Invité necroshine Publication: 2 octobre 2008 Publication: 2 octobre 2008 (modifié) http://aubin.blogs.nouvelobs.com/archive/2...-l-attaque.html Caténaires : dla SNCF passe à l'attaque Sortant de sa réserve, la SNCF a récemment revendiqué auprès de RFF la contribution indispensable à remettre les caténaires en état, et à les adapter aux contraintes imposées par la hausse des trafics. L'entreprise publique estime qu'une somme de 50 millions d'euros supplémentaires par an est nécessaire à la maintenance, auxquels devrait s'ajouter 150 millions de plus au titre de la mise à niveau. Lors d'une récente réunion du Comité d'Etablissement Infrastructures, j'avais demandé au dirigeant SNCF présent d'avoir le courage d'exprimer enfin ouvertement et sur la place publique les besoins financiers indispensables à la remise en état des installations… …plutôt que de dissimuler la misère derrière une énième perspective de réorganisation de la SNCF ou du système ferroviaire. Concours de circonstances ou voeu enfin exaucé ? La SNCF se fait soudain entendre. Rien n'indique à ce jour que RFF, lesté d'une dette de 28 milliards héritée du désengagement de l'Etat de la cause ferroviaire, donnera une suite favorable. Mais j'estime que la SNCF a franchi un grand pas en replaçant les responsabilités où elles sont véritablement. Revenons-en, d'une manière plus terre à terre, à l'état des infrastructures ferroviaires et à celui des caténaires en particulier. La multiplication des incidents sur le réseau ne peut encore étonner que les aveugles ou quelques disciples de la politique de l'autruche. La dégradation des installations de traction électrique est la conséquence, bien prévisible, d'un certain nombre de facteurs : baisse drastique des opérations de maintenance, baisse des moyens matériels et humains destinés à l'entretien, mise en oeuvre d'une politique du risque calculé. En résumé, baisse des investissements. Interrogée ce matin, une équipe de « caténairistes » dont certains ont plusieurs dizaines d'années d'expérience, lève immédiatement le doute sur la cause réelle des récents incidents : « aujourd'hui, on tire le matériel au maximum de ses possibilités. Dans les années 80, on parlait de révisions intégrales de la caténaire ». Aujourd'hui, l'entreprise procède à des « vérifications périodiques ». Des contrôles qui, selon les spécialistes, ne portent que sur certains tronçons de ligne et dans des conditions de fiabilité très dégradées en regard des anciennes pratiques. Car il fut un temps ou toute vérification de caténaire portait sur l'ensemble de la structure. Le procédé était empirique, mais efficace. Juchés sur de grandes échelles roulant sur les rails et poussées à mains nues (lorrys), les cheminots examinaient les caténaires sous toutes les coutures et remplaçaient systématiquement l'ensemble des éléments victimes d'une usure qu'ils jugeaient trop importante. Aujourd'hui, le même examen se fait à bord d'un « camion bulle », un véhicule qui roule à 15 km/h sur les rails mais dont la vitesse de déplacement ne permet plus de détecter l'ensemble des défauts. D'ailleurs, quand bien même des anomalies seraient découvertes, elles ne seraient plus systématiquement redressées. Autre temps, autres moeurs ! « Ce qui compte pour RFF, c'est la hauteur et le désaxement, le reste, RFF s'en fout » martèle un cheminot. En clair, la caténaire doit être bien réglée, peu importe son état, même s'il est proche de la décrépitude avancée. « Notre chef souhaite un remplacement de 25 % des pièces usagées. Un fois ce quota atteint, la caténaire reste dans l'état » indique un autre. D'ailleurs, s'il existe des règles imposant une périodicité dans les vérifications, elles ne sont guère respectées : « nous avons un retard de 8 mois sur le programme » indique un caténairiste qui souligne la chute des effectifs de sa « brigade » : « en 1980, nous étions 27. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que 11 pour couvrir la même superficie ». Autre effet pervers de cette saignée dans les effectifs, une qualité de caténaire très hétéroclite sur une même ligne. A l'époque, l'installation électrique faisait l'objet d'une remise en état sur de grandes longueurs. Aujourd'hui, les mêmes parcours font l'objet de rafistolages par endroit, de remise à neuf sur d'autres sections, et de maintien en l'état sur d'autres tronçons. Le opérations de redressement des incidents ne sont plus, elles non-plus, suivies systématiquement d'une remise en conformité de la caténaire. Un cheminot signalait qu'une réparation temporaire effectuée dans l'urgence n'avait toujours pas fait d'une remise en état définitive … quatre années après l'événement ! Et quant aux suites données aux signalements d'anomalies par des agents, celles-ci sont des plus aléatoires. Et l'entreprise prend donc ouvertement le risque d'être confrontée à un incident caténaires… avec les conséquences que l'on peut imaginer. Alors, on pourrait espérer qu'après avoir adopté sciemment une politique du risque calculé, l'entreprise allait se doter des moyens lui permettant de redresser au plus vite de tous ces incidents bien prévisibles ? En fait, c'est tout le contraire, avec la nouvelle organisation des astreintes effective depuis le début de l'année. Pour économiser quelques bouts de chandelles, le nombre d'agents d'astreinte a fortement chuté. Conséquence : impossible de réagir avec l'efficacité et la rapidité d'antan. Là où une équipe de 5 personnes pouvait régler un petit incident, une équipe de 2 personnes ne peut plus rien faire dans 80 % des cas… sauf reconnaitre le dérangement et appeler du renfort. Alors que les caténairistes les plus anciens avaient pour obligation de résider à moins de 3 km de leur lieu de travail, les agents sollicités peuvent se situer à 100, voire à 150 km du lieu de l'incident ! Autre source de perte de temps, les agents en renfort ne connaissent pas les installations sur lesquelles ils sont appelés à intervenir, pas plus que l'itinéraire à emprunter pour se rendre sur les lieux de l'incident. Et c'est ainsi que des dérangements qui pouvaient jadis être relevés en 2 heures sont parfois redressés en plus de 8 heures ! Je ferai l'impasse sur les défaillances en équipement de rechange, les risques que cette organisation impose à des agents qui côtoient du 25 000 volts, le stress des cheminots qui interviennent parfois en pleine nuit sur des installations qu'ils n'ont jamais vues de leur vie… Alors, à l'annonce d'une SNCF devenue brusquement revendicative sur la remise à niveau de ses caténaires, je ne peux que me réjouir. Et il va sans dire que si les fonds nécessaires étaient récoltés, l'organisation de la maintenance devrait renouer dans l'urgence avec le bon sens… Une notion sans doute trop perdue de vue dans notre société. Modifié 2 octobre 2008 par necroshine
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