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Le Web des Cheminots

Le 5 Avril 1794.....................


Invité Gnafron 1er

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Georges Jacques Danton,

né le 26 octobre 1759 à Arcis-sur-Aube et mort le 17 germinal an II (5 avril 1794) à Paris, est un homme politique et révolutionnaire français.

Ministre de la justice après le 10 août, député à la Convention, premier président du comité de salut public, il est considéré comme l'un des acteurs principaux de la Révolution française. Même si son rôle dans le déclenchement de la Révolution a été contesté, beaucoup d'historiens le décrivent comme « le responsable du renversement de la monarchie et l'instaurateur de la Première République française ».

Il fut guillotiné par le parti de l'exagération sous la Terreur révolutionnaire, incarné par Bertrand Barère de Vieuzac, Jean-Marie Collot d'Herbois et Billaud-Varenne pour avoir réclamé des préliminaires de paix avec les États disposés à reconnaître la République française et s'être montré favorable à la pacification de la Vendée exsangue, ce que ses ennemis ont appelé de l'indulgence. On le condamna sans débats équitables, quasiment à huis-clos, en faisant valoir son modérantisme prétendument contre-révolutionnaire et son enrichissement personnel non prouvé dans l'exercice de sa mission en Belgique.

Période précédant la Révolution

Georges Jacques Danton, appartenait à une famille d'ascendance paysanne. Cinquième enfant de Jacques Danton (1722-1762), procureur et huissier royal[3], et de sa seconde épouse, Jeanne-Madeleine Camut (1729-1813)[4], fille d'un maître-charpentier. Le 24 février 1762, son père mourut, laissant une veuve enceinte et sept orphelins, dont quatre enfants en bas âge. Alors qu'il était enfant, un taureau lui donna un coup de corne qui lui arracha la lèvre, dont il garda une difformité à la lèvre supérieure. Plus tard, comme il était doué d'une grande force, il se fit écraser le nez par un coup de corne en voulant lutter contre un taureau. Enfin, il contracta dans sa jeunesse la vérole, dont il conserva des traces sur le visage. L'enfant fut élevé par une nourrice tandis que sa mère se remariait en 1770 avec un marchand de grains, Jean Recordain.

En 1772, quittant l'école et la régence latine d'Arcis-sur-Aube, Georges Danton fut envoyé au petit séminaire de Troyes et, jusqu'à la classe de rhétorique (1775), il suivit les cours du collège des Oratoriens de cette même ville. C'est là qu'il se lia d'amitié avec Jules François Paré et Edme-Bonaventure Courtois qui lui restèrent fidèles.

En 1780, alors que la crise frappait les métiers de Troyes et d'Arcis, il renonça au commerce et à l'état ecclésiastique, partant pour Paris où il se fit engager comme clerc chez un procureur (équivalent de notre avoué) - Jean-Baptiste François Vinot - qui l'employa de 1780 à 1787. Il se rendit en 1784 à la faculté de droit de Reims, formalité qui lui permit d'obtenir une licence, puis regagna Paris comme avocat stagiaire.

Après avoir prêté serment, il s'inscrivit au barreau de Paris, mais ne plaida pas souvent. Toujours à court d'argent - il avait la réputation d'être un bon vivant -, il fréquentait les lieux à la mode, et surtout les cafés, où l'on commentait les nouvelles du jour. Outre le fait d'y côtoyer de nombreux futurs révolutionnaires, il y rencontra sa future femme, Antoinette-Gabrielle Charpentier, fille de Jérôme-François Charpentier, patron du café de l'École, dans le quartier de Saint-Germain l'Auxerrois, qui aurait également acheté une charge de contrôleur des Fermes. Les Charpentier, très aisés, étaient connus et avaient de nombreuses relations à Paris, ce qui n'était pas sans intérêt pour un jeune avocat. Ils recevaient des écrivains parmi lesquels Fontanes et sa compagne Adélaïde Dufresnoy, que Danton connut donc fort bien à cette époque. Un des fils Charpentier, Jérôme, devait épouser le 25 avril 1793 Marie-Constance Blondelu, une jeune femme peintre extrêmement brillante qui fréquenta l'atelier de Jacques-Louis David. C'est à cette jeune femme peintre que l'on doit plusieurs portraits de membres des familles Danton et Charpentier.

Ayant obtenu la main de Mademoiselle Charpentier et convenu de la dot - la somme importante de 20 000 livres, dont une obligation de 15 000 livres, il reçut une aide financière substantielle de ses tantes maternelles, et c'est ainsi que, le 29 mars 1787, il acheta la charge d'avocat aux conseils de maître Huet de Paisy moyennant 78 000 livres, dont 10 000 livres pour le corps de l'office et 68 000 livres pour le prix de la pratique énoncée dans l'acte de ventees. L'esprit tranquille, Georges Danton convola le 14 juin 1787. De sa femme pour laquelle il eut une vraie passion, Danton eut quatre enfants dont deux lui survécurent, Antoine et François-Georges Danton..

La Révolution

Les débuts sur la scène politique et l'accession au pouvoir

Statue de Danton sculptée par Auguste Paris, carrefour de l'Odéon ParisEn juillet 1789, il s'enrôla dans la garde bourgeoise du district des Cordeliers où il demeurait, cour du commerce où habitaient plusieurs de ses relations futures.

Depuis le début de la Révolution, il était entré en relation avec un certain nombre de députés dont Mirabeau qui avait la réputation d'un fougueux révolutionnaire et qui se servit de lui comme intermédiaire, agent ou, peut-on dire homme de main, entre l'Assemblée nationale constituante et les premières assemblées populaires. Il fit donc connaissance, dès cette époque, avec les amis politiques de Mirabeau, dont Talleyrand, qui recevait ordinairement chez sa sœur Mme de Lasteyrie du Saillant. C'est aussi en 1789 qu'il retrouva le jeune avocat de Guise, Camille Desmoulins, qui était admis dans le cercle des familiers du duc d'Orléans auquel certains - Mirabeau et Talleyrand en tête - pensèrent un temps pour occuper les fonctions de Lieutenant général du Royaume et exercer une forme de régence. Mais le duc d'Orléans n'avait pas les capacités d'un chef de parti et il s'en remettait trop largement à son entourage.

Danton et les premiers clubs révolutionnaires

Avec les Orléanistes, Danton ne fut pas étranger aux mouvements populaires, savamment dirigés, des des 5 et 6 octobre dont le but était d'installer Louis XVI et sa famille à Paris. Cet acte d'une grande portée symbolique, fut évidemment regardé comme un crime de lèse-majesté et fut sévèrement poursuivi dans le cadre d'une instruction diligentée par le Châtelet de Paris.

En octobre 1789, Danton se présentait et se fit élire président du district des Cordeliers (dans le quartier de l'École de Médecine). Ce district où il se fit d'ailleurs réélire quatre fois de suite, s'était fait remarquer pour son radicalisme et son indépendance par rapport à l'administration centrale représentée par le trop tiède maire de Paris Bailly. Quand les districts furent supprimés, Danton fut au centre d'une sorte de « triumvirat » composé de ses plus fidèles amis Paré, son premier clerc, et l'auteur dramatique Fabre d'Églantine, que rejoignirent le journaliste Camille Desmoulins, Fréron, le prote et journaliste Brune, et le riche boucher Louis Legendre et avec eux co-fondateur le club des Cordeliers. Il y conserva une considérable influence jusqu'à l'époque de la Convention, mais, dès le début de la Révolution, il avait commencé à fréquenter assidument le club des Jacobins, dont la composition initiale, en 1790, était modérée de tendance réformatrice: les choses devaient changer après le 20 juin 1791 et c'est d'ailleurs Danton qui fut l'un des auteurs de la scission qui se produisit au sein des Jacobins, scission qui portait sur le projet républicain et qui entraîna la création du club des Feuillants de tendance monarcho-constitutionnelle.

Populaire et convoité

En avril 1790, Danton avait gagné en popularité grâce à la procédure de prise de corps engagée contre lui par le Comité des Recherches de l'Assemblée constituante qui l'accusait d'avoir protégé Marat recherché. Les poursuites s'enlisèrent. Sa renommée grandit vite et, en juillet 1790, il se porta candidat à la mairie de Paris contre Bailly. Il échoua, mais six mois plus tard, le 31 janvier 1791, il fut élu administrateur du département de Paris. Il siégea peu et n'exerça aucune influence Comme Mirabeau - qui accepta que Louis XVI lui rachète ses dettes[26] -, Danton fut approché par le parti de la Cour et aurait accepté de vendre une part de son influence dans les clubs, ainsi qu'il ressort d'une lettre du 10 mars 1791 adressée par Mirabeau à son ami le comte de Lamarck.. Mirabeau s'y insurgeait de ce que Danton, bien qu'il eût reçu 30 000 livres de Montmorin, eût l'audace d'écrire un article, sous le couvert de Camille Desmoulins, dans lequel il demandait que l'Assemblée mît à l'ordre du jour la loi sur les biens d'émigrés que Mirabeau voulait faire enterrer. L'ancien ministre de la Marine Bertrand de Molleville, à qui La Fayette fait écho dans ses Mémoires, a affirmé en 1802, dans ses Mémoires, qu'il aurait passé un marché avec Montmorin, ministre des Affaires étrangères, qui lui aurait ainsi offert 100 000 écus par l'intermédiaire du sieur Jean-Baptiste Léonard Durand, ancien commis de l'administration Turgot et directeur des établissements français au Sénégal puis membre des Jacobins.. Si, pour Bertrand il s'agissait de 100 000 écus, pour d'autres, comme La Fayette, il s'agissait de 100 000 livres, ce qui n'est pas la même chose, correspondant largement à la valeur de la charge d'avocat de Danton, charge vénale qu'il était en cours de liquidation. Il aurait ainsi pris discrètement, sur certains sujets, le parti de la Cour en entraînant à ses vues ses amis politiques qui souscrivaient les yeux fermés à tout ce qu'il disait: pendant un temps, soutient Albert Mathiez qui a épluché avec beaucoup d'approximations et des interprétations trop aléatoires pour de la comptabilité sérieuse, les comptes et la fortune de Danton., celui-ci eut un masque, celui d'un homme qui cherche à concilier ses affaires privées avec son devoir de responsable politique. Il sera intéressant un jour de voir en quoi les interventions de Danton ont tant que cela favorisé le parti de la cour.

Danton, grâce à sa taille, à sa voix et à son intelligence remarquables, se faisait applaudir pour son extraordinaire talent d'orateur - et de démagogue inspiré - dans les clubs populaires, surtout aux Cordeliers où il était en pays ami, et par ses sorties aussi brillantes que foudroyantes portées en 1791 contre les Constitutionnels Lameth, Barnave et consorts.

Il dérangeait beaucoup de monde et les agents d'influence du ministère britannique à Paris, en la personne de Augustus Miles et de Hugh Elliot l'approchèrent, comme ils le firent avec Mirabeau, qui avait été un membre éminent du très sensible comité diplomatique. Mais Danton, certes affairiste et roublard de réputation, n'a jamais répondu aux avances des émissaires de William Pitt. Après Varennes, il sortit de son flottement idéologique et consolida sa réputation de patriote en prenant part, de façon assez tiède néanmoins, à la rédaction de la pétition qui devait être présentée à la signature au Champ de Mars.

Le projet républicain

Le 20 juin 1791, notamment, jour de la fuite du roi, Danton prononçait aux Jacobins une diatribe contre le général La Fayette, qui était présent à cette séance mais ne possédait aucun talent d'orateur. Celui-ci n'ignorait rien des tractations de Danton avec la cour, mais ne pouvait le dénoncer sans compromettre le ministre Montmorin à l'origine de la corruption de Danton. Après la fuite du roi, il abandonna aux Cordeliers l’impulsion du mouvement républicain et se borna à proposer aux Jacobins un «conseil à l’interdiction » de la personne royale. C'est probablement là un des résultats de la corruption de Danton par Montmorin. A partir de ce moment, il se dégagea résolument de l'influence de la Cour.

Le 16 juillet 1791, il soutint publiquement le principe de la pétition jacobine réclamant la déchéance du roi et dont, semble-t-il, Choderlos de Laclos fut l'inspirateur et lui-même l’un des co-auteurs.

Décrété la veille de la signature de la pétition, de prise de corps avec d'autres agitateurs comme lui, dont son ami Fréron, menacé de sanctions pénales, il dut quitter Paris dans la précipitation et se réfugia à Arcis-sur-Aube et non en Angleterre. Il fut accueilli par son ami et complice Courtois.

Cependant lors de la signature de la pétition du Champ-de-Mars par laquelle les Parisiens en grand nombre étaient venus pour demander la destitution du roi et l'établissement d'une république, une provocation venue d'on ne sait où - des tirs isolés sur la garde commandée par La Fayette - entraîna une riposte et, dans le feu nourri, des citoyens et citoyennes pétitionnaires, présents dans la foule, furent blessés ou tués. On releva au moins une quarantaine de victimes.

Une amnistie permit à Danton de rentrer à Paris. Écarté de la députation à l’Assemblée législative, il se fit élire plutôt difficilement, le 7 décembre 1791, au poste de second substitut du procureur de la Commune, en place de Cahier de Gerville. Le jour de son installation, le 20 janvier 1792, il prononça un remarquable discours dans le sens monarchiste constitutionnel.

Cependant, l’« athlète de la liberté » s’occupait rondement de ses affaires privées : ayant vendu son office avec profit, au-delà de sa valeur, dit-on, à un prête nom de Montmorin, il procéda dès le mois de mai 1791 à des achats de biens nationaux dans la région de Troyes dans l'aube. Son acquisition principale a porté sur la ferme de Nuisement à Chassericourt dont il se rendit adjudicataire le 24 mai 1791 moyennant 45 790 livres. Le 12 avril suivant, il faisait acheter en son nom par Jacques Jeannet-Bourcier, pour 6 300 livres de terre au Chêne, dépendant du (prieuré du Chêne). Enfin le 10 novembre 1792, il achetait, directement cette fois, au prix de 1 424 livres, d'autres terains au Chêne. S'il a acheté des propriétés en Île-de-France, notamment à Choisy comme le soupçonne sans preuves Albert Mathiez, il aurait eu recours à son beau-père qui effectivement a toujours soutenu son ménage, de même que les tantes maternelles de Danton qui étaient des femmes riches. Mais, on n'en sait guère plus, si ce n'est que Danton était simple locataire d'un appartement situé dans la maison d'un citoyen Fauvelle à Choisy.

Danton resta apparemment en dehors du débat sur la guerre qui opposa Robespierre et Brissot. En revanche il exerça une certaine influence sur le procureur Manuel et le maire de Paris Pétion qu'il soutint lorsque celui-ci fut suspendu. L'annonce du renvoi du ministère girondin lui fit reprendre son rôle de tribun du peuple: le 18 juin, il demanda que la Fayette fût mandé à la barre de l'assemblée. Mais à la journée du 20 juin 1792, jour de l’invasion des Tuileries par la foule venue protester contre le veto suspensif du roi aux mesures d’exception proposées par les ministres girondins, il resta, comme Marat, à l'écart. Il suivit - plus qu’il ne guida - dans sa section du Théâtre-Français, les préparatifs de la journée du 10 août au cours de laquelle les Tuileries furent envahies, le roi déchu par l'Assemblée nationale et la famille royale incarcérée au Temple.

Le ministre et les massacres

A la veille de l’insurrection du 10 août, il avait annoncé à Clavières, ministre des contributions publiques, que le tocsin allait sonner. Il se présenta le 10 à la maison commune - l’Hôtel de Ville - et fut maintenu dans ses fonctions de substitut à la Commune dite du 10 août.

Les Girondins qui avaient besoin de lui pour revenir au calme, le firent nommer au ministère de la Justice, et il put imposer son ascendant au Conseil exécutif provisoire qui venait d’être créé. A l'annonce de l'avancée des Prussiens en Champagne, il galvanisa l'ardeur de ses concitoyens, entraînant de nombreux enrôlements volontaires[45]. Il ne parvint pas à empêcher les exagérations du Comité de surveillance de la Commune et un doute plane sur son rôle dans les journées noires du 2 au 9 septembre 1792. La question est controversée car le sceau du ministère de la justice accompagnait, paraît-il, la circulaire du 3 septembre signée par Louis-Etienne Panis, Pierre Jacques Duplain et Jean-Paul Marat, laquelle pourrait avoir été apposée après coup, à son insu, peut-être au lendemain du 3 septembre.

Certains auteurs hostiles à la Révolution ou à Danton qui l'incarne largement, comme Bertrand de Molleville, dans ses célèbres Mémoires sur la Révolution, et l'historien Albert Mathiez dans ses différents essais et articles où il est abusivement noirci, ont voulu voir son influence directe et sa pleine responsabilité dans les massacres de septembre, formes acerbes que, ni lui ni ses proches, n'approuvèrent. La question est de savoir si Danton pût organiser les massacres à l'insu de son collègue Jean Marie Roland, ministre de l'intérieur qui, bien que l'ayant très critiqué très sévèrement dans ses notes, ne le désigne pas comme instigateur du projet. Il prit d'ailleurs ses distances avec plusieurs des auteurs des massacres, du moins ceux que les Girondins poursuivirent. Ainsi le 25 septembre, lorsqu'il rejeta, à l'assemblée, les accusations d'entente avec Jean-Paul Marat qui avaient été portées contre lui par Louvet: « L'on a parlé de dictature, de triumvirat, dit-il; cette imputation ne doit pas être vague et indéterminée: celui qui l'a faite doit la signer... Je suis prêt à vous retracer le tableau de ma vie publique. Depuis trois ans, j'ai fait tout ce que je crois devoir faire pour la liberté. Pendant la durée de mon ministère, j'ai employé toute la vigueur de mon caractère et j'ai apporté dans le Conseil toute le zèle et toute l'activité du citoyen embrasé de l'amour de la patrie. Il existe, il est vrai, dans la députation de Paris, un homme dont les opinions sont, pour le parti républicain, ce qu'étaient pour le parti royaliste celles de Royou : c'est Marat ! Assez et trop longtemps j'ai été accusé d'être l'auteur des écrits de cet homme ! J'invoque le témoignage du citoyen qui nous préside (Jérôme Pétion) ; votre président a lu la lettre menaçante qui m'a été adressée par ce citoyen; il a été témoin d'une altercation qui a eu lieu à la mairie entre lui et moi; mais j'attribue ces exagérations aux persécutions que ce citoyen a éprouvées; je crois que les souterrains (du couvent des Cordeliers) dans lesquels il a été renfermé ont ulcéré son âme. »

D'un autre côté, le massacre des ministres Montmorin et de Lessart, l'intérêt manifeste porté par Danton pour les papiers trouvés sur eux et qu'il fit, dans le cas de Valdec de Lessart, remettre par Fournier l'Américain à la Commune plutôt qu'à la Convention, a pu laisser planer un doute sur son degré d'implication dans les massacres: on sait en effet que beaucoup de révolutionnaires bon teint qui avaient accepté de l'argent de la Cour - le plus connu est Antoine Joseph Santerre, principal responsable des tueries avec Panis, Duplain et Marat -, redoutaient très fort la publicité qui pourrait être faite, après le 10 août, sur leur prévarications passées, dans le cadre d'une procédure, même extraordinaire, avec témoins, défense, pièces à conviction et débats publics. Mais hypothèse n'est pas preuve. Danton, comme Roland, ministre de l'intérieur dont c'était la tâche, n'a, comme le maire Pétion, pas pu empêcher les massacres dont la non exécution dépendait uniquement de Santerre, commandant de la Garde nationale, disposant d'un bras armé suffisant pour disperser en un clin d'oeil les trois cents tape-dru de Stanislas Maillard.

Il reste que Danton fut le témoin privilégié et autorisé des prévarications des membres de la Commune du 10 août autour du trouble Sulpice Huguenin, premier président du conseil général de la Commune du 10 août, aventurier et voleur mis en service par Jean-Nicolas Pache, et, notamment, l'avocat « exagéré » Billaud-Varenne qui, entré au Comité de salut public un an plus tard, entreprendra d'abattre Danton pour de mauvaises raisons.

Négociations avec la Prusse

« Ministre du peuple », Danton a incarné jusqu’à Valmy, qui fut une victoire diplomatique autant que militaire, l'« audace » nécesssaire pour canaliser les débordements de l'après-10 août, préserver l'unité nationale et fonder la République. Une des plus importantes décisions prise en conseil, par Lebrun et Danton qui avait une influence prépondérante dans les réunions du Conseil exécutif fut la décision de négocier avec la Prusse. Au lieu de poursuivre les hostilités, les émissaires français envoyés sur le front et jusque dans l'entourage du roi de Prusse eurent pour mission de favoriser les conditions à un détachement de la Prusse de la coaltion. Lebrun envoya son nouveau directeur de département Benoit d'Angers auprès de la comtesse de Lichetenau pour sonder les intentions du roi. Quant à Danton, il avait deux émissaires, le député Jean-Louis Carra[52] et le général Westermann qui établirent la liaison entre Paris et le général Dumouriez entré lui-même en négociation directe avec Brunswick, ,

Élu second des députés de Paris, il abandonna ses fonctions au ministère de la justice et se consacra au suivi des campagnes militaires en Belgique menées par le général Dumouriez, avant que celui-ci ne vienne goûter quatre jours à sa popularité à Paris. cependant des plaintes et des désertions laissaient supposer que le moral des troupes françaises était menacé, faute d'approvionnements corrects. Danton demanda et obtint de la Convention d'être envoyé sur place pour constater les besoins réels de l'armée du nord. Dumouriez de retour en Belgique se plaignit à grands cris du mauvais approvisionnement en vivres et fournitures diverses (« Il faut, écrivait-il au ministre de la guerre Pache le 30 novembre 1792, que je sois maître de mes moyens, je n'ai ni pain, ni argent ni fourrages... Si cet état de chose n'est pas changé, je donne ma démission dans huit jours ». Danton partit le 30 novembre alors que débutait le procès de Louis XVI sur le cours duquel il joua néanmoins un rôle très important.

Le député et la tête du roi déchu

Georges-Jacques Danton. Gravure du XIXe siècle d'après un dessin de Louis David tirée du Livre des Orateurs de Louis Marie de Lahaye CormeninQuand il fut question de juger Louis XVI après la découverte des papiers tirés de l'armoire de fer dont des correspondances compromettantes pour l'ensemble de la classe politique républicaine - Montagnards et Girondins confondus -, il compta sur Roland pour opérer un filtrage sélectif des pièces que l'on pourrait publier et utiliser sans inconvénient pour les conventionnels compromis dans le cadre du procès de Louis XVI.

Des pressions furent tôt exercées contre Danton pour qu'il obtienne de la Convention un décret de déportation de la famille royale. Ces pressions venaient des anciens serviteurs de la cour qui avaient pu émigrer en emmenant des pièces compromettantes pour lui, et parmi eux, l'ancien ministre de la Marine Bertrand de Molleville (Mémoires), qui le lui rappela en diverses circonstances.

C'est Antoine Omer Talon qui devait être le principal interlocuteur de Danton. Car c'est à lui, au passeport qu'il lui fit remettre, qu'il était redevable de la vie.« J'ai vu M. Pitt pendant mon premier séjour en Angleterre, dit Talon, il fut question à cette époque d'une proposition de négociation relativement au roi qui était alors en prison. Danton accepta de faire sauver, par un décret de déportation, la totalité de la famille royale. J'envoyai à mes dépens un ami pour faire la même communication au roi de Prusse qui était à Coblence. Il me fut démontré que les puissances étrngtères se refusaient aux sacrifices péciniaires demandés par Danton. » Leur intermédiaire avait été François Noël, agent diplomatique, qui s'entendit avec Danton pour négocier avec Auguste Miles, représentant de lord Grenville, firecteur du Foreign Office, et William Pitt. Danton voulait, d'une part, que William Pitt s'engage à maintenir la neutralité de l'Angleterre dans le conflit, reconnaisse la République et qu'il fasse verser, d'autre part, une somme de 40 000 livres sterling pouvant servir de garantie à un engagement encore non officiel. Il était entendu que, en contre-partie, la famille royale serait épargnée. Les tractations se poursuivirent lors du voyage de Danton en Belgique où il arrivait début décembre 1792 avec quatre commissaires, pour surveiller la républicanisation des provinces. À Londres, l'ambassadeur Chauvelin plaidait dans le même sens auprès de la cour d'Angleterre et les Constituants émigrés Talon, Malouet, Lally-Tollendal, Lameth appuyèrent tous la même demande. Le ministre du roi d'Espagne Godoy, prince de la Paix, donna des instruction à Ocariz, son représentant à Paris, et chercha lui même à persuader Pitt.

William Pitt refusa finalement ce marché exorbitant à ses yeux. Contrairement à ce que Danton, Brissot, Clavières et Lebrun avaient pensé, la tête de Louis XVI ne valait pas la reconnaissance de la République française par l'Angleterre. Les conservateurs britanniques - les Tories - appuyèrent secrètement Pitt en sorte que la décapitation de Charles Ier ne soit plus une exception. Les Espagnols ne reconnurent pas eux aussi la République, ce qui mit Danton en fureur

C'est dans ce contexte que Bertrand de Molleville, alors que la tête de Louis XVI ne tenait plus qu'à un fil, prit sur lui de forcer les députés, dont Danton, à tenter quelque chose. Il aurait envoyé à la Convention des copies de pièces qui « compromettaient les chefs de tous les partis, rapporte le général Dumouriez dans ses Mémoires, qui prouvaient que tous avaient négocié avec le roi pour le tromper et lui soutirer de l'argent. Danton et La Croix surtout étaient impliqués d'une manière si précise qu'ils eussent été perdus si Danton, maître de la Montagne c'est à dire du parti Jacobin, et La Croix qui influençait la Plaine, c'est à dire les impartiaux de l'Assemblée, n'eussent réuni tous leurs efforts pour ensevelir les pièces avec le malheureux roi. Ainsi, la démarche de Bertrand, au lieu de sauver Louis, a précipité sa mort; tout s'est réuni pour le perdre. ». Danton avait reçu le 3 décembre 1792 une première lettre de menace émanant de Bertrand de Molleville, où il lui indiquait qu'il détenait des ordres de paiement à son nom, à lui confiés par M. de Montmorin.. C'est Garat, ministre de l'Intérieur, qui se serait chargé d'intercepter les pièces compromettantes pour plusieurs conventionnels envoyées de Londres par Bertrand de molleville.

C'est ainsi que Danton, comme un certain nombre de Montagnards modérés, soucieux de leur crédibilité politique, n'eurent plus d'autres alternatives que de voter la mort du roi sans sursis. Il revint à Paris à la mi-janvier, et annonça autour de lui qu'il voterait la mort de Louis XVI, dans l'inquiétude de dénonciations venues d'outre Manche. Il justifia son vote par ces mots:« Je ne suis point de cette foule d'hommes d'état qui ignorent qu'on ne compose point (sic) avec les tyrans; qui ignorent qu'on ne doit rien attendre de ceux de l'Europe que par la force des armes. Je vote la mort du tyran. »

Danton et Dumouriez

Il fut à nouveau envoyé en mission d'observation en Belgique, où il retourna en janvier, pour surveiller les opérations des généraux qui y commandaient en l'absence de Dumouriez parti en Hollande. Ses relations anciennes avec Dumouriez qu'il défendit sans trève jusqu'à la décision prise en avril par le général de passer à l'étranger pour se soustraire au projet que les Exagérés avaient de l'envoyer à l'échafaud en le rendant responsable de la défaite annoncée des généraux Miranda et Valence. Son insistance à défendre Dumouriez lui suscita des attaques personnelles de la part des membres de la Commune qui furent les premiers à l'accuser de ce dont Jean-Nicolas Pache s'était lui-même rendu coupable: un trafic sur les marchés d'approvisionnement aux armées. « L'armée est dans un dénuement affreux, écrit le commissaire Chépy à Lebrun, il y a une conjuration secrète et profonde contre le succès de nos armées. ». Face aux retards calculés de l'administration Jean-Nicolas Pache, Dumouriez et Danton avait chargé sur place, en Belgique, des négociants de Bruxelles, les frères Simon, de fournir des denrées essentielles. C'est sur ces marchés non officiels qu'ont porté les accusations visant Danton que l'on a voulu associer à Dumouriez, sa maîtresse Mme de Beauvert et Tort de la Sonde dans des bénéfices sur diverses fournitures. Sur la question des détournements d'objets pillés dans les abbayes belges, Danton fut l'objet d'accusations recueillies ultérieurement auprès du général Miaczinski qui, condamné à mort, fit des révélations de commande pour sauver (vainement) sa tête. Ce sont ces accusations arrachées à un condamné à mort qui ont nourri par la suite les accusations des ennemis de Danton et notamment Collot d'Herbois et Billaud-Varenne . Danton fut certes un témoin privilégié des prévarications de certains envoyés en mission dont Collot d'Herbois qui se maria à Bruxelles avec la fille du notaire Catoire, mais les preuves de ses détournements manquent toujours. Se sentant menacé, Collot d'Herbois, se révéla au fil des mois, avec Barère et Billaud-Varenne, l'un des principaux inspirateurs des attaques des Exagérés contre Danton. Une autre accusation sur laquelle se fondent les "ennemis" de Danton porte sur la contenu d'une voiture dans laquelle se trouvaient les affaires personnelles de Danton et de Delacroix. Une première voiture, qui contenait de l'argenterie saisie, avait été envoyée à Paris, à l'adresse de la trésorerie. La seconde voiture, contenant les effets de Danton et de Delacroix, était à destination de leur domicile à Paris. Personne n'a jamais su ce que contenait cette seconde voiture (Danton et Delacroix ont toujours déclaré, et cela jusqu'au Tribunal révolutionnaire, qu'il s'agissait de leurs affaires personnelles), car il n'existe aucun procès-verbal établissant le contenu de cette voiture. Certains historiens, dont Albert Mathiez, ont cherché, sans y parvenir véritablement, à établir que cette voiture contenait les rapines de Danton.

Danton était de retour à Paris début mars quand il apprit avec consternation le décès de son épouse à la Fontaine d'Amour, propriété de son beau-père à Sèvres, alors qu'elle donnait naissance à une petite fille morte née. Cette nouvelle l'atterra véritablement.

Dans un étonnant discours en date du 10 mars, prononcé à la Convention, il entreprit de rejeter les accusations de malversation qui le visaient et faisant passer sa bonne ou mauvaise réputation au second plan face à l'urgence des dangers de la patrie, il s'écria: « Messieurs, quand l'édifice est en feu, je ne m'attache pas aux fripons qui enlèvent les meubles, mais j'éteins l'incendie ! Je dis que vous devez être convaincus, par la lecture des dépêches de Dumouriez, que vous n'avez pas un instant à perdre pour sauver la république. Dumouriez avait conçu un plan qui honore son génie ! Ses revers ne l'ont point découragé; pour envers et tous nos ennemis, il ne lui faut que des Français ? Et la France est remplie de citoyens ! Faites donc partir vos commissaires, soutenez-les par votre énergie ! Qu'ils partent ce soir cette nuit même et qu'ils disent à la classe opulente: "Il faut que l'aristocratie de l'Europe succombant sous nos efforts, ou que vous la pyiez ! Le peuple n'a que du sang et il le prodigue ! Allons misérables prodiguez vos richesses ! Voyez, citoyens, les belles destinées qui vous attendent (...) dans des circonstances plus difficiles quand l'ennemi était aux portes de Paris, j'ai dit à ceux qui gouvernaient alors: "vos discussions sont misérables; je ne connais que l'ennemi, battons l'ennemi ! Vous qui me fatiguez de vos contestations particulières au lieu de vous occuper du salut de la république, je vous répudie comme traîtres à la patrie, je vous mets tous sur la même ligne. je leur disais encore eh! que m'importe ma réputation que la France soit libre et que mon nom soit flétri! que m'importe d'être appelé buveur de sang , oui, buvons s'il le faut le sang des ennemis de la Liberté, mais combattons et conquérons la liberté ! ».

Il défendit l'établissement du Tribunal révolutionnaire avec l'idée de s'en servir pour juger Francisco Miranda qu'il soupçonnait non sans raison d'avoir favorisé la défaite afin d'en faire porter la responsabilité à Dumouriez qu'il défend contre les attaques sournoises des membres de la Commune qui le redoutent.

Membre du Comité de salut public

Le 26 mars 1793, il entra à la Commission de défense générale de vingt-cinq membres, formée pour faciliter le jeu des deux pouvoirs en place, l'Assemblée d'une part, et les ministres de l'autre, réunis en Conseil exécutif. Cette Commission de défense générale était chargée de présenter et proposer toutes les lois et mesures nécessaires pour assurer la défense intérieure et extérieure. Assez rapidement, cette Commission fut réorganisée en Comité de salut public de la Convention spécialement chargé de surveiller la marche du Consil exécutif, auquel il se substitua peu à peu. Il avait été décidé que ses délibérations se feraient à huis clos et que, dans les cas d'urgence, il pourrait prendre des initiatives d'ordre public et de répression.

Entré le 5 avril 1793 au Comité de salut public, Danton y côtoya Barère, Delmas, Bréard, Cambon, Jean Debry, Guiton-Morveaux, Treilhard et Charles Delacroix[76]. Son influence au premier comité ne fut pas indifférente car les décisions se prenaient à la majorité simple. Toutefois, au fil des semaines, il se trouva être de plus en plus souvent en minorité sur différentes questions, et particulièrement celles tenant aux questions diplomatiques. Danton préconisait dès avril-mai 1793 un retour à une paix séparée et par le jeu des négociations fissurer le bloc de la coalition en reprenant le iil des négociations avec la Prusse. Il fit voter une résolution en ce sens par le premier Comité de salut public</ref>. Marat l'attaqua aussitôt, par exemple en la personne de Thomas Baudry, âme damnée de Danton, un administrateur qui avait été salué pour son intégrité par les municipalités qu'il avait visitées.

Danton était donc déjà perçu, à cette époque, comme un "danger" pour les tenants de la république maratiste telle que William Pitt l'appelait de ses vœux dans un discours au Parlement du 17 juin 1793. C'est ainsi que Danton ne participa pas à la décision, emmenée par Barère, de permettre le renvoi de députés en prison sans que leur soit signifiée une accusaion dans les formes. Cette mesure lourde de conséquence qui fut un résultat de la pression permanente que les Exagérés de la Commune et du ministère de la guerre dirigé par Bouchotte exerçaient sur les conventionnels, mit doranavant la Convention dans la dépendance théorique du Comité de salut public qui exerça, dès lors, une dictature de fait.

Après le coup de force du 31 mai 1793, Danton, pour ne pas paraître prendre le parti des Girondins, se sentit contraint de saluer « l’insurrection heureuse » qui les renvoyait en prison. Toutefois, les Cordeliers l’accusèrent d’avoir voulu empêcher sinon modérer ce coup d'État.

De par ses positions en retrait de la ligne dure et aventureuse, favorable à la guerre totale, incarnée aussi bien par Barère, que la Commune et les Cordeliers, tous promoteurs de l'exagération révolutionnaire, Danton ne tarda pas à être éliminé du Comité de salut public lors de son renouvellement le 10 juillet 1793.

Pourtant le 10 août, il intervint à nouveau dans le débat. Car entre temps, avec autant d'intelligence que d'arrières pensées et de rouerie, Bertrand Barère de Vieuzac s'était chargé de révéler à la Convention le contenu d'une Lettre soi-disant trouvée sur les remparts de Lille et émamant d'un membre du gouvernement anglais. Il y était demandé à des agents disséminés en France de mettre la République à feu et à sang, de saboter les centres névralgiques, d'incendier, de favoriser la division, de répandre les faux assignats etc. Or cette lettre qui aurait normalement dû rester confidentielle et secrète afin de repérer et d'arrêter les personnes qu'elle désignait, fut au contraire présentée à la Convention avec beaucoup d'agitation puis publiée, en sorte d'inquiéter et d'exaspérer les députés. Danton, comme d'autres qui ne s'étaient pas posés la question de l'authenticité du document, réagit comme prévu, et il demanda le renforcement des pouvoirs autoritaires du Comité de salut public et, à toutes fins utiles, la mise à disposition d'un fond de cinquante millions, ce à quoi Barère s'empressa de souscrire. Et dans la foulée, le rapporteur Bertrand Barère de Vieuzac dont le but visait à installer rapidement la Terreur, demanda la mise en accusation de Marie-Antoinette et son renvoi devant le Tribunal révolutionnaire mettant fin, du même coup, à des négociations de paix avec les pays disposés à se retirer de la coalition (Prusse et Espagne et même à s'allier avec la France (Suisse et Etats-Unis). L'Espagne et les Etats-Unis y voyaient d'autant moins d'inconvénients qu'ils étaient lourdement endettés par la guerre d'indépendance américaine.

Danton et la paix: rupture avec Barère

Statue de Danton à Arcis-sur-AubeC'est lorsque Barère mit la Terreur à l'ordre du jour le 5 septembre suivant que Danton commença à désapprouver hautement cette politique aventureuse tendant à mettre cette Terreur en place et à rendre la république "hideuse" en sorte d'empêcher sa reconnaissance et maintenir son isolement. Ces choix délibérés, étaient présentés sous la forme de "carmagnoles"[80]aboutirent à justifier les comités dans le sens, préconisé par Barère, du renforcement et du durcissement de leurs pouvoirs. c'est dans les jours qui suivirent que l'ancien Comité de sûreté générale - la police politique- fut entièrement recomposé, avec des pouvoirs d'investigation accrus, de membres à la dévotion de Barère de Vieuzac, de Collot d'Herbois et Billaud-Varenne, et des pères de la Commune du 10 août (Pache, Hébert, Sulpice Huguenin etc.).

Camille Desmoulins de son côté commença sa campagne des derniers et passionnants numéros du Vieux Cordelier dans lesquels est clairement mise en cause la politique terrorriste des comités réunis -, et clairement identifiés les premiers artisans du terrorrisme comme système de gouvernement, notamment Barère et Vadier. Quant à Danton, il condamna le renvoi imminent de Marie-Antoinette au Tribunal révolutionnaire: « En conduisant Marie-Antoinette à l'échafaud, disait-il, on détruit l'espoir de traiter avec les puissances étrangères ». De même, il condamna l'arrestation des meilleurs généraux de la République[réf. nécessaire] dont le général Custine, poursuivi pour inaction calculée et artisan prétendu de défaites à répétition: « Custine a été jugé trop légèrement et cette conduite envers nos meilleurs généraux nous met dans l'impossibilité de vaincre ».

Danton fit savoir à voix haute qu'il n'approuvait pas les exagérations de la Terreur comme système, et qu'il jugeait aussi inutile que dangereuse. Les rapports de Dubois-Crancé sur Lyon et de Philippeaux sur la Vendée le convainquirent de l'existence d'une faction désorganisatrice cachée sous le masque d'un patriotisme exigeant, mais qui visait, dans la réalité, à discréditer la convention et à affaiblir le pays par la Terreur et le brigandage. Il fut donc activement hostile aux exagérations de la répression de Fouché et Collot d'Herbois à Lyon et en Vendée qui empêchèrent ipso facto les difficiles négociations avec les états d'Europe qui étaient disposés à la neutralité ou à la reprises des échanges économiques et diplomatiques avec la République. A Paris, Danton commença par vouloir mettre un frein à la démagogie des faubourgs sur laquelle s'appuyaient les exagérés.Le 4 septembre 1793, sur sa proposition, la Convention avait décrété que les assemblées des sections parisiennes, qui se tenaient tous les jours, ne pourraient se tenir que deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, afin de diminuer, parmi les sans-culottes, une agitation qui pouvait laisser présager des mouvements populaires incontrôlés, nuisibles à la sérénité et même à l'existence de la Convention. Fortement protégés par Collot d'Herbois, Billaud-Varenne et Barère, membres du comité de salut public, Proly et son inséparable ami Desfieux avaient trouvé le moyen de tourner ce décret en constituant dans les sections, des clubs locaux, véritables sociétés populaires qui tenaient séance dans la salle réservée aux assemblées des sections les jours où ces assemblées étaient interdites. De plus Proly et Desfieux fédérèrent les clubs des sections dans un comité central qu'ils dirigeaient. Ce comité devenait une force qui s'opposait aux autorités constituées de Paris, administration du Département et commune, ainsi qu'à la société des Jacobins. Dufourny qui présidait l'administration du Département de Paris fit arrêter Proly début octobre, mais il fut relâché sur proposition de Barère et Hérault de Séchelles. Desfieux arrêté également fut libéré par Collot d'Herbois.

Par ses positions et sa popularité, il était dans la ligne de mire des Exagérés, ceux retranchés au Comité de salut public, et aussi ceux de l'entourage de Pache, Chaumette, Hébert ou Ronsin, qui avaient une totale influence la haute administration du ministère de la guerre et leurs entrées au Comité de sûreté générale; or ces gens inquiets des dénonciations de Camille Desmoulins sur la gestion de la guerre dans son journal le Vieux Cordelier unirent leur force au nouveau club des Cordeliers, à majorité exagérée, pour abattre ceux qu'ils appelaient les indulgents voire défaitistes

Le 12 octobre 1793, Danton avait demandé congé à l’Assemblée et il s'était retiré à Arcis-sur-Aube, dans la maison de campagne de sa mère. Entre temps il se remariait avec Louise Sébastienne Gély.

Le prétexte

Tout de suite Danton comprit que l'affaire Chabot était de la plus haute gravité et qu'elle pouvait l'atteindre directement ainsi que certains de ses amis. Aussi se hâta-t-il de regagner la capitale. Dès le 18 novembre (28 brumaire) au soir il était à >p<aris, plein d'inquiétude et d'espoir. Comme l'a écrit Henri calvet "il arrivait pour seconder la manoeuvre de chabot et de Basire contre les Hébertistes et aussi pour se défendre";

De retour à Paris en novembre il se sentit immédiatement concerné par l’affaire Chabot suivie des premiers ordres d'arrestation frappant des députés compromis dans le scandale de la liquidation de la Compagnie des Indes. Parmi eux, Fabre d'Églantine, son ancien secrétaire au ministère de la justice dont on n'a jamais su si c'était lui ou, plus certainement, Delaunay d'Angers qui avait falsifié de sa main le décret de liquidation de la Compagnie des Indes[89]. Entre Fabre d'Eglantine et Danton et il n'y avait qu'un pas que Hébert, le diffamateur ou, selon François Chabot, aboyeur de la Commune, franchit dans son journal le Père Duchesne où Danton commença à être attaqué.

Regroupant autour de lui les modérés ou Indulgents de l'Assemblée, Danton entreprit une double campagne contre les Exagérés retranchés dans les comités de gouvernement, tout en réclamant l’économie du sang en Vendée et sur le front, et en s'élevant contre Jacques-René Hébert qui mettait en cause l'honneur de la Convention. Il visait Barère encore plus qu'hébert. Les deux hommes n'ignoraient pas que Pitt cherchait à faire voter de nouveaux crédits pour la guerre de conquête qu'il menait contre la France. et pour convaincre les libéraux réticents, il avait Barère à Paris pour l'appuyer à point nommé et les crédits furent votés:« Barère semble de toute violence contre son pays, écrit le diplomate anglais Auguste Miles à François Noël en poste à Venise, et il enflamme votre peuple de façon à l'indisposer contre la paix. Il est hostile, on le sait, à Danton et à Robespierre qui sont provisoirement unis comme je l'ai entendu dire, d'après la conscience qu'ils ont tous du danger qui les menace. ».

Cette opposition frontale entre les Exagérés et ceux qu'on appelit les Modérés qui voyaient dans la poursuite de la guerre un piège pour les libertés et l'avenir de la république, interrogea apparemment Robespierre, qui, sous l'influence de l'illusionniste Barère de Vieuzac, ne prit pas clairement parti. cette opposition divisa les citoyens qui, dans leur grande majorité, tant aux Jacobins qu'à la Convention, étaient favorables à Danton et au retour à la paix progressive.

Le 10 germinal an II (29 mars 1794), Antoine de Saint-Just s'appuyait en confiance sur un rapport remis en janvier parAmar, rapport fallacieux commandé par Barère et Vadier, où il résultait que l'affaire de la Compagnie des Indes était, non pas une simple affaire d'escroquerie, comme c'était le cas, mais un élément apparent d'une vaste et secrète conspiration. Saint-Just crut à cette conspiration prétendue à laquelle il rattacha pêle-mêle Dumouriez, Marie-Antoinette, les Brissotins, Danton etc. Il relia artificiellement l'affaire Chabot, Fabre d'Eglantine et de la Compagnie des Indes à un vaste complot de l'étranger dont les ficelles étaient tirées par divers agents des cabinets de Londres et de Vienne. Il mit donc nommément en cause Danton qu'il nomma « déserteur des périls » et l'accusa, entre autres, d'avoir déjeuné chez le traiteur Jean-François Rose avec Mme de Sainte-Amaranthe, ce que l'on pouvait reprocher à bien d'autres personnages en vue. Beaucoup de députés furent choqués par ces conclusions qui ne reposaient que sur des hypothèses. Paul de Barras en parle clairement dans ses Mémoires, et il dit surtout que les motifs visant Danton tenaient à d'autres causes liées à son assentiment à la fameuse Lettre sur la Vendée de Pierre Philippeaux et à sa volonté d'arrêter la guerre.

Robespierre, avec plus de discernement que Saint-Just, ne s'opposa pas à l'arrestation de Danton à condition que celui-ci puisse venir s'expliquer devant la Convention. Refus formel de Barère, Billaud et Collot, qui invitèrent Vadier et le Comité de sûreté générale à précipiter les choses. Dans ses Mémoires, Barras a raconté être sorti quelques jours plus tôt de la Convention avec Danton qui, apercevant quatre membres des comités de gouvernement, leur dit à haute voix:« Lisez donc le mémoire de Philippeaux, il vous fournira les moyens de terminer cette guerre de Vendée que vous avez perpétuée pour rendre nécessaires vos pouvoirs. » et Barras ajoute : « Vadier, Voulland, Barère et Amar accusèrent Danton d'avoir fait imprimer et distribuer ce mémoire. - Je n'ai point à m'en défendre, leur dit-il. » Alors il les menaça de les accuser, à la Convention, de malversation et de tyrannie. Se tournant vers Brune qui était à ses côtés, Barras lui dit à l'oreille: « Veillez sur Danton, il a menacé au lieu de frapper. »

Le procès et la mort

Après l'exécution, le 24 mars 1794, des « Hébertistes », les Comités de salut public et de sûreté générale réunis ordonnent son arrestation, ainsi que celle de plusieurs des membres de ses relations, c'est-à-dire principalement Pierre Philippeaux, dont il avait fait connaître la Lettre sur la Vendée - cause principale du procès de Danton -, et Camille Desmoulins, son ami, qui avait dénoncé la dictature des comités dans son journal Le Vieux Cordelier. Desmoulins avait pour dessein, il l'écrit lui-même, de « prouver par plusieurs faits décisifs que ceux qui nous accusent sont eux-mêmes les conspirateurs ». A la prison du Luxembourg, les prisonniers s'avancèrent pour le saluer et il leur dit:« messieurs, j'avais l'espoir de vous sortir bientôt d'ici. Me voilà moi-même avec vous. Je ne sais trop comment finira ce gâchis. »

Il fut jugé par le Tribunal révolutionnaire du (2 au 5 avril 1794) avec des députés montagnards compromis dans le scandale de la Compagnie des Indes - avec lesquels il n'avait pas plus à voir que d'autres députés de la Convention -. On l'accusa d'avoir couvert les malversations du général Dumouriez.

Ainsi, le procès de Danton et de Desmoulins ne fut pas exclusivement le procès de députés Dantonistes, comme on l'a parfois cru (en parlant de Danton et de "ses amis"), car avec eux comparurent des hommes appartenant à des catégories bien distinctes tels que le Danois Diedericksen, l'abbé d'Espagnac ou encore les frères autrichiens Junius et Emmanuel Frey, que, par calcul, on avait amalgamé les uns aux autres dans une procédure collective de friponnerie.

Danton protesta de son innocence et, dans la séance du 4 avril 1794, réclama le témoignage de seize députés ou hauts fonctionnaires, menaçant d'en appeler au peuple en cas de refus qui serait fait de citer ces témoins :

« Ma voix, qui tant de fois s'est fait entendre pour la cause du peuple, pour appuyer et défendre ses intérêts, n'aura pas de peine à repousser la calomnie. Les lâches qui me calomnient oseraient-ils m'attaquer en face ? Qu'ils se montrent, et bientôt je les couvrirai eux-mêmes de l’ignominie, de l'opprobre qui les caractérisent !.[précision nécessaire] Interrogé sur ces noms et domicile il dit: « Ma demeure sera bientôt dans le néant, quant à mon nom vous le trouverez bientôt dans le Panthéon de l'histoire !… Ma tête est là ; elle répond de tout !… La vie m'est à charge, il me tarde d'en être délivré ! »

Cambon, qui était aux ordres de Barère, vint faire une déposition à charge sur l'emploi des 100 000 livres en numéraire délivrés à Danton et Lacroix dans le cadre de leur mission en Belgique, jugée accablante par Ernest Hamel et Albert Mathiez[100],[101]. Ces fonds tirés comme d'autres sur les fonds secrets "extraordinaires" du ministère des Affaires étrangères, votés sous la législative, et dont bénéficièrent une foule de personnages (parmi lesquels Billaud-Varenne) dans l'exercice de leurs missions en Belgique et ailleurs, ne pouvaient pas sérieusement donner lieu à accusation si le procès n'eût pas été révolutionnaire et eût été équitable. Si Danton avait pu se défendre et s'il n'eût pas été mis hors débat, il aurait demandé compte à Barère et Cambon de l'utilisation du fonds colossal de...cinquante millions que le Comité de salut public s'était octroyé en août 1793, dont Danton ne profita jamais, et qui fut à la disposition et sous le contrôle exclusif de Barère et de ses amis exagérés.

Danton ne put assurer sa défense, notamment sur sa mission en Belgique, car les témoins réclamés, tel Le Bas et d'autres prêts à parler en sa faveur, ne furent jamais entendus : un décret présenté par les comités à la Convention - au prétexte de la véhémence des accusés -, mit les co-accusés hors débat.

Après trois jours d'un procès marqué par la précipitation pour ne pas dire l'affollement de l'accusation, les quatorze amalgamés de la fournée dantoniste, dont huit représentants du peuple étaient condamnés à mort en fin de matinée du 5 avril à l'exception de Lulier. Aucun d'eux n'avait pu parler

Ils furent exécutés aussi hâtivement qu'ils avaient été jugés, à seize heures, sans jamais avoir pu s'exprimer. Dans la charrette, puis au pied de l'échafaud, il consola Camille Desmoulins désespéré par tant de cynisme et de cruauté. Un aide les sépara brutalement emmenant Camille:« Tu n'empêcheras pas nos têtes de s'embrasser dans le panier! » Il mourut le dernier et s'adressant au bourreau il lui dit: « Allons, fais ton métier, et ne manque pas de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine ! ».

Robespierre, quoiqu'on en ait dit, a été atterré par la mort de Danton et de Desmoulins qu'il n'approuva pas, mais face à des ennemis trop puissants du Comité de salut public où il était minoritaire en voix, à une police politique diabolique à monter des complots imaginaires pour masquer les vrais dangers de trahison de l'intérieur courus par la République, il pouvait se douter que son tour viendrait sous peu. Le 9 Thermidor, il tarda à nommer ceux auxquels il pensait et qui furent les artisans principaux de sa perte.

Danton et Mathiez

Danton a été considéré comme un grand symbole de la Révolution même si cela a paru excessif à Albert Mathiez[108]. Dans ses différentes contributions sur Danton, Mathiez semble surtout s'être occupé de régler des comptes avec Alphonse Aulard pour cause de fortes divergences de points de vue. Il se montre en effet, contrairement à Aulard, exagérément sévère dans l'interprétation qu'il donne des faits et gestes de Danton, perdant parfois de son habituelle distance critique. Il oublie de dire que la moralité à géométrie variable de Danton était aussi bien le fait d'un Barère de Vieuzac, d'un Collot d'Herbois, d'un Billaud-Varenne, d'un Fouché, etc., avec le cynisme et la cruauté en moins. En ce qui concerne les travaux déjà anciens de Mathiez, Arnaud de Lestapis écrivait en 1969:« Cette question qu'aucun conventionnel n'osa poser à Elie Lacoste, porte-parole des comités de gouvernement, les historiens continuent de se la poser, tout en sachant que ce n'est pas dans l'histoire officielle, d'ailleurs fouillée de fond en comble, qu'ils trouveront la réponse. Cependant un très grand pas en avant a été fait lorsqu'il y a une quarantaine d'années, Mathiez acquit la certitude que le "clé" des procès politiques de la terreur était l'affaire Chabot. Cette conviction, il l'a proclamée dans des termes qui ne laissent place à aucune ambiguité:"Sur l'affaire Chabot, se greffèrent succesivement le procès des hébertistes, le procès des dantonistes, la conspiration de l'Etranger, etc". Tous ces procès en apparence distincts les uns des autres se tiennent étroitement par un lien logique et nécessaire. ils ne forment qu'une seule et même affaire, qu'une unique conspiration." En s'exprimant avec cette netteté, Mathiez a bousculé les données traditionnelles. Malheureusement, il n'a fait qu'émettre son opinion. sans doute sa mort prématurée ne lui a-t-elle pas permis de l'étayer en produisant des pièces à l'appui. Il nous a laissé cependant un remarquable ouvrage de travail qui est son ouvrage L'affaire de la compagnie des Indes (...) Ce grand et beau livre n'est à vrai dire qu'une introduction (...) On peut seulement regretter que l'auteur, demeuré trop fidèle aux pièces officielles de l'affaire Chabot, soit tombé dans le piège que les hommes des comités de salut public et de sûreté générale tendirent à leurs contemporains, et, après ceux-ci, à la postérité. ».

Les travaux de Albert Mathiez, qui en son temps, n'a jamais caché ses sympathies socialistes, ont aussi été critiqués, cette fois pour des divergences profondes dans le regard critique porté sur la Révolution par des courants historiques incarnés, à l'époque du bi-centenaire de la Révolution, par Pierre Chaunu, Jean Tulard ou Jean-François Fayard.

« Danton a été réabilité à la fin du XIXe siècle par des historiens comme Bougeart, Robinet, Aulard. Puis Mathiez, élève et ennemi juré d'Aulard, s'est fait un devoir d'élever une statue à Robespierre en rabaissant avec la minutie d'un maniaque tous les actes de Danton, traquant, à travers les comptes, les opérations financières de ce dernier pour établir qu'il était corrompu, vénal, vendu à l'étranger. La destruction de l'idole pourrie devait permettre son remplacement par le fanatisme incarné de l'Incorruptible. »

Malgré les controverses autour de sa mémoire, Danton reste toujours populaire: Il a donné son nom à une rue de Paris, une statue lui a été élevée aux carrefours du boulevard Saint-Germain et de la rue de l'Odéon, des films de cinéma lui ont aussi été consacrés. Hier comme aujourd'hui, il ne laisse personne indifférent.

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