Retraites - Bombe à retardement

[Dom Le Trappeur]

Retraites:

le COR tire le signal d'alarme

Par Emmanuel GeorgesPicot AP - 22/11/2007 - 15h PARIS -

Le conflit sur la réforme des régimes spéciaux n'est pas terminé que déjà se profile le rendez-vous de 2008 pour l'ensemble des retraites. La situation financière du régime général est plus dégradée que prévu, constate le Conseil d'orientation des retraites (COR) dans un rapport remis jeudi à François Fillon.

Selon les nouvelles projections du COR pour 2020, basées sur les chiffres publiés l'an dernier par l'INSEE, le besoin de financement du système de retraite sera de l'ordre d'un point de PIB, soit 24,8 milliards d'euros. Le rapport explique cette situation par le déséquilibre croissant entre le nombre des actifs et des retraités. On dénombrait 182 cotisants pour 100 retraités en 2006, et la nouvelle prévision est de 121 cotisants pour 100 retraités en 2050.

Dans ses projections précédentes, qui remontent à 2005, le COR évaluait le besoin de financement du régime général à 0,8 point de PIB en 2020.

A court terme, les comptes de la branche vieillesse sont eux aussi plus dégradés que prévu: 4,6 milliards d'euros de déficit en 2007 et 5,7 milliards en 2008. Le COR attribue cet écart à l'arrivée à l'âge de la retraite des générations du baby-boom, et au succès du dispositif de départ anticipé pour carrière longue institué par la réforme de 2003.

Le rapport juge décevants les résultats des mesures prises depuis 2003 pour favoriser l'emploi des seniors, une des clés du financement des retraites. La France possède toujours un des plus faibles taux d'emploi des 55-64 ans de l'Union européenne avec 37,8%, pour une moyenne de 42,5% dans l'UE en 2005.

La baisse générale du chômage, autre paramètre essentiel, n'est pas plus assurée. Le COR qualifie de "scénario volontariste" le taux de chômage à 4,5% en 2015, qui reste privilégié par le rapport. Dans l'hypothèse d'un taux de chômage de 7%, le besoin de financement atteindrait 1,4 point de PIB en 2020.

Le rapport est en revanche plus optimiste pour 2050. Sans recette supplémentaire, le besoin de financement atteindrait tout de même à cette date 68,8 milliards d'euros, soit 1,7% du PIB. Le rapport 2005 évaluait ce besoin de financement à 3,1% du PIB. L'amélioration s'explique par les nouvelles prévisions démographiques, qui tablent sur une population de 70 millions d'habitants en France en 2050.

Quant au taux de remplacement (rapport entre la première pension touchée par le retraité et le dernier revenu d'activité), il diminuerait de 10 points entre la génération née en 1938 et celle de 1985. Un employé du secteur privé né en 1938 touche 83,6% de son dernier salaire, alors que la génération 1985 percevra 73,5% de son revenu d'activité à son départ à la retraite en 2050.

Le rapport aborde prudemment les solutions possibles pour rééquilibrer le système. Le scénario envisagé en 2003 d'une hausse des cotisations vieillesse compensée par une baisse des cotisations chômage sera rendu "plus difficile", estime le COR, "si le chômage ne diminue pas suffisamment ou si le redéploiement des cotisations Unedic ne s'effectue pas comme prévu".

Le COR évoque, sans faire de proposition précise, l'apport de ressources nouvelles, les transferts de recettes ou la maîtrise des dépenses. "Il ne s'agit pas de préparer une nouvelle réforme mais d'examiner, à l'occasion du rendez-vous de 2008, les moyens de faire face à l'évolution des perspectives du système de retraite", a expliqué jeudi son président Raphaël Hadas-Lebel.

Le rapport rappelle notamment que la question de l'allongement de la durée de cotisation de 40 ans à 41 ans "donnera lieu à discussion dans le cadre du rendez-vous de 2008".

Le COR a remis ce rapport dans le cadre de la préparation de ce rendez-vous l'an prochain prévu par la réforme Fillon. Le gouvernement doit remettre un rapport au Parlement avant le 1er janvier.

Pour le Parti socialiste, le "constat implacable" du COR "signifie l'échec financier de la réforme Fillon 2003". Le PS "réitère sa demande de taxation sérieuse et rigoureuse des stocks options et d'inventaire des niches sociales". AP