ont mis le feu, ainsi qu'à un deuxième entrepôt géré par le Croissant-Rouge palestinien. L'hôpital du quartier fortement peuplé de Tal-Hawa a été détruit par les chars israéliens « après que des centaines d'habitants de Gaza terrorisés y eurent trouvé refuge quand les forces terrestres israéliennes sont entrées dans le quartier », a indiqué l'Associated Press.

    Il n'y avait plus rien à sauver à l'intérieur des ruines fumantes de l'hôpital. « Ils ont bombardé le bâtiment, le bâtiment de l'hôpital. Il a pris feu. Nous avons essayé d'évacuer les malades, les blessés et les personnes qui étaient là. Les pompiers sont arrivés et ont éteint le feu, qui a repris de nouveau et ils l'ont de nouveau éteint, et il s'est rallumé une troisième fois », a raconté l'auxiliaire médical Ahmad Al-Haz à l'AP. On soupçonne que l'incendie pourrait avoir été déclenché par le phosphore blanc, également mis en cause dans de nombreux autres incendies et brûlures graves.

    Ces soupçons sont confirmés par Amnesty International après que l'arrêt des bombardements intensifs a permis d'enquêter. Avant, tandis qu'il perpétrait ses crimes dans une fureur sans frein, Israël avait évidemment interdit tout journaliste, même israélien. L'utilisation par Israël de phosphore blanc contre les civils de Gaza est « claire et indéniable », a indiqué Amnesty International. Son utilisation répétée dans des zones civiles densément peuplées « est un crime de guerre », a conclu Amnesty International. Les enquêteurs ont trouvé des éclats de phosphore blanc disséminés dans les bâtiments résidentiels toujours en feu, « mettant en danger d'autres résidants et leurs biens », en particulier les enfants « attirés par les débris d'armes et souvent ignorant des dangers ». Les cibles principales, disent-ils, ont été l'enceinte de l'UNRWA, où le « phosphore blanc est tombé à côté de camions de carburant et a provoqué un immense incendie qui a détruit des tonnes d'aide humanitaire » bien que les autorités israéliennes « avaient assuré qu'aucune nouvelle attaque ne serait lancée sur le complexe ». Le même jour, « un obus au phosphore blanc est tombé sur l'hôpital Al-Qods dans la ville de Gaza causant aussi un incendie qui a obligé le personnel de l'hôpital à évacuer les patients... le phosphore blanc qui tombe sur la peau brûle profondément, jusqu'aux muscles et même aux os, et brûle jusqu'à ce qu'il soit privé d'oxygène ». Qu'ils soient commis intentionnellement ou par indifférence cynique, ces crimes sont inévitables quand une telle arme est utilisée dans des attaques sur les civils.

    Il est toutefois erroné de se concentrer uniquement sur les violations flagrantes par Israël du jus in bello (le Droit pendant la Guerre, en latin), lois destinées à interdire des pratiques trop sauvages. L'invasion elle-même est un crime beaucoup plus grave. Et si Israël avait infligé des terribles dégâts avec des arcs et des flèches, ce serait toujours un acte criminel d'une extrême perversion.

    Une agression a toujours un prétexte : dans ce cas, la patience d'Israël a été « poussée à bout » par les attaques à la roquette du Hamas, comme dit Barak. Mantra répété à l'infini sur le droit d'Israël d'utiliser la force pour se défendre. La thèse est partiellement défendable. Les tirs de roquettes sont criminels et il est vrai qu'un Etat a le droit de se défendre contre des attaques criminelles. Mais il ne s'ensuit pas qu'il a le droit de se défendre par la force. Cela va bien au-delà de tout principe que nous pourrions ou devrions accepter. L'Allemagne nazie n'avait pas le droit d'utiliser la force pour se défendre contre le terrorisme des partisans. La Nuit de Cristal n'est pas justifiée par l'assassinat par Herschel Grynszpan d'un membre de l'Ambassade d'Allemagne à Paris. Les Britanniques n'avaient pas le droit d'utiliser la force pour se défendre contre la (très réelle) terreur des colons américains cherchant l'indépendance, ou pour terroriser les Catholiques irlandais en réponse à la terreur de l'IRA - et quand ils ont finalement appliqué une politique sensée, tenant compte de revendications légitimes, la terreur a pris fin. Il ne s'agit pas de « proportionnalité », mais d'abord du choix de l'action : existe-t-il une alternative à la violence ?

    Tout recours à la force doit s'appuyer sur des arguments indiscutables, et nous devons nous demander si Israël y satisfait en réprimant sans relâche depuis plus de 40 ans toute résistance à ses actions criminelles quotidiennes à Gaza et en Cisjordanie. Peut-être puis-je citer un de mes entretiens à la presse israélienne sur les plans de convergence pour la Cisjordanie annoncés par Olmert : « Les Etats-Unis et Israël ne tolèrent aucune contestation à ces plans, et préfèrent laisser croire - à tort bien sûr - qu' « il n'y a pas de partenaire », tout en continuant à appliquer ces plans depuis longtemps. On peut rappeler que la bande de Gaza et la Cisjordanie sont reconnues comme entité unique, et si la résistance aux programmes israélo-étasuniens d'annexion et de morcellement est légitime en Cisjordanie, il l'est aussi à Gaza ».

    Le journaliste américano-palestinien Ali Abunimah a fait remarquer ; « Il n'y a pas de roquettes tirées sur Israël depuis la Cisjordanie, et pourtant, les exécutions extrajudiciaires par Israël, le vol des terres, les pogroms et les enlèvements par les colons, n'ont jamais cessé un seul jour au cours de la trêve. L'Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas soutenue par l'Occident a accepté toutes les exigences d'Israël. Sous le regard satisfait des conseillers militaires des États-Unis, Abbas a réuni ses « forces de sécurité » afin de lutter contre la résistance au nom d'Israël. Rien de cela n'a épargné un seul Palestinien de Cisjordanie de la colonisation sans relâche d'Israël » - avec l'appui sans faille des États-Unis. Le parlementaire palestinien respecté, le Dr. Mustapha Barghouti, ajoute qu'après la mascarade de Bush à Annapolis en novembre 2007, et sa rhétorique édifiante sur son dévouement à la paix et à la justice, les attaques israéliennes sur les Palestiniens ont fortement augmenté, de près de 50% en Cisjordanie, en même temps que le nombre de colonies israéliennes et les points de contrôle. Il est évident que ces actes criminels ne sont pas une réponse aux roquettes de Gaza, mais que ce pourrait être l'inverse, comme le suggère Barghouti.

    Les réactions aux crimes d'une puissance d'occupation peuvent être condamnées comme criminelles et politiquement insensées, mais ceux qui n'offrent aucune alternative n'ont pas de raisons morales pour émettre de tels jugements. La conclusion vaut particulièrement pour ceux qui aux États-Unis choisissent d'être directement impliqués dans les crimes continus d'Israël - par leurs paroles, leurs actions, ou leur silence. D'autant plus parce qu'il y a très clairement des alternatives non-violentes - qui ont toutefois l'inconvénient d'aller à l'encontre des programmes d'expansion illégale.

    Israël a un moyen évident de se défendre : mettre un terme à ses actions criminelles dans les territoires occupés et accepter le consensus international qui, de longue date, appelle à la coexistence de deux États. Ce règlement a été bloqué par les États-Unis et Israël depuis plus de 30 ans, depuis le premier veto opposé par les Etats-Unis à une résolution du Conseil de Sécurité de 1976 appelant en ces termes un règlement politique. Je ne vais pas une nouvelle fois détailler ce passé peu glorieux, mais il est important d'être conscient que le rejet israélo-étasunien d'aujourd'hui est encore plus flagrant que par le passé. La Ligue arabe est même allé au-delà du consensus qui appelle à la totale normalisation des relations avec Israël. Le Hamas a maintes fois appelé à un règlement à deux États selon ce consensus international. L'Iran et le Hezbollah ont clairement dit qu'ils respecteraient tout accord accepté par les Palestiniens. Cela laisse les États-Unis et Israël dans un splendide isolement, pas seulement verbal.

    Un rappel plus précis est informatif. Le Conseil National Palestinien a accepté officiellement le consensus international en 1988. La réponse du gouvernement de coalition Shamir-Peres, confirmée par le Département d'État de James Baker, est qu'il ne peut y avoir un "État palestinien de plus" entre Israël et la Jordanie - cette dernière étant déjà un Etat palestinien par décret des Etats-Unis et d'Israël. Les accords d'Oslo qui ont suivi ont écarté toute possibilité pour des Droits Nationaux Palestiniens. La menace qu'ils puissent être obtenus sous une quelconque forme a été systématiquement écartée pendant l'année de négociation des Accords d'Oslo, par l'expansion constante et illégale des colonies de peuplement d'Israël. Colonisation qui s'accéléra en 2000, dernière année au pouvoir du Président Clinton et du Premier ministre Barak, pendant les négociations de Camp David qui se tinrent avec le même sous-entendu.

    Après avoir blâmé Yasser Arafat pour la rupture des négociations de Camp David, Bill Clinton se rétracta et reconnut que les propositions des États-Unis et d'Israël étaient trop extrémistes pour les Palestiniens. En décembre 2000, il a présenté ses « mesures », vagues mais plus ouvertes. Il a ensuite annoncé que les deux parties avaient accepté les mesures, alors que toutes deux avaient exprimé des réserves. Les deux parties se sont rencontrées à Taba en Egypte en janvier 2001 et ont été très proches d'un accord, qu'elles auraient pu conclure en quelques jours, ont-ils déclaré dans leur dernière conférence de presse. Mais les négociations ont été annulées prématurément par Ehud Barak. Cette semaine à Taba est la seule pause en plus de 30 ans dans le rejectionisme américano-israélien. Il n'y a aucune raison pour que cela ne puisse se produire à nouveau.

    La version préférée, rappelée récemment par Ethan Bronner, est que « Beaucoup à l'étranger se souviennent de M. Barak comme le Premier Ministre qui en 2000 est allée plus loin que n'importe quel dirigeant israélien dans les offres de paix aux Palestiniens. Mais il faut voir comment l'accord a capoté et a dégénéré dans un violent soulèvement palestinien, en l'excluant du pouvoir ». Il est vrai que « beaucoup à l'étranger » croient à ce conte de fées trompeur, grâce à ce que Bronner et un trop grand nombre de ses collègues appellent le « journalisme ».

    Il est communément admis qu'une solution à deux États est désormais inaccessible, parce que si l'armée israélienne tentait d'expulser les colons, cela conduirait à une guerre civile. C'est peut-être vrai, mais d'autres arguments sont nécessaires. Sans recourir à la force pour expulser les colons illégaux, l'armée israélienne pourrait simplement se retirer dans les frontières établies par les négociations. Les colons au-delà de ces frontières auraient le choix entre quitter leurs maisons subventionnées pour retourner en Israël, ou y rester sous autorité palestinienne. Le schéma était identique lors de la mise en scène soignée du « traumatisme national » dans la bande de Gaza en 2005, si grossièrement trompeuse qu'elle fut raillée par les commentateurs israéliens. Il aurait suffi à Israël d'annoncer que les IDF se retiraient, pour que les colons subventionnés pour profiter de leur vie dans la bande de Gaza montent discrètement dans les camions mis à leur disposition pour se rendre à leur nouvelle résidence subventionnée en Cisjordanie. Mais cela n'aurait pas produit les images tragiques d'enfants angoissés ou d'exaltés criant « plus jamais ça ».

    En résumé, contrairement à l'affirmation constamment répétée, Israël n'a pas le droit d'utiliser la force pour se défendre contre les roquettes de la bande de Gaza, même si elles sont considérées comme des crimes terroristes. En outre, les raisons sont transparentes. Le prétexte pour le lancement de l'attaque est sans fondement.

    Une question plus précise doit être posée. Israël a-t-il des alternatives pacifiques à court terme à l'utilisation de la force en réponse aux roquettes tirées de Gaza ? L'une d'elles serait d'accepter un cessez-le-feu. Israël l'a parfois fait, mais il l'a instantanément violé. Le plus récemment en juin 2008. Le cessez-le-feu prévoyait l'ouverture des frontières pour « permettre le transport de toutes les marchandises qui avaient été interdites ou limitées dans la bande de Gaza ». Israël a formellement accepté, mais a immédiatement annoncé qu'il ne respecterait pas l'accord ni l'ouverture des frontières jusqu'à ce que le Hamas libère Gilad Shalit, un soldat israélien capturé par le Hamas en juin 2006.

    Les roulements de tambour continus à propos de la capture de Shalit sont encore une fois une hypocrisie flagrante, même en oubliant qu'Israël a une longue histoire d'enlèvements. L'hypocrisie ne peut être plus flagrante que dans ce cas. La veille de la capture de Shalit par le Hamas, des soldats israéliens sont entrés dans la ville de Gaza et ont enlevé deux civils, les frères Muammar, les emmenant en Israël rejoindre les milliers d'autres prisonniers détenus là-bas sans aucune charge, près de 1.000. L'enlèvement de civils est un crime beaucoup plus grave que la capture d'un soldat d'une armée attaquante, mais de cela on ne parle jamais, seulement et toujours de la fureur provoquée par l'enlèvement de Shalit. Et tout ce qui reste en mémoire, la cause du blocage de la paix, c'est la capture de Shalit, un autre exemple de la différence entre les humains et les bêtes à deux pattes. Shalit doit être rendu - au cours d'un juste échange de prisonniers.

    C'est après la capture de Shalit que les attaques militaires implacables d'Israël contre Gaza, de simplement vicieuses, sont devenues vraiment sadiques. Mais il faut rappeler que même avant la capture, après son retrait en septembre, Israël a tiré plus de 7.700 obus sur le nord de Gaza, ne suscitant pratiquement aucun commentaire.

    Après le rejet du cessez-le-feu de juin 2008 qu'il avait officiellement accepté, Israël a maintenu son siège. Pouvons-nous rappeler qu'un siège est un acte de guerre. En fait, Israël a toujours insisté sur un principe encore plus fort : entraver l'accès au monde extérieur, même par un siège partiel, est un acte de guerre justifiant la violence massive en réponse. Les entraves à son passage par le détroit de Tiran ont fait partie des prétextes d'Israël pour envahir l'Égypte (avec la France et l'Angleterre) en 1956, et pour son entrée en guerre en juin 1967. Le siège de Gaza est total, pas partiel, à part quelques exceptions quand, selon leur bon vouloir les occupants le relâchent un peu. Et il est beaucoup plus préjudiciable à Gaza que la fermeture du détroit de Tiran l'était pour Israël. Les partisans de la doctrine et des actions israéliennes ne devraient donc avoir aucun problème à justifier les attaques à la roquette sur le territoire israélien depuis la bande de Gaza.

    Bien sûr et encore, nous sommes confrontés au principe infirmatif : nous c'est nous, eux c'est eux.

    Israël non seulement a maintenu le siège après juin 2008, mais il l'a fait avec une extrême rigueur. Il a même empêché l'UNRWA de reconstituer ses stocks, « de sorte que lorsque le cessez-le-feu a pris fin, nous avons manqué de nourriture pour les 750.000 personnes qui dépendent de nous », a déclaré le directeur de l'UNRWA John Ging à la BBC.

    Malgré le siège israélien, les tirs de roquettes ont fortement diminué. Le cessez-le-feu a été rompu le 4 novembre par un raid israélien dans la bande de Gaza entraînant la mort de 6 Palestiniens, et des tirs de roquettes en représailles (aucune victime). Le prétexte invoqué pour justifier le raid était qu'Israël avait repéré un tunnel dans la bande de Gaza qui pourrait servir à capturer un autre soldat israélien. Comme un certain nombre de commentateurs l'ont noté, le prétexte est totalement absurde. Si ce tunnel existait et atteignait la frontière, Israël aurait pu facilement le boucher à cet endroit. Mais comme d'habitude, le faux prétexte israélien a été jugé crédible.

    Quelle a été la vraie raison de l'attaque israélienne ? Nous n'avons pas d'éléments de preuve sur les plans d'Israël, mais nous savons que le raid est intervenu peu avant des entretiens prévus entre le Fatah et le Hamas au Caire, visant à « aplanir leurs divergences et à créer un gouvernement unifié », signale le correspondant britannique Rory McCarthy. Ce devait être la première rencontre Fatah-Hamas depuis la guerre civile de juin 2007 qui a donné le contrôle de la bande de Gaza au Hamas, et cela aurait été une étape importante pour la diplomatie. Israël a une longue histoire de provocations en vue de dissuader la menace diplomatique, certaines ayant déjà été mentionnées. Ceci en est sûrement une autre.

    La guerre civile qui a laissé le contrôle de la bande de Gaza au Hamas est communément décrite comme un coup d'Etat militaire du Hamas, ce qui démontre à nouveau sa nature diabolique. Le monde réel est un peu différent. La guerre civile a été organisée par les États-Unis et Israël, dans une grossière tentative de coup d'Etat pour renverser le Hamas, porté au pouvoir par des élections libres. Cela est connu du public au moins depuis avril 2008, quand David Rose a publié dans Vanity Fair un rapport détaillé et documentée sur la façon dont Bush, Rice, et le sous-conseiller pour la sécurité nationale Elliott Abrams « ont soutenu la force armée aux ordres de l'homme fort du Fatah Muhammad Dahlan, déclenchant une guerre civile sanglante dans la bande de Gaza et en laissant le Hamas plus fort que jamais ». Ce rapport a été récemment confirmé dans le Christian Science Monitor (12 janvier, 2009) par Norman Olsen, qui a travaillé 26 ans aux Affaires Etrangères, dont quatre dans la bande de Gaza et quatre autres à l'ambassade américaine à Tel-Aviv, puis est devenu coordinateur associé pour le contre-terrorisme au Département d'Etat. Olson et son fils détaillent les manigances du Département d'État destinées à assurer que leur candidat, Abbas, gagne les élections de janvier 2006 - ce qui aurait été salué comme un triomphe de la démocratie. Après ce bidouillage raté des élections, ils se sont tournés vers la répression des Palestiniens et l'armement d'une milice dirigée par l'homme fort du Fatah Mohammed Dahlan. Mais « les voyous de Dahlan ont agi trop tôt » et une action préventive du Hamas a fait échouer la tentative de coup d'Etat, menant à des mesures bien plus sévères de la part des Etats-Unis et d'Israël pour punir la désobéissance du peuple de Gaza. La Ligne du Parti est plus crédible.

    En novembre, après qu'Israël a rompu le cessez-le-feu de juin 2008 (quoiqu'il ait été), le siège a été encore renforcé, avec des conséquences encore plus désastreuses pour la population. Selon Sara Roy, une des meilleures spécialistes universitaires de la bande de Gaza, « Le 5 novembre, Israël a fermé tous les points de passage dans la bande de Gaza, réduisant considérablement, et parfois refusant, le passage de vivres, de médicaments, de carburant, de gaz de cuisine, et de pièces détachées pour l'adduction et l'assainissement de l'eau... Au cours de novembre, une moyenne de 4,6 camions de nourriture est entrée chaque jour d'Israël à Gaza comparée à 123 camions par jour en octobre. L'entrée de pièces de rechange pour la réparation et l'entretien des équipements d'eau a été refusée pendant plus d'un an. L'Organisation Mondiale de la Santé vient d'indiquer que la moitié des ambulances de la bande de Gaza est hors service » - les autres sont rapidement devenus des cibles pour les attaques israéliennes. La seule centrale électrique de Gaza a été contrainte de suspendre son activité, faute de carburant, et ne peut pas être démarrée par manque de pièces de rechange, en attente dans le port israélien d'Ashdod depuis 8 mois. La pénurie d'électricité a conduit à une augmentation de 300% des cas de brûlures à l'hôpital Shifaa dans la bande de Gaza, dues à l'utilisation de feux de bois. Israël interdit le passage du chlore, de sorte que d'ici à la mi-décembre, l'accès à l'eau dans la ville de Gaza et au nord a été limité à six heures tous les trois jours. Les pertes humaines induites ne sont pas comptabilisées dans les victimes palestiniennes de la terreur israélienne.

    Après l'attaque israélienne du 4 novembre, la violence a augmenté des deux côtés (tous les morts sont palestiniens) jusqu'à ce que le cessez-le-feu prenne officiellement fin le 19 décembre et que le Premier Ministre Olmert autorise l'invasion à grande échelle.

    Quelques jours plus tôt, le Hamas avait proposé de revenir à l'accord de cessez-le-feu de juillet, qu'Israël n'avait pas respecté. Robert Pastor, historien et ancien haut fonctionnaire de l'administration Carter a transmis la proposition à un « haut fonctionnaire » de l'armée israélienne, mais Israël n'a pas répondu. Au contraire, le chef du Shin Bet, l'organisme de sécurité intérieure d'Israël, cité le 21 décembre par des sources israéliennes, a dit que le Hamas est prêt à poursuivre la « trêve » avec Israël, alors que son aile militaire poursuit ses préparatifs de guerre.

    « Il y avait clairement une alternative à l'approche militaire pour arrêter les tirs de roquettes », a déclaré Pastor, s'en tenant à la question restreinte de la bande de Gaza. Il y avait aussi une alternative de bien plus grande portée mais rarement évoquée : l'acceptation d'un règlement politique incluant tous les territoires occupés.

    Le haut correspondant diplomatique d'Israël Akiva Eldar, rapporte que peu de temps avant qu'Israël lance son invasion à grande échelle, le samedi 27 décembre, « le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaal avait annoncé sur le site Internet Iz al-Din al-Qassam, qu'il était prêt, non seulement à un « arrêt de l'agression » mais proposait de revenir à l'arrangement de Rafah de 2005, avant que le Hamas ne remporte les élections et ne s'empare de la région. Cet arrangement prévoyait que les points de passages seraient supervisés conjointement par l'Egypte, l'Union européenne, la présidence de l'Autorité palestinienne et le Hamas », et comme indiqué précédemment, a appelé à l'ouverture de passages pour les denrées faisant cruellement défaut.

    Une des revendications des apologistes les plus simplistes de la violence israélienne est que dans le cas de l'attaque actuelle, « comme dans de nombreux autres cas dans le dernier demi-siècle - la guerre au Liban de 1982, le « gant de fer » qui répond à l'Intifada de 1988, la guerre au Liban de 2006 - les Israéliens ont réagi à des actes intolérables de terreur avec la volonté d'infliger des douleurs atroces, pour donner une leçon à l'ennemi » (David Remnick, éditeur du New Yorker). Comme cela a déjà été mentionné, l'invasion de 2006 ne peut être justifiée que par un cynisme épouvantable. La réponse vicieuse à l'Intifada de 1988 est trop amorale pour être discutée ; une interprétation bienveillante pourrait être qu'elle reflète une étonnante ignorance. Mais l'explication de Remnick de l'invasion de 1982 est tellement fréquente, une réussite remarquable de propagande ininterrompue, qu'elle mérite quelques rappels.

    Sans aucun doute, la frontière israélo-libanaise a été calme pendant un an avant l'invasion israélienne, au moins à partir du Liban vers Israël, du nord au sud. Toute l'année, l'OLP a scrupuleusement observé un cessez-le-feu appuyé par les Etats-Unis, en dépit de constantes provocations israéliennes, y compris des bombardements faisant de nombreuses victimes civiles, probablement destinées à susciter des réactions qui pourraient être utilisées par Israël pour justifier une invasion planifiée avec soin. Israël n'a obtenu que deux petites répliques symboliques. Il a alors lancé l'invasion avec un prétexte trop absurde pour d'être pris au sérieux.

    L'invasion n'a effectivement rien à voir avec des « actes intolérables de terrorisme », mais avec des actes intolérables de diplomatie. Cela n'a jamais été un mystère. Peu après que l'invasion soutenue par les Etats-Unis ait commencé, le meilleur spécialiste universitaire des Palestiniens en Israël, Yehoshua Porath - qui n'est pas une colombe - a écrit que la réussite d'Arafat à maintenir le cessez-le-feu constitue « une véritable catastrophe aux yeux du gouvernement israélien » car elle ouvre la voie à un règlement politique. Le gouvernement espérait que l'OLP recourrait au terrorisme, affaiblissant la menace qu'il puisse devenir « un partenaire légitime de négociations pour de futurs accords politiques. »

    Les faits ont été bien compris en Israël, et non dissimulés. Le Premier ministre Yitzhak Shamir a déclaré qu'Israël avait opté pour la guerre parce qu'il y avait « un terrible danger ... pas tant militaire que politique », incitant l'excellent satiriste israélien B. Michael à écrire « l'excuse boiteuse d'un danger militaire, ou d'un danger tout court, pour la Galilée est morte ». Nous « avons effacé le danger politique » en frappant les premiers et à temps. Maintenant, « Dieu merci, il n'y a plus personne à qui parler ». L'historien Benny Morris a reconnu que l'OLP avait observé le cessez-le-feu, et a expliqué que « le caractère inévitable de la guerre était l'OLP en tant que menace politique sur Israël, et la volonté d'Israël de garder les territoires occupés ». D'autres encore ont franchement reconnu ces faits incontestés.

    En première page dans un article de réflexion sur la dernière invasion de Gaza, le correspondant du New York Times, Steven Lee Meyers, écrit que « D'une certaine manière, les attaques sur Gaza rappellent le pari qu'Israël avait pris, et en grande partie perdu, au Liban en 1982 [quand] il l'a envahi pour éliminer la menace des forces de Yasser Arafat ». Correct, mais pas dans le sens auquel il pense. En 1982, comme en 2008, les attaques ont été nécessaires pour éliminer la menace d'un règlement politique.

    L'espoir de la propagande israélienne était que les intellectuels et les médias occidentaux achèteraient l'histoire qu'Israël n'avait fait que réagir à une pluie de roquettes sur la Galilée, « intolérables actes de terrorisme ». Et ils n'ont pas été déçus.

    Ce n'est pas qu'Israël ne veuille pas la paix, tout le monde veut la paix, même Hitler la voulait. La question est : à quelles conditions ? Depuis ses origines, le mouvement sioniste a compris que pour atteindre ses buts, la meilleure stratégie serait de retarder un règlement politique, tout en construisant des faits sur le terrain. Même les quelques accords, comme ceux de 1947, ont été conçus par la direction sioniste comme des étapes provisoires pour poursuivre l'expansion. La guerre du Liban de 1982 a été un exemple spectaculaire de la peur extrême de la diplomatie. Elle a été suivie par le soutien d'Israël au Hamas afin de saper l'OLP laïque et ses initiatives de paix irritantes. Un autre exemple qui devrait être familier est constitué par les provocations israéliennes avant la guerre de 1967 - au moins 80% des incidents, selon le ministre de la Défense Moshe Dayan - visant à déclencher une réponse syrienne qui aurait pu être utilisée comme prétexte à la violence et à la conquête d'autres terres.

    L'histoire remonte loin en arrière. L'histoire officielle de la Haganah, la force militaire d'avant l'Etat Juif, raconte l'assassinat en 1924 du poète juif religieux Jacob de Haan, accusé d'avoir conspiré avec la communauté juive traditionnelle (la vieille Yichouv) et le Haut Comité Arabe contre les nouveaux immigrants et leur entreprise de colonisation. Et il y a eu de nombreux exemples depuis.

    L'effort pour retarder un compromis politique a toujours eu un sens parfait, de même que les mensonges qui l'accompagnent sur le « manque de partenaire pour la paix ». Il est difficile d'imaginer une autre façon de contrôler la terre où vous êtes indésirable.

    Des raisons semblables sous tendent la préférence d'Israël pour l'expansion plutôt que pour la sécurité. Sa violation du cessez-le-feu le 4 novembre 2009 en est l'un des nombreux exemples récents.

    Une chronologie d'Amnesty International montre que le cessez-le-feu de juin 2008 avait « apporté d'énormes améliorations dans la qualité de vie des habitants de Sderot et d'autres villages israéliens près de Gaza, où auparavant les gens vivaient dans la crainte des prochains tirs de roquettes palestiniens. Toutefois, à proximité, dans la bande de Gaza, le blocus israélien reste en place et la population n'a pas encore vu les bénéfices du cessez-le-feu ». Mais les gains en matière de sécurité pour les villes d'Israël près de la bande de Gaza ont été manifestement dépassés par le besoin de dissuader les initiatives diplomatiques qui pourraient entraver l'expansion en Cisjordanie et d'écraser toute résistance résiduelle en Palestine.

    La préférence pour l'expansion sur la sécurité a été particulièrement manifeste depuis la décision fatale d'Israël en 1971. Soutenu par Henry Kissinger, il a rejeté l'offre du président d'Egypte Sadate, d'un traité de paix global qui n'offrait rien aux Palestiniens - un accord que les Etats-Unis et Israël ont été obligés d'accepter à Camp David, huit ans plus tard, après une guerre qui fut presque un désastre pour Israël. Un traité de paix avec l'Egypte aurait mis fin à toute menace à la sécurité, mais il y avait un quiproquo inacceptable : Israël aurait dû abandonner ses vastes programmes de peuplement dans le nord-est du Sinaï. La sécurité était, et est toujours, une priorité moindre que l'expansion. Des preuves évidentes de cette conclusion sont fournies par l'étude magistrale sur la sécurité et la politique étrangère d'Israël « Défense de la Terre Sainte », par Zeev Maoz.

    Aujourd'hui, Israël pourrait avoir la sécurité et des relations normalisées et intégrées dans la région. Mais il préfère clairement l'expansion illégale, les conflits, et l'exercice répété de la violence. Actions qui ne sont pas seulement criminelles, meurtrières et destructrices, mais qui sapent sa propre sécurité à long terme. Le spécialiste militaire des Etats-Unis et du Moyen-Orient Andrew Cordesman écrit qu'Israël peut être sûr de sa force militaire pour écraser la bande de Gaza sans défense. Mais il ajoute, « ni Israël ni les États-Unis ne peuvent profiter d'une guerre qui produit une réaction [amère] de l'une des voix les plus sages et les plus modérées du Monde Arabe, celle du Prince Turki al-Fayçal d'Arabie Saoudite, qui a dit le 6 janvier : « Avec ces massacres et effusions de sang d'innocents dans la bande de Gaza, l'administration Bush a laissé [à Obama] un héritage déplorable et une position dangereuse ... Assez, c'est assez ! Aujourd'hui nous sommes tous des Palestiniens et nous recherchons le martyre pour Dieu et pour la Palestine, en mémoire de ceux qui sont morts dans la bande de Gaza ».

    Une des voix les plus sages en Israël, celle d'Uri Avnery, dit qu'après la victoire militaire israélienne, « Une cicatrice restera dans la conscience du monde, l'image d'un monstre taché de sang, Israël, prêt à chaque instant à commettre des crimes de guerre et à refuser toute contrainte morale. Cela aura de graves conséquences pour notre futur, notre position dans le monde et nos chances de parvenir à la paix et au calme. En fin de compte, cette guerre est aussi un crime contre nous-mêmes, un crime contre l'État d'Israël ».

    Il y a de bonnes raisons de croire qu'il a raison. Israël est délibérément en train de devenir le pays le plus haï au monde. Israël est aussi en train de perdre la confiance de l'Occident, y compris celle des jeunes Juifs américains qui sont peu susceptibles de tolérer encore longtemps ses crimes choquants. Il y a quelques décennies, j'ai écrit que ceux qui se déclarent « partisans d'Israël » sont en réalité des partisans de sa dégénérescence morale et de sa destruction probable. Malheureusement, ce jugement semble de plus en plus crédible.

    Pendant ce temps, nous observons tranquillement un événement rare dans l'histoire, ce que le défunt sociologue israélien Baruch Kimmerling appelait « politicide », le meurtre d'une nation - à notre porte.

    Par Noam Chomsky

    20 janvier 2009

    Traduction par Laurent EMOR pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

    http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7972

  11. Une bonne chose ce qui est dit, tout à fait d'accord. Imaginons par contre qu'un non-juif ait dénoncé ces vérités (raison pour laquelle j'ai retiré certains mots du texte), cela serait-il passé ? ... L'aurait-on trainé plus bas que terre devant un tribunal, accusé des pires sous-entendus entre Israël et un passé proche de l'Histoire ?

    Certainement qu'une partie de "l'intelligentia" acquise à la cause du sionisme aurait utilisé ce positionnement pour la dénoncé comme de "l'antisémitisme rampant ou larvé". l'aveuglement idéologique ne connait pas de limite. Mais heureusement, il existe des personnes en capacité de discerner les faux semblant de part et d'autres.

  12. je suis un futur cheminot et je suis d'accord avec elle! Moi au moin je ne pense pas a rentré a la SNCF juste pour me casser a 50 piges. De toute façon c'est fini il faudra bien un jour travaillé plus longtemp sinon vous n'aurez qu'une petite retraite!

    Moi je dis Bravo ! MÔssieur est un champion !

    même pas encore cheminot et déjà la communauté à dos : du grand art ! Si si j'insiste, c'est pas tous les jours que l'on voit un "espoir" de ce calibre.

    Un conseil, évite de dire de telles âneries à tes futurs collègues si tu parvient à rentrer dans la famille, je crois que ce serait fort mal perçu et qu'il y aurait des risques de dérapages.

    Mais costaud comme tu es tu va sans doute rentrer directement cadre sup ce qui t'évitera de fréquenter le populo, qui ne voit pas que son intérêt est de "travailler plus pour gagner moins".

    Au plaisir que tu révise ton préjugé, faute de quoi je préfère ne pas croiser ton chemin.

  13. Parfait pour relancer un débat entres syndicats... Tentez de rester courtois quand même dans la suite de la discussion !

    Edit : et de rester dans le sujet d'origine si possible, qui concerne l'agression d'un conducteur.

    Gom

    pas pour un débat juste pour rire un bon coup, oui j'aurais pu faire une nouveau topic mais bon celui-ci parlais de st lazare. mais si tu veux couper pour faire une nouveau sujet vas y :Smiley_57:

  14. j'ai trouvé cela c'est trop drôle ! :Smiley_57:

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    La gare Saint-Lazare sous les bombes !!!

    de Jean-Pierre Martin

    C'est à 20h12 précises que l'état major français a lancé son offensive "Ballast durci" contre la gare Saint-Lazare à Paris. L'objectif déclaré est de faire cesser les agissements "irresponsables " de l'organisation terroriste SUD-Rail. Un déluge de bombes s'est ainsi abattu sur la gare, et le trafic a été complètement interrompu. On compte d'ores et déjà de nombreuses victimes civiles. Hervé Morin se targuait ce soir d'une réussite complète :"Les objectifs ont été atteints. Le local de SUD-Rail a été détruit et la machine à café est en miettes". Le ministre de la défense a d'ailleurs confirmé qu'il fallait s'attendre à "une guerre longue et douloureuse".

    La presse unanime dans sa dénonciation du terrorisme

    Une réunion de crise s'était tenue ce jeudi à l'Élysée pour étudier toutes les possibilités de riposte aux dernières provocations des terroristes de SUD. C'est finalement l'opération militaire qui a été retenue. "En tant que président de la République, je ne peux pas accepter qu'une organisation syndicale irresponsable casse le service public et bafoue l'intérêt des usagers du service public en fermant la deuxième gare de France, sans prévenir personne" a asséné Nicolas Sarkozy, n'hésitant pas déformer la réalité pour justifier sa guerre. En effet, c'est la direction de la SNCF qui avait décidé de la fermeture de Saint-Lazare mardi en réaction à la grève terroriste de SUD.

    Tenir !!

    Le président a en réalité saisi le prétexte de cette attaque surprise pour régler définitivement son compte au syndicalisme de combat français. Toute sa stratégie de communication repose sur la "légitime défense" de l'usager. Il impute à SUD une rupture du cessez-le-feu, que son gouvernement avait largement bafoué ces derniers mois en imposant une privatisation rampante de la SNCF et en organisant sciemment la dégradation des conditions de travail des cheminots et de la sécurité des usagers. Le gouvernement tablait ainsi sur une réaction violente de SUD qui justifierait a posteriori une guerre préparée de longue date.

    Car il est notoire que le chef de l'état n'attendait que l'étincelle susceptible d'embraser la situation afin de pouvoir appliquer un plan de bataille prêt depuis mai 2007. Depuis deux ans ainsi, Nicolas Sarkozy et son état-major préparent les Français à la guerre en menant une campagne de propagande sans précédent. Il a fallu mettre en œuvre d'ingénieux moyens (réductions des effectifs de maintenance, refonte des horaires) pour dégrader petit à petit les conditions de circulation des trains et imputer "les galères" des usagers aux seules grèves. Or, les dites grèves ne sont responsables que de 2% des retards et autres annulations. On mesure ainsi le tour de passe-passe magistral qui permet aujourd'hui au gouvernement d'être suivi par une majorité de Français. Ainsi, les syndicats réformistes saluent le courage de Nicolas Sarkozy, comme François Chérèque qui déclarait ce soir :"Les agissements de SUD sont quasiment inadmissibles. C'est une forme de harcèlement dont les premières victimes sont les usagers ".

    Un des objectifs : liquider cheikh Mahieux

    Malgré tout, le pari tenté par Nicolas Sarkozy est risqué. Car si la population soutient l'éradication du terrorisme syndical, le carnage provoqué ce soir par les bombes au phosphore à Saint-Lazare peut bouleverser l'opinion. Des voix s'élèvent déjà pour dénoncer la réponse "disproportionnée" de l'armée française contre un mouvement "démocratiquement élu". Pour contrecarrer les images de corps décharnés qui tournent en boucle à la télévision, l'Élysée a missionné des parlementaires et des intellectuels sur les plateaux télévisés. Ainsi, Bernard-Henri Lévy s'offusquait "du soutien apporté par une frange haineuse de la gauche à une organisation terroriste comme SUD. Il s'agit de sauver les usagers, les cheminots de la CGT, de la CFDT qui sont pris en otage, qui à l'heure où je vous parle servent de bouclier humain dans les allées de Saint-Lazare. Oui c'est un carnage, mais c'est un combat juste. La France a le droit de se défendre".

    La bataille menée par Nicolas Sarkozy s'inscrit dans une guerre idéologique globale contre le terrorisme syndical. L'objectif est de porter le coup fatal aux derniers bastions de défense des salariés. "Les salariés méritent mieux que des syndicats irresponsables pour les défendre" répète à l'envi le président français. Il tient à promouvoir un syndicalisme réformiste, à l'image de la CFDT, pour pacifier les relations et mettre ainsi fin à une guerre qui dure depuis 60 ans. S'adressant aux Français en ces heures difficiles, Nicolas Sarkozy s'est présenté en héraut de la paix : "Cette guerre patrons/salariés n'a que trop duré. Cette bataille décisive doit nous permettre d'ouvrir une ère de paix sociale. Ce n'est pas une guerre contre les salariés mais pour eux".

    La paix est possible !

    Et au coeur de cette actualité tragique, certains gestes nous font croire au rêve de la paix et de la réconciliation : la CFDT a signé l'accord sur l'assurance-chômage.

    http://onsefechier-anatic6.blogspot...

  15. J'ai pas condamné la lutte de SUD ( et des autres ) ou bien je me suis mal exprimé, je veux juste dire que le GVT en place va essayer de nous en pousser un bout de plus, tu saisis ce que je veux dire, alors là il faudra faire bloc mais avec tous les creuvards qu'il y a , ça me fout un peu les jetons !

    j'avais bien compris que tu avait compris, j'ai juste eu peur que tu ne pense que les luttes que les OS de lutte vont mener avec les salariés en utilisant les failles de la loi amène le gouvernement à modifier la loi dans un sens encore plus répressif.

    De toute façon le pouvoir n'accepte la contestation, que lorsqu'elle ne remet pas en cause son propre pouvoir. alors qu'il modifie la loi s'il en a envie cela ne peut que permettre une prise de conscience supplémentaire.

    L'on peut remettre des poids sur le couvercle, rien n'empêchera la marmite d'exploser s'il n'y à pas de soupape de sécurité !

    Il ne reste juste qu'à expliquer aux "crevards" tout l'intérêt qu'ils ont à voir les choses un peu plus loin que leur simple petite personne.

  16. C'est possible que le "monde syndical" paye le prix des luttes qu'il mène ! et alors ?

    l'objectif du "monde syndical" est-il de rester dans les bornes que veux lui imposer le pouvoir de droite comme de gauche ?

    Ne faudra t-il maintenant agir que dans un cadre contraint ? Ou l'action que l'on mène ne doit pas gêner la production et juste servir de soupape de sécurité pour faire finalement accepter aux salariés les efforts que le système économique leur demande ?

    Un système qui n'accepte la contestation que quand elle n'est que de pure forme et ne remet pas en cause sa domination est-il vraiment démocratique ? Ne doit on accepter que la possibilité de changement de système économique que par la voie élective de la démocratie représentative formelle qui gouverne nos vies ? Sans remettre en cause le principe "par le peuple pour le peuple" ne peut on pas secouer le cocotier pour que le peuple soit véritablement entendu ?

    Alors oui il faut choisir entre syndicalisme réformiste d'accompagnement et le syndicalisme de lutte, de transformation sociale. Plus nos luttes amènent le pouvoir à contester et à essayer de contraindre l'exercice du droit de grève et plus la nature répressive du système est lisible par tous.

  17. BONJOURS A TOUS,

    sachant que les CA (congé annuel ) sont a prendre normalement avant le 31 décembre ,coment ca se passe si on arrive pas a poser la totalité des ca avant le 31 mars ?

    peut on les reporter apres mars ou peuvent ils etre payé?

    merci cest histoire d'info!

    tu doit réglementairement poser l'ensemble de tes 28 congés avant le 31 décembre, et une partie de ces absences doit comprendre 15 congés pris consécutivement ( avec les repos encadrant ça fait plus ou moins 23 jours, les protocolaires c'est quand on prend cette période entre le 1er mai et le 31 octobre ).

    bref, la CPS t'accorde ou te refuse tes demandes d'absences en te redonnant le coupon réponse de la demande. tu n'as théoriquement le droit de déborder de l'année en cours sur le premier trimestre suivant qu'avec des congés "posé et refusé" d'où l'importance des talons réponses comme justificatifs à postériori. Ceux qui n'ont pas été posé avant le 31 décembre peuvent être payé arbitrairement par l'entreprise. mais celle-ci n'aime pas trop cela et cherche plutôt par l'intermédiaire de l'ex PS5 décliné maintenant en IN à les imposer dans les périodes creuses du premier trimestre.

    Pour les congés qui légalement ont le droit de déborder le 31 décembre ( ceux refusés avec talons officiel ), un planning de leur utilisation doit être mis en œuvre dès le début janvier, une fois l'accord trouvé avec la direction sur les dates ceux -ci ne peuvent plus bouger. Ces congés ne sont pas prioritaire par rapport à des demandes de congés de l'année en cours, c'est pour cela qu'on vous les refusera bien souvent dans les périodes de vacances scolaires. A défaut de trouver une entente c'est le paiement, mais là encore la direction tente l'imposition arbitraire en arguant du règlement sus-nommé.

    Il existe des cas de débord après le 31 mars mais là on est hors cadre réglementaire.

    Le mieux est quand même de tout prendre avant le 31 décembre et de ne pas se les faire payer, car cela influe sur la production. j'ai fait tout cela de mémoire, vérifie quand même dans les 2 règlements que j'ai cité dans mon premier post.

  18. Lis le RHOOO1 ( statut ) et le RH0143 ( congés ) pour tous ces détails

    tu les trouvera sur intranet dans le "système de prescription", "règlement en vigueur tout état" faire dérouler le menu jusqu'à RH et en dessous taper le numéro dans la case

  19. Avec la nouvelle loi sur la représentativité, les petites centrales sont condamnées à s'unir ou à mourir.

    Divorcer avant même de s'être mariée, c'est ce que vient de décider la CFE-CGC en retirant à son président, Bernard Van Craeynest, son mandat pour négocier un rapprochement avec l'Unsa (Union nationale des syndicats autonomes). Officiellement, une simple suspension des opérations, les cadres… du syndicat des cadres exigeant davantage d'information sur la fusion en préparation. Mais en réalité, c'est toute la stratégie de Bernard Van Craeynest - surnommé BVC - qui est remise en cause, et lui-même semble extrêmement déstabilisé.

    «C'est le début de la fin de la fusion avec l'Unsa», assurent plusieurs participants au vote où BVC a été mis en minorité. Depuis le début, toute une aile de la CFE-CGC était réticente à cette idée, craignant que la centrale des cadres, assez implantée dans le privé, perde son âme en ne formant plus qu'un avec l'Unsa, «généraliste» mais surtout présente dans le public. La progression (+ 1,27 %) de la CFE-CGC aux prud'homales de décembre et la reconquête de la première place du collège Cadres, au détriment de la CFDT, n'ont fait que les encourager. Certaines fédérations ou syndicats d'entreprise CFE-CGC ne se sont pas gênés, depuis plusieurs mois, pour nouer d'autres alliances.

    Car, pour les petits syndicats comme la CGC, il y a danger. L'alternative est simple : grossir, ou mourir. D'où la démarche de BVC et de son homologue de l'Unsa, Alain Olive. C'est la conséquence des nouvelles règles du jeu syndical, votées cet été. Pour être représentatif dans une entreprise et avoir le droit de négocier des accords au nom des salariés, un syndicat devra désormais recueillir 10 % des voix aux élections d'entreprise. La CFTC est, elle aussi, menacée : elle ne passe pas aujourd'hui cette barre dans les entreprises publiques (La Poste, SNCF, RATP…) et est peu présente dans le privé.

    Pression patronale

    Il ne faudrait pas pour autant croire que CGT, CFDT et FO sont exemptes de toute évolution. Si leur existence n'est pas menacée au niveau interprofessionnel, à la SNCF, la CFDT et FO ne dépassent pas la barre des 10 %. À la RATP, seules la CGT et l'Unsa affichent des scores supérieurs à 10 %.

    Autre révolution en marche, la modification de la validité des accords. Depuis le 1er janvier, pour être valide, un accord doit être signé par des syndicats représentant au moins 30 % des salariés et ne pas recevoir l'opposition d'une coalition de centrales pesant 50 % des voix. Même si le Medef et la CGPME l'ont approuvée, cette modification ne plaît pas non plus à tous les employeurs ! Certains signent depuis des décennies avec de tout petits syndicats des accords engageant l'ensemble des salariés… C'est la deuxième explication au coup de frein de la fusion CGC-Unsa. De sources concordantes, des patrons de la construction et de la métallurgie ont fait comprendre à leurs interlocuteurs de la CGC tout le mal qu'ils pensaient de la fusion avec l'Unsa, qu'ils ne connaissent pas. Les vieilles habitudes ont la vie dure.

    http://www.lefigaro.fr/economie/2009/01/22...la-zizanie-.php

  20. Ca fait du bien de voir un usager/client qui ne réagit pas comme un consommateur stressé, esclave de la servitude volontaire que cela induit, qui pense au lieu de simplement réagir.

    Je comprend les inconvénients au quotidien que causent les incidents sur le réseau et les grèves, je comprend le stress qui en résulte.Mais j'ai du mal à comprendre que la plupart soient incapable de prendre du recul par rapport à la vie qu'ils mènent et de voir que les inconvénient que tous nous subissons sont la résultantes de nos choix économiques et politiques.

    Enfin merci d'être venu nous soutenir.

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