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Le Web des Cheminots

Agriculture intensive , manque d'eau...........


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LE PROJET DE TRANSFERT D'EAU DU RHÔNE À BARCELONE

Michel DRAIN

Directeur de Recherche émérite au CNRS

Université de la Méditerranée Luminy

A l'échelle du monde c'est un projet modeste qui ne comporte pas de risques environnementaux graves.

Toutefois, il pose problème dans la mesure où il ne va pas dans le sens de la gestion de l'eau dite durable que veut promouvoir l'Europe.

Il conforterait, en effet, une gestion de l'eau par l'offre, désormais sans issue et serait le premier maillon d'un réseau européen de l'eau qui ne prend en compte ni la valeur environnementale, ni la valeur patrimoniale de l'eau et se limite à sa seule valeur marchande. C'est pourquoi il est controversé.

I Réflexions sur les transferts d'eau interbassins

1-Problèmatique des transferts

L'eau douce disponible sur la planète est susceptible de répondre aux besoins d'une population triple de l'actuelle mais sa répartition géographique est très inégale ainsi que les besoins d'où le recours à des transferts.

La pratique des transferts est ancienne, notamment pour assurer l'alimentation des villes dès l'Antiquité au moyen d'aqueducs mais les transferts modernes portent sur des volumes et des distances souvent considérables et sont des transvasements entre bassins.

2-Caractères généraux des transferts

a-Ils relèvent de grands travaux qui nécessitent d'importants investissements et posent des problèmes environnementaux et politiques.

b-Les transferts d'eau susceptibles de présenter une importance économique notable sont, en volume, sans commune mesure avec ceux des hydrocarbures d'où un recours à des conduites ou canaux de grande taille.

c-Les transferts d'eau déplacent des ressources d'un lieu à un autre sans pour autant créer de nouvelles ressources et comportent même un certain pourcentage de pertes.

3-Portée du projet Rhône Barcelone

a-En Europe, et par comparaison avec l'Asie ou l'Amérique du Nord, les grands transferts inter bassins sont relativement peu nombreux et le projet dont il est question, avec une longueur de 350 km et un débit de 10 à 15

m3/s peut sembler modeste.

b-Mais ce transfert a une valeur symbolique dans la mesure où il concerne deux états européens. Cette dernière perspective qui répond aux préoccupations d'un véritable lobby en Espagne aurait le mérite de lui valoir des aides communautaires.

II Les origines du projet.

Le projet moderne est né peu de temps après la présentation en l993, par le ministre espagnol des travaux publics, de l'avant-projet de plan hydrologique national qui prévoyait pourtant une importante allocation d'eau de l'Ebre à la capitale espagnole (1). Bien que le ministre fut lui même catalan, les réticences rencontrées de la part des représentants de l'Aragon, incitèrent les responsables de la Généralité à chercher une autre solution. Ils la trouvèrent du côté du Rhône pour lequel un producteur d'eau français disposait d'un droit d'eau dont il n'utilisait qu'une partie.

1-Du côté de Barcelone

a-Un double problème d'eau

L'entreprise publique Aigües Ter LLobregat (ATLL), créée en 1991, est chargée d'alimenter l'agglomération de Barcelone, soit près de 4,5 millions de personnes, à partir de l'eau brute des fleuves côtiers Ter et Llobregat

qu'elle traite dans ses deux usines d'Abrera et de Cardedeu (2).

Elle estime qu'un risque de pénurie peut se manifester durant quelques jours en été de certaines années et se trouve en outre affrontée au problème de la très mauvaise qualité de l'eau pompée dans le Llobregat En résultent la médiocre qualité organoleptique d'une eau potable dont le tarif est, par ailleurs, le plus élevé d'Espagne. Il fut prévu de longue

date un apport d'eau à partir du cours inférieur de l'Ebre. Dans les années 70 les besoins avaient même été fixés à l.500 Hm3/an. Il n'en fut rien mais cela n'a pas empêché Barcelone d'accueillir les jeux olympiques sans problème majeur en ce domaine. En 1993 l'avant projet de plan hydrologique national en proposait le tiers. Mais il faut ajouter que l'eau du Llobregat comporte une teneur élevée en sels qui tient à la fois à la traversée d'un pli diapir à hauteur de Cardoner (la montagne de sel) et à l'abandon sans précautions et relativement récente de diverses exploitations de sel de potasse. Malgré des efforts, l'eau brute du Llobregat peut encore contenir 500 mg/l, or des normes européennes plus sévères en matière de potabilité rendraient nécessaire un traitement par osmose inverse dont on connaît le

coût élevé. Les eaux du Rhône, mélangées à celle du Llobregat, permettraient d'éviter ce lourd investissement.

b-Un aspect politique

La gestion des grands bassins hydrographiques espagnols relève du gouvernement central, à l'exception toutefois de ceux entièrement inclus dans une région autonome ce qui est le cas de l'ensemble des bassins des fleuves côtiers de Catalogne qui constituaient autrefois la circonscription dite des Pyrénées Orientales et qui est désormais celle des bassins internes de Catalogne, le terme interne étant donc pris strictement au sens

administratif.

Cette circonscription représente environ la moitié du territoire de la Catalogne, celle qui comprend l'agglomération de Barcelone et les littoraux dont on sait l'essor touristique. Ce sont les parties les plus peuplées et les plus actives de la Catalogne avec une densité moyenne de population supérieure à celle de la Belgique. Les ressources hydriques y sont

exploitées au maximum d'où les difficultés éventuelles. Mais c'est oublier qu'il existe une autre moitié de la Catalogne aux ressources hydriques légèrement supérieures et où la population est inférieure à 30 habitants par km2. Dans cette partie de la Catalogne qui est une des plus grandes régions irriguées d'Espagne, la pression est très forte pour étendre

davantage encore l'irrigation en dépit de graves problèmes de marché, de main d'¦uvre et de pollution. C'est un problème électoral majeur qu'aucun parti catalan ne souhaite affronter et il y a toujours à la foire de St Michel un ministre pour promettre l'extension des terres irriguées.

2-Du côté de Nîmes.

Créée en l955, la société d'aménagement régional du Bas Rhône Languedoc (BRL) est désormais une holding dont la plus importante société fille, "BRL exploitation", tire ses profits de la vente d'eau et dont 49 % du capital appartient à la SAUR (3). L'état attribua à BRL, après sa création, un droit d'eau sur le Rhône remarquable par l'importance de son volume, d'un montant de 75 m3/s disproportionné à l'objectif d'irrigation avec l'eau du Rhône qui ne devait pas dépasser Montpellier. Philippe Lamour, le premier directeur de BRL, écrira d'ailleurs dans le "Le cadran solaire", que cela équivalait au débit d'étiage de la Seine à Paris. L'entreprise n'a jamais prélevé qu'une petite part de cet énorme droit d'eau accordé (4). Ainsi, entre 1991 et 1997, le prélèvement moyen s'est limité à 3,3 m3/s en moyenne

annuelle avec des pointes à 8,2 m3/s en juillet, mois de la plus forte consommation. A priori BRL dispose donc d'un solde d'une soixantaine de m3/s soit les deux tiers de l'abondance absolue de la Marne à sa confluence

avec la Seine !

C'est une partie de ce solde : l5 m3/s, qu'un émissaire officieux du gouvernement autonome de la Catalogne est venu demander au siège de BRL, à Nîmes, à l'automne l994 (5). Le président du Directoire dont l'entreprise

sortait à peine d'une grave crise financière, comprit vite l'avantage qu'il pouvait tirer de la proposition.

En résumé le transfert proposé constitue une excellente affaire pour chacun les deux producteurs d'eau concernés.

III-La faisabilité

Conformément à une logique d'entreprise, BRL et, pour ATLL, la Junta d'Aigües de la Généralité, signèrent le 28 février 1995 un accord pour réaliser l'étude de faisabilité.

l-Technique et financière

La réalisation ne semble guère poser de problèmes techniques. Il s'agirait d'une conduite souterraine de 2,80 mètres de diamètre. Le matériau retenu serait soit en béton à âme tôle soit en acier, avec protection cathodique dans les deux cas. L'eau brute, préalablement décantée, oxygénée le long du parcours serait poussée dans la canalisation sur son parcours français par cinq à six groupes de pompes et s'écoulerait ensuite par gravité du côté espagnol après le franchissement du Perthus en tunnel. L'installation ne devrait porter aucune atteinte au paysage.

Un projet concurrent par le biais de quatre tuyaux sous-marins de 50 pouces chacun existe aussi mais ses promoteurs ne disposent pas de la concession.

Il est toutefois significatif que cette solution alternative ait été l'occasion de revendiquer une alimentation supplémentaire pour les Baléares !

Outre des problèmes financiers complexes résolus par le passage à l'euro deux questions se posent en ce domaine. Les coûts fixes demeurant proches quel que soit le débit prévu le coût du m3 d'eau rendu sur place à Cardedeu

demeure sujet à variations suivant le volume retenu 15,10 voire 6 m3/s et même 16 plus récemment. D'autre part les charges d'amortissement pourraient s'élever encore si l'aqueduc ne fonctionnait pas à sa capacité maximum.

Evalué entre 6 et 8 milliards de francs en 1999 du côté français, la provenance des capitaux demeure encore incertaine en dépit du contrat signé le 31 mars 1998 pour le montage financier entre BRL et la Caixa.

2-Juridique

La concession accordée à BRL relève d'un droit d'eau fondé en titre qui, dont les droits particuliers qu'il confère, n'en sont pas pour autant absolus et peuvent être remis en cause par l'administration selon l'article L 21O -1 du code du domaine public fluvial pour les cours d'eau domaniaux, notamment en cas de modification de la consistance légale du droit d'eau.

La question se posait donc pour une concession destinée à l'origine à l'aménagement d'une région française et pour l'usage d'un bien qualifié par la loi du 3 janvier l 992 de "patrimoine commun de la Nation"

Par le biais du ministère de l'agriculture, le Conseil d'état fut saisi d'une série de huit questions qu'il examina lors de sa séance du 14 octobre 1997. La section compétente en ce domaine, celle des travaux publics, donna un avis favorable sur le point essentiel de reconnaissance du caractère d'utilité publique de l'opération envisagée. Cette déclaration leva un éventuel obstacle juridique. Elle permet désormais d'acquérir les terrains en rapport avec les servitudes instituées par les travaux. Le rapporteur :

Mr. de la Verpillière, s'est appuyé pour la formulation de son avis sur le titre 12 du traité de Rome qui encourage la réalisation de réseaux européens dans le domaine de l'énergie et des transports. L'eau se trouve donc par là assimilée à l'électricité, au gaz ou au pétrole sans que ses caractères originaux de bien patrimonial et environnemental ne soient

mentionnés.

On notera l'absence de toute prise en considération concernant le volume du droit d'eau à mettre en ¦uvre.

3-Environnementale

Il restait à répondre aux interrogations que le Comité de Bassin Rhône-Méditerranée-Corse formula après avoir été informé du projet. En effet, juridiquement, les droits d'eau fondés en titre, reposant sur une décision administrative, doivent être compatibles avec les dispositions du SDAGE. Avisé du projet de transfert le 20 décembre 1996, le Comité de Bassin Rhône-Méditerranée-Corse, en sa séance du 4 juillet 1997, posa un certain nombre de questions qui pouvaient "émerger lors de la conception du projet" et relatives à l'impact de l'ouvrage sur les milieux aquatiques

concernés, les retombées régionales en matière de gestion de l'eau et la prise en compte des ressources alternatives dans la conception globale du projet.

Dans le but de répondre à ces questions, un comité scientifique de 13 experts fut créé par BRL. Il tint sa première séance à Nîmes le 27 octobre 1997 .

Les recherches menées avec sérieux et d'importants moyens par des bureaux d'études à la demande de BRL, confirmèrent l'impact limité du prélèvement supplémentaire de 15 m3/s destiné à Barcelone. Je me limiterai à celles

concernant les effets sur le Rhône qui soulevaient trois questions majeures : l'influence du prélèvement supplémentaire sur les étiages du Rhône, sur le volume des transports solides participant à la construction du delta et, enfin, sur la dynamique du coin salé dans l'estuaire.

a-les débits d'étiage

Les périodes critiques se situent le plus souvent en septembre et octobre.

Le volume d'étiage maintenu durant cinq jours en amont de la prise d'eau peut tomber à 321 m3/s dans l'occurrence cinquantenaire. En pareil cas, la totalité du droit d'eau atteint près du quart du débit d'étiage et le supplément de 15 m3/s en représente 4,6 %. Toutefois, en cas de situation exceptionnelle, il serait possible d'envisager une suspension provisoire du captage.

On remarquera

-que rien n'empêche l'Espagne de solliciter ultérieurement une part plus importante du solde du droit d'eau.

-que le réchauffement climatique en cours risque de provoquer, à long terme, une diminution sensible des débits du Rhône.

b-Les matières en suspension dans le Rhône à Beaucaire varient beaucoup d'une année à l'autre et sont en forte diminution depuis les grands travaux d'aménagement de la CNR et la déviation de la Durance. à depuis 1966.

Constituées de limon pour les 3/4 de leur poids, elles seraient, de nos jours, comprises entre 7 et 13 millions de tonnes par an. Mais ce qui est entonné par le canal d'amenée de BRL est très faible et, en dépit d'une élèvation de 7 000 à 54 000 tonnes par an avec le prélèvement supplémentaire d'eau, cela ne représente qu'une part infime de ce qui

transite dans le fleuve sans aucun impact sur la construction du delta.

En revanche ce volume constitue une servitude pour l'exploitant qui devra procéder au curage du canal d'amenée tous les ans. Il existe d'ailleurs un lien entre les volumes des MES et le débit du fleuve et la fermeture de la prise lorsque les débits dépassent le seuil des 4000 m3/s réduirait les dépôts dans le canal d'amenée de façon substantielle.

c-Le coin salé désigne, dans l'estuaire, la langue d'eau salée s'insinuant sous l'eau douce, plus légère, sans que les deux se mélangent. La position de l'interface dépend de la topographie du fond et du débit du fleuve, avec, il est vrai, un temps de réponse de l'ordre de 5 jours. Actuellement le coin salé ne remonte pas au-delà du seuil de Terrin sur le grand Rhône, à 30 km de l'embouchure et du seuil de Sylveréal sur le petit Rhône, à 15 km de l'embouchure. Des simulations ont tenu compte du débit d'étiage, du montant du prélèvement (de 17 à 44 m3/s) et du niveau marin dont on sait qu'il accuse une tendance à la hausse. On constate l'influence importante d'un très faible niveau d'étiage et d'une augmentation du niveau marin mais celle d'un prélèvement supplémentaire demeure négligeable.

C'est sur cette base que J.L.Blanc, devenu entre temps directeur général adjoint de la Lyonnaise des eaux,écrivait en 1999 "L'aqueduc est la solution la plus écologique" parmi toutes celles envisagées pour répondre aux besoins de Barcelone.(6).

III-Le lobbying

Un groupement européen d'intérêt public fut organisé en septembre l996 par les deux entreprises afin de présenter le projet aux autorités espagnoles, françaises et européennes. A partir du moment où l'obstacle juridique éventuel était levé, une société filiale de BRL pour la promotion de l'aqueduc (SEPA RMC) fut constituée en décembre 1997 avec la participation à parts égales de neuf grandes entreprises, BRL y étant majoritaire.

a-Auprès des élus du Languedoc-Roussillon

Le projet laisse la possibilité de "piquages" le long du trajet de la conduite sur le territoire français qui permettraient éventuellement de sécuriser l'alimentation en eau, d'assurer un soutien d'étiage aux petits fleuves côtiers et d'étendre les irrigations. Il a été envisagé ainsi de 3 à 4 m3/s pour les besoins régionaux. Les élus se sont montrés jusqu'à présent réservés en ce qui concerne l'AEP et l'option retenue pour un tracé proche du littoral ( en fait celui de l'autoroute languedocienne) limite les possibilités pour les soutiens d'étiage.

L'étude menée par BRL-ingéniérie, juge et partie, n'a pas, pour cette raison, toutes les garanties d'impartialité requises. Elle avait pour but de montrer que l'aqueduc pourrait jouer éventuellement un rôle structurant dans l'aménagement du Languedoc Roussillon et donc son intérêt pour la partie française.

b-Le Parlement européen

Le 29 janvier 1998 le député espagnol Izquierdo Collado auteur d'un rapport sur "la viabilité technologique de réseaux hydrauliques transeuropéens"fit voter une résolution en commission qui revenait à encourager le projet. Ce document de onze pages part de la constatation d'une inégale répartition des ressources hydriques dans l'Union Européenne et de l'existence "d'îles hydrologiques" en situation de crise. "Les réseaux hydrauliques transeuropéens mettant en ¦uvre des transferts d'eau interbassins de très grande envergure pourraient constituer à l'avenir une solution permettant

d'équilibrer les ressources en eau au sein de l'Union Européenne". A titre de projet pilote il propose l'étude de l'interconnexion entre le bassin du Rhône et la péninsule Ibérique. L'exposé des motifs cite trois exemples :

le canal de Provence à l'échelle régionale, le projet Rhône-Barcelone à l'échelon inter-régional et le réseau californien à l'échelle internationale (sic). Sous le titre "interconnexion d'un réseau isolé au réseau hydrologique européen" il est écrit : "sur le plan hydrologique, il est parfaitement concevable d'envisager des transferts entre le Rhône et la partie amont de l'Ebre (sic)", "une telle connexion serait constituée de galeries en charge et de canaux à l'air libre maximisant l'écoulement par gravité, cela sur une longueur de 450 km environ. Cette connexion trans-frontalière permettrait de briser l'isolement hydrologique de la péninsule ibérique en la mettant en équilibre avec le reste de l'Europe".

En dépit du caractère délirant du projet, l'idée d'un réseau européen de l'eau n'est pas une lubie mais bien la manifestation d'un groupe de pression qui est comme l'externalisation des idées de transferts que certains peinent à appliquer à l'Espagne. Le 22 septembre 1997, le directeur général de l'UNESCO, Fedérico Mayor Zaragoza, lors de la célébration du 21ème congrès international des distributeurs d'eau qui se tenait à Madrid déclara :" Je rêve à la possibilité de conduire de l'eau du nord de l'Europe au Maghreb..." ou encore "Désormais,.......il faut transporter l'eau au moyen d'infrastructures aussi efficaces que celles qui furent construites pour le gaz et le pétrole."

c-L'UNESCO

Un membre du conseil scientifique mis en place par BRL, expert auprès de l'UNESCO, organisa un atelier international sur les transferts interbassins dans le monde qui se tint à Paris du 25 au 27 avril 1999. Il n'en résulta

aucune publication. (7).La réunion fut, en fait, un acte destiné à la promotion du projet du "transfert du XXI ème siècle", c'est à dire du projet d'aqueduc Rhône Barcelone. Qu'il suffise de préciser que, sur les 12l participants représentants 21 états, on comptait 23 Français et 53 Espagnols soit 63 % du total parmi lesquels un bon nombre de Catalans.

d-Les pressions politiques catalanes

La réalisation du projet passe par une double condition : une demande du gouvernement espagnol au gouvernement français et alors seulement la mise en route, du côté français, d'une procédure sous l'égide de la commission nationale du débat public instaurée par la loi du 2 février 1995.

Pour le moment le gouvernement espagnol n'a présenté aucune demande en ce sens et, le 28 mars 2001, au monastère de Poblet, lieu ayant une valeur symbolique pour la Catalogne, le président Aznar a écarté le projet de transfert d'eau du Rhône vers Barcelone afin que l'Espagne ne dépende pas d'une eau étrangère.

Ceci n'a pas empêché la poursuite d'une intense activité en faveur du projet de la part des autorités catalanes. Il convient de rappeler que la Catalogne, véritable nation au sein de la nation espagnole, fait partie des dix plus riches régions européennes et que le Languedoc-Roussillon, dépourvu d'identité territoriale forte, est la région la plus pauvre de France au regard du PIB per capita. Le Président de la Généralité avait officiellement manifesté son intérêt pour le projet dès l 997 ce qui fut confirmé ultérieurement par la visite des installations de BRL par des délégations catalanes dont celle de Pere Macias, ministre conseiller de la politique territoriale, le 5 février 1998.

Lors de la discussion par le Parlement espagnol du plan hydrologique national, le président du directoire de BRL, Jean Pierre Brunel, fut invité à présenter le projet devant la commission de l'environnement du Congrès

des députés le 27 mars 2001. Au même moment, sous la pression du président catalan, le ministre espagnol de l'environnement s'engageait à prendre en compte dans la loi en discussion de l'éventualité :"d'étudier la possibilité d'incorporer au système hydrologique national des transferts alternatifs éventuels par rapport à celui envisagé par le projet". En effet, devant une insuffisance éventuelle des ressources hydriques de l'Ebre et les risques écologiques que cela représente pour le delta, la position catalane fut de suggérer un plus large recours à l'eau du Rhône.

Position habile qui, politiquement, a récupéré l'hostilité exprimée lors de manifestations considérables à Saragosse le 8 octobre 2000, Barcelone le 25 février 2001 et Madrid le 11 mars 2001. Ainsi, la demande initiale de 15 m3/s a-t-elle d'abord été réduite à 10 voire 6 m3/s ,respectivement 450, 300 et 190 Hm3 par an et est désormais de 475 Hm3 par an (cf. la lettre de BRL N°16 de mai juin juillet 2001 qui estime alors le coût des travaux à 600 millions d'euros pour 6 m3/s ou 900 pour 10 m3/s). Le slogan hostile à toute forme de transfert est devenu ainsi l'hostilité au transfert de l'eau

de l'Ebre mais l'ouverture aux solutions alternatives au premier rang desquelles le transfert du Rhône. Une étude d'impact réalisée par les services du ministère espagnol de l'environnement au sujet du PHN fait état de la prise en considération de l'hypothèse du recours à l'eau du Rhône.

Bien que l'hypothèse ait été écartée, outre une certaine désinvolture diplomatique, cela peut faire craindre qu'en cas d'insuffisance des ressources de l'Ebre il soit fait appel un jour à l'eau du Rhône pour aller jusqu'à l'Ebre comme le gouvernement catalan l'a demandé en mars 2003.

IV Les questions citoyennes

Le slogan des agences de l'eau : "mieux gérer avant d'investir" est-il pris en compte ? Avant d'entreprendre de grands travaux il faut s'interroger sur leur nécessité. Si la réponse est positive, il faut encore examiner s'il y a des alternatives plus simples et moins coûteuses.

1-Est ce nécessaire ?

Une évaluation des besoins en eau d'une ville est toujours subjective.

Barcelone n'y échappe pas à en juger par les variations des chiffres qui furent avancés depuis les années 7O. Cela ne dépend pas seulement du montant de la population mais aussi des styles d'urbanisation. Il se trouve d'ailleurs que se produit une baisse de la consommation dans les grandes villes des pays développés depuis quelques années dont la région parisienne est un bon exemple.

En fait le problème majeur pour Barcelone est celui de la pollution du Llobregat et de la nappe de son delta.

En l999 les autorités responsables d'AL estimaient que l'alimentation en eau potable des 4.4OO. OOO hab. de l'agglomération s'élevait dans l'année à 5OO Hm3 dont près des deux tiers fournis par ATLL à partir principalement

du Ter et du Llobregat. Le reste provenait de pompages dans les nappes par des municipalités ou des industries. La demande pour 2O25 était estimée à 65O Hm3 compte tenu de l'extension du réseau portant la population

desservie à 5 millions et d'une augmentation de la dotation per capita de ll3 à l3O m3/hab. Il serait donc nécessaire de disposer de l50 Hm3 supplémentaires ce qui est loin des 4OO Hm3 qui étaient encore demandés deux ans plus tôt et ne justifie pas un tel transfert. C'est alors qu'apparaissent l75 Hm3 venant s'ajouter aux l5O afin de cesser l'exploitation du Llobregat par excès des sels de sodium et de potassium.

En somme la demande réduite à 325 Hm3 ne comporte que 45 % qui corresponde à un besoin d'eau, les 55 % restant devant servir en quelque sorte à laver l'eau du Llobregat et des nappes ! On comprend la réaction de nombreux

Catalans dont le président du comité scientifique créé par ATLL qui craignent que la réalisation du transfert de l'eau du Rhône soit un prétexte pour ne pas dépolluer le cours du Llobregat.

2-Y a t-il d'autres alternatives ?

Si l'on admet la nécessité d'une sécurisation de l'alimentation durant quelques jours de l'été et dont l'occurrence serait d'une fois tous les 6 ans et un supplément de dotation d'ici à 25 ans de l5O Hm3 annuellement, il faut s'interroger sur la provenance de cette eau.

Rappelons que cette part est prévue par la loi qui instaura le PHN le 5 juillet 2 001, ce qui tend à prouver soit que les autorités catalanes n'y croient pas alors même qu'elles le votèrent aux Cortes, soit qu'elles désirent s'affranchir d'une dépendance nationale. Sans même devoir rappeler que les deux barrages de Sau et de Susqueda sur le Ter servent également à l'irrigation et à la fourniture d'énergie hydroélectrique, l'affirmation par ATLL que les ressources locales sont déjà exploitées au maximum ne vaut que dans le cadre de la circonscription hydrologique relevant de la seule

région autonome. Dans la partie de la Catalogne toute proche qui relève du bassin de l'Ebre l'achèvement du barrage de Rialb sur le Segre permet parfaitement de répondre aux préoccupations d'ATLL. Il se trouve que le

conseil scientifique mis en place par l'entreprise ne devait en aucune manière examiner cette hypothèse.

3-Les enjeux

Ramón Vasquez, celui qui fut, sinon le promoteur du projet, du moins son premier négociateur nous donne la clef du tabou frappant le barrage de Rialp dans une interview qu'il accorda au numéro hors série du magazine

Hydroplus de décembre l999. A la question de l'existence d'alternatives viables au projet de transfert il répondait alors :

"En ce qui concerne le nouveau barrage de Rialb- sur la rivière Segre- il existe un conflit d'usage entre l'agriculture et l'hydroélectricité. Mais il est techniquement faisable. Les Romains auraient pu le faire, il leur manquait seulement les moyens d'élever l'eau. L'eau est de bonne qualité.

Il suffirait de réduire de l0 m3/s ce que l'agriculture utilise. Le problème qui se pose tient davantage à des raisons politiques. Au cas où cette solution serait retenue, les financements seraient moins intéressants". Effectivement, 100 km seulement séparent Rialb de la station de potabilisation d'Abrera et il n'y a qu'un seuil peu élevé à franchir mais, outre qu'une telle solution atténue les espoirs de financement européen, elle entamerait une réserve de plus de 4OO Hm 3 d'eau réservée de longue date (sous le franquisme) à la production d'énergie hydroélectrique et à la création de l'aire d'irrigation de Segarra Garrigues. En dépit des réserves du plan national des irrigations qui prévoit d'en limiter l'extension, la construction du canal Segarra-Garrigues après accord sur son financement avec le gouvernement central est sur le point de commencer et les communautés d'irrigants ont déjà été constituées.

La réduction de la demande à 325 Hm3 par an y compris en y ajoutant l'eau jusque là pompée dans le Llobregat pouvant se répercuter sur le prix du m3 d'eau brute, l'idée de prolonger le transfert jusqu'à l'Ebre (5l6 Km de

Cardedeu à Campredo) émise début 2003 par Ramón Espadaler, le ministre conseiller de l'Environnement de la Généralité a permis de porter à 475 Hm3 le montant du transfert envisagé. Le directeur de la Société d'études

et de Promotion de l'aqueduc LRC a jugé la rallonge raisonnable. Afin de justifier cette nouvelle option Ramón Espadaler a écrit que cela permettait de "sauver le delta de l'Ebre" et de garantir aux habitants du littoral méditerranéen l'eau promise par le PHN. On craint, en effet, que le grand transfert de l'Ebre à Almeria qui ne fonctionnera que 7 mois de l'année ne puisse même pas fournir le volume prévu de plus d'un Km3 (8).

Cette attitude habile permettrait au gouvernement catalan d'obtenir une autonomie hydraulique et au gouvernement de l'Espagne, engagé dans une impasse, de ne pas perdre la face. Le président Pujol a présenté à la ministre de l'environnement du gouvernement espagnol : Elvira Rodriguez à Madrid, en mars 2003, le projet de prolongation (9). On ne peut plus parler d'un projet de transfert du Rhône à Barcelone mais du Rhône à l'Ebre voire à Valence en passant par la Catalogne .

Conclusion

L'obligation dans laquelle nous sommes désormais de bien gérer des ressources certes renouvelables mais limitées et fragiles se trouve justifiée plus que jamais compte tenu du changement de climat en cours que personne ne peut plus désormais contester. Aussi des règles doivent-elles être mises en place dans la gestion de l'eau et l'initiative européenne

d'une directive cadre va dans ce sens.

Ce n'est pas encore suffisant. L'inertie de certains phénomènes culturels comme ceux qui relèvent de la gestion par l'offre dont on connait la puissance en Espagne (planification hydrique au 18 ème siècle, régénérationisme à la fin du 19 ème) entretiennent l'illusion d'une possibilité de résoudre par la technique tous les problèmes d'eau qui se

présentent en augmentant la ressource.

Il n'est pas inutile à ce propos de rappeler que les ressources théoriques per capita sont plus élevées en Espagne que dans de nombreux autres pays européens tels que l'Allemagne, la Belgique ou le Royaume Uni et que les risques de pénurie dans la péninsule Ibérique doivent avoir quelque rapport avec des usages agricoles qui représentaient à la fin du siècle dernier 90 % de la consommation nette nationale d'eau. Le projet de transfert d'eau du Rhône destinée à Barcelone équivaut en fait à un refus de prélever, ne serait ce qu'une partie, de l'eau d'un barrage prévu il y a 35 ans pour alimenter un canal d'irrigation à construire en Segarra Garrigues et étendre davantage l'irrigation sur le territoire autonome de la Catalogne.

Il est significatif que la demande initiale pour alimenter Barcelone se transforme, au fil du temps, en une demande étendue pour masquer la faillite prévisible du plan hydrologique national. Encourager une telle politique serait un mauvais service à rendre non seulement à l'Espagne mais encore à l'Union Européenne dans la mesure où ses laudateurs poussent à étendre à l'Europe un système condamné en Espagne par la majeure partie des scientifiques concernés.

Notes

1-L'idée d'un transfert des eaux du Rhône vers la Catalogne aurait, selon Luis Berça, président du Comité Espagnol des grands barrages, été formulée pour la première fois le 12 mai 1967 au cours d'un congrès d'ingénieurs tenu à St Domino de la Calzada.

2-Cette entreprise publique qui dépend de la Généralité, produit de l'eau potable essentiellement à partir des eaux du Ter et du Llobregat, d'où son nom et dispose de deux usines de potabilisation à Aberra et à Cardedeu.

L'eau potable est répartie sur l'ensemble de l'agglomération mais distribuée aux habitants par la société privée des eaux de Barcelone (AGBAR) qui dispose également d'une station de potabilisation propre et dont le chiffre d'affaires s'élevait en 1998 l,4 milliards d'éuros. Cette société de distribution d'eau est dans la mouvance de la Lyonnaise des Eaux.

3-SAUR Société des Aménagements Urbains et Ruraux gère des services délégués dans le domaine de l'eau, de l'énergie et de la propreté. Elle est la 3 me grande société française dans le domaine de la production d'eau (avec 10 % du marché contre 35 % pour Vivendi environnement, ex Générale des Eaux et 23 % pour la Lyonnaise des eaux) et appartient au groupe Bouygues. Son chiffre d'affaires était de 15 milliards d'éros en 1999 (il avait doublé par rapport à 1994). En 2000 il desservait en eau potable 6 millions d'habitants en France et plus de 20 à l'international, il comptait

alors 22.000 collaborateurs dont prés des deux tiers à l'étranger.

4-Il est vrai qu'à l'époque on ne parlait pas encore d'environnement et les ingénieurs chargés des études et travaux qui avaient souvent fait leurs classes au Maroc dans le cadre d'une société et d'une économie coloniale avaient une grande liberté d'action comme l'a montré le sociologue Michel

Marié dans son étude sur le canal de Provence. Rappelons qu'en 1966 les aménageurs de la même école n'hésitèrent pas à dévier la Durance par un canal vers l'étang de Berre dans une conception purement hydraulique du problème avec le souci du devenir des nappes mais sans se préoccuper de la dynamique fluviale du lit privé de l'essentiel de son écoulement.

5-Alberto Serratosa, spécialiste en aménagement de la Généralité fut le premier à en parler à Jean Louis Blanc mais ce fut Ramón Vasquez, directeur du bureau d'études Europroject Technologies alors expert auprès de la Société des Eaux de Barcelone (AG BAR) qui fit la démarche.

6-Cf. n° hors série d'Hydroplus : L'eau sans frontière Le projet européen d'aqueduc Rhône-Catalogne, décembre 1999.

7-Les ingénieurs russes qui dirigèrent les irrigations de l'Amou Daria vinrent nous assurer qu'elles n'auraient pas eu impact que l'on sait sur la mer d'Aral s'ils avaient pu réaliser l'énorme transfert (1000m3/s !) des eaux sibériennes prévu à l'origine.

8-Après l'échec de l'avant projet de PHN présenté en l993 par le gouvernement socialiste, un autre plan fut élaboré par le nouveau gouvernement qui fut approuvé en 2001. Ce plan prévoit par prélèvement dans le cours inférieur de l'Ebre une série de transferts le long du littoral méditerranéen dont l9O Hm3 pour la Catalogne, 3l5 pour Valence, 450 pour Murcie et 90 pour Almeria dont le coût était estimé à 4 76l milliards d'euros à comparer avec les 902 milliards d'euros du transfert Rhône Barcelone et les 994 supplémentaires de Cardedeu à Campredo. Ce plan qui a désormais valeur de loi est dénoncé par une écrasante majorité de scientifiques comme contraire à la directive cadre européenne sur l'eau.

L'abondance moyenne de l'Ebre à l'entrée du delta fut de 592 m3/s entre 1914 et 1935, époque où l'Ebre était naviguée en amont de Mequinenza (cf. le roman camino de sirga), elle est passée à 426 m3/s entre 1960 et 1990.

Comme pour tous les autres fleuves de la péninsule la raison principale de cette baisse tendancielle des débits a accompagné l'extension des terres irriguées dont l'étendue en Espagne tripla en un siècle de sorte qu'à la fin du 2Oème siècle les usages agricoles de l'eau représentaient plus de 90 % de la consommation nette nationale.

9-On a vu déjà que c'est ce que préconisait Fedérico Mayor et l'économiste Ramón Tamames, membre du forum de l'eau: "L'aqueduc du Rhône ne doit pas s'arrêter à Barcelone. Il faut qu'il aille plus loin et desserve la région de Valence, très intéressée et qui a de gros besoins en eau potable et industrielle. Ce serait une très bonne solution à moyen terme. D'ailleurs, pourquoi l'aqueduc ne constituerait-il pas l'amorce d'un réseau transeuropéen de l'eau, comparable à ce qui existe pour les transports ou les combustibles? Il est possible, pour ce type de projets, d'obtenir des financements européens, de type BEI, et même des financements "à l'allemande", sans verser un franc public et en récupérant l'argent à travers les systèmes de tarifs." (Hydroplus, opacité).

DOCUMENTS ANNEXES

DOCUMENT 1 les débuts de la société d'aménagement régional du bas rhône languedoc (BRL)

La tardive utilisation de l'eau du Rhône pour l'irrigation est surprenante.

Il s'agit, en effet, d'un cours d'eau extra méditerranéen dont l'abondance est considérable et qui, dans la partie inférieure de son cours, en pleine sécheresse estivale conserve généralement des débits de l'ordre de 500 m3/s. Les premiers projets sérieux de son utilisation remontent à la seconde moitié du 19 ème siècle, quand un ingénieur saint-simonien : Aristide Dumont, envisagea de prélever, au sud de Vienne, une eau qu'un canal latéral amènerait par gravité jusqu'au Languedoc. Le projet échoua mais Dumont avait compris qu'un pompage dans le fleuve permettrait de

réduire la longueur du canal. L'actuelle station de pompage de Pichegru porte logiquement le nom de cet ingénieur où une carte murale y rappelle ses projets.

Les projets de Dumont furent repris au lendemain de la première guerre mondiale. Dès 1946 le ministère de l'agriculture créait une commission du Bas Rhône qui procéda notamment à l'électrification de la région de Beaucaire, à l'assainissement des basses plaines côtières, à l'aménagement du cours du Vistre et à l'expansion de la riziculture en Camargue. La commission élabora aussi la première esquisse d'un réseau d'irrigation dérivé du Rhône qui succédait aux nombreux projets vainement proposés depuis un siècle. Un collaborateur de Jean Monnet : Philippe Lamour, devait y prendre une large part. Une loi de finance préparée à l'instigation de Jean Monnet et publiée le 24 mai 1951 fut à l'origine des grandes sociétés d'aménagement régional en France dont celle du Bas Rhône Languedoc devait

être la première. Il s'agissait d'établissements publics dotés de l'autonomie financière pour la mise en valeur de régions déterminées. Un décret du 13 novembre 1951 substitua à la commission du Bas Rhône une nouvelle commission de modernisation et d'équipement sous la présidence de Philippe Lamour qui dépendait du Commissariat au Plan et dont la compétence fut étendue à l'ensemble de la région languedocienne. Puis le projet de décret instituant la Compagnie Nationale du Bas Rhône fut élaboré conformément au contenu de la loi de finance.

Sa naissance fut mouvementée. Elle nécessitait un nombre important de signatures ministérielles. En février 1955 Il ne manquait plus que celle du chef de gouvernement qui y était d'ailleurs favorable quand le gouvernement Mendès France fut renversé. Philippe Lamour parvint alors à joindre, au moment de son départ, le chef du gouvernement démissionnaire qui signa sur le capot de sa voiture son dernier décret. Ce fut, en février 1955, l'acte

de création de la Compagnie du Bas Rhône Languedoc et le début d'une histoire légendaire.

Philippe Lamour a décrit lui même dans "Le cadran solaire" le système qu'il a mis en place et dont il indique également les limites : ".... l'eau est dérivée du Rhône par un canal gravitaire capable d'accueillir un débit de 75 m3/s, soit le débit d'étiage d'été de la Seine à Paris. A 12 km du fleuve, une station de pompage élève les eaux à deux niveaux : à 19 m dans un canal qui se dirige vers Montpellier en véhiculant 60 m3/s ; et à 70 m dans le canal dit des Costières qui porte 13 m3/s et irrigue 35.000 ha, la superficie totale équipée pour ce premier secteur étant d'environ 120.000 ha. Au-delà de Montpellier, la montagne descend vers le rivage. Le prolongement d'un canal issu du Rhône serait peu rentable." (Ph. Lamour, Le cadran solaire, Max Chaleil édit. Montpellier 1991, p.375).

L'aménagement de la région Languedoc Roussillon devait s'avérer difficile et incomplet. Il s'agissait et il s'agit toujours, de la région ayant le P.I.B. per capita le moins élevé de France, même s'il faut tenir compte de l'importance de la part relevant de l'économie souterraine. D'autre part et surtout il s'agit d'une région où une culture originale de la vigne et du

vin est profondément implantée. Philippe Lamour se heurta à une sourde opposition sans bien en comprendre les raisons " Le projet d'irrigation de la région du Bas-Rhône et du Languedoc soulevait des oppositions passionnées. Nul n'a jamais très bien compris pourquoi certains agriculteurs méridionaux refusaient l'eau, alors qu'elle est la revendication première de tous les pays méditerranéens " (Le cadran solaire p.340). C'est que la mentalité paysanne était également réticente à une planification de l'eau que les collaborateurs de Philippe Lamour avaient pu mettre en ¦uvre dans le contexte colonial de l'Afrique du Nord et, notamment, du Maroc. Bien que, après les accords d'Evian, la compagnie

installa des rapatriés sur des exploitations nouvelles implantées par ses soins, la mise en valeur à l'aide des eaux du Rhône fut circonscrite à la région de Nîmes. L'aménagement devait être complété ultérieurement par la mise en valeur touristique du littoral mais le canal maître ne dépassa jamais Mauguio, à hauteur de Montpellier.

La compagnie l'eau consommée par les villes de Nîmes, de Montpellier et d'une partie du littoral ainsi que l'eau d'irrigation du vaste secteur nîmois. Mais elle n'utilise guère plus du tiers de son énorme droit d'eau de 75 m3/s concédé par l'état jusqu'en 2.035 et dont on ignore par qui et sur quelles bases de calcul il fut accordé.

MD

DOCUMENT 2

Réponses de michel drain aux critiques de membres du SEPA LRC adressées au rapport destiné à la direction de l'eau

du ministère de l'environnement

J'ai participé à un rapport destiné à la Direction de l'Eau relatif au projet d'aqueduc Rhône-Barcelone qui reprenait le point de vue que j'avais exposé déjà devant le Conseil Scientifique qui avait été mis en place par BRL. Trois membres de ce comité (je n'ai aucune remarque à formuler au sujet de la brève note du professeur Bontoux) ont formulé des critiques et des observations. Je voudrais leur répondre sur les points qui me concernent plus particulièrement.

Réponse aux observations du président Michel Desbordes

Il juge l'argumentaire du rapport "hors du champ scientifique" compte tenu de " la réserve que nous nous sommes fixées (sic) à l'égard des autorités espagnoles".

Les questions que je soulevais " relèvent avant tout d'aspects politiques et juridiques propres à l'utilisation des ressources en eau catalanes, et plus largement espagnoles, pour lequel notre Comité estime n'avoir pas de compétences légitimes affirmées". Ce serait donc à double titre politique et espagnol "hors sujet". Dans ces conditions, ayant une formation de sciences humaines et des compétences en matière de géographie de l'Espagne, je n'avais pas ma place dans le comité scientifique que préside M. Desbordes. Pourtant, le transfert d'eau du Rhône à Barcelone sur prés de 350 km mérite une prise en compte préalable des solutions alternatives. Il en existe plusieurs. Certaines coûteuses tel que le recours à la nanofiltration. D'autres considérées impossibles un an après avoir été envisagées tels que les transferts à partir de l'Ebre inférieur. Il en est aussi une plus simple qui consisterait à prélever une partie des eaux du récent barrage de Rialb, à moins de 100 km de Barcelone.

Cette solution a, il est vrai, l'énorme inconvénient de ruiner le projet du Rhône. Est-ce suffisant pour l'ignorer et pour ignorer les raisons qui la firent écarter : la pression en faveur de l'extension des terres irriguées ? Il faut replacer cette dernière dans le cadre d'une politique de l'offre qui fit les beaux jours du régime franquiste et lui a survécu et dont les

effets sur les fleuves de la péninsule se traduisent par une diminution dramatique des débits au cours du dernier demi siècle avec des répercussions au Portugal. Si l'étude de ce phénomène se trouve hors du champ scientifique alors il faut rejeter tout ce qui concerne les sciences humaines. Quant à s'interdire de porter un jugement sur l'ensemble d'un

projet et à se borner aux tronçons nationaux c'est entrer dans un rôle d'expert sur mesure au service d'une entreprise. On me reproche de façon contradictoire de m'être avancé au-delà des Pyrénées et de ne pas avoir abordé le problème de la qualité de l'eau à Barcelone. Question devenue inutile puisque l'option que j'ai signalée y peut porter parfaitement

remède. Enfin, la lettre de Mr Desbordes, datée du 7 mars 2000, indique à propos des points de vue de "nos homologues du Comité Scientifique Espagnol " qu'il n'y a aucune raison de les mettre en doute". Or, dans la revue

officielle de la Généralité consacrée à l'Environnement (N°de décembre 1999), le président du comité scientifique espagnol : déconseille la réalisation du projet qui risque de porter préjudice à une politique de gestion intégrée et au développement technologique de l'industrie du pays en ce domaine.

Réponse aux observations de l'ingénieur général Mesny

1-Actuellement, selon un document du CFCE, l'Espagne exporte 35 % de sa production légumière et 51 % de ses fruits, l'essentiel provenant de l'agriculture irriguée. L'irrigation est bien, comme l'affirme Mr. Mesny, la condition nécessaire d'une agriculture moderne exportatrice même s'il s'agit souvent d'une agriculture intensive, peu respectueuse de l'environnement et qui a recours à une main d'¦uvre occasionnelle. Les filiales de grandes surfaces (Socomo pour Carrefour par exemple) y jouent d'ailleurs un rôle stratégique.

Mais, à côté de ces productions qui mettent à profit les "avantages comparatifs" climatiques de l'Espagne on trouve aussi une forte proportion de cultures dites "continentales" telle que les céréales et même des cultures inadaptées aux conditions climatiques et pédologique comme le riz du Somontano de Huesca. En Espagne, avec plus de 90 % de la consommation nette totale on atteint une limite au delà de laquelle on prend délibérément un risque de pénurie. Des Espagnols de plus en plus nombreux en prennent conscience. Il me semble souhaitable de soutenir cette réaction

salutaire plutôt que d'encourager la poursuite de l' extension des terres irriguées dont la production, à la différence des pays pauvres, ne représente plus qu'une faible part tant du produit national brut que de l'emploi.

2-Il est exact que, dans certaines régions d'Espagne, notamment dans le sud-est du pays, le prix de l'eau peut être élevé. Il existe aussi une différence entre les irrigations à partir des eaux souterraines qui sont presque toutes d'initiative privée et de bon rendement et les irrigations à partir des eaux superficielles qui dérivent d'aménagement réalisés par

l'état sans prise en compte de calculs économiques. Mais, en général, les redevances sont infimes et payées à l'hectare ce qui n'incite pas à économiser l'eau. A défaut donc de statistiques précises en matière d'eau d'irrigation, l'étude des prix de l'eau potable sont significatifs du bas prix de l'eau brute. En 1997 par exemple, alors que le prix moyen de l'eau

potable dans les grandes villes de France était de l'ordre de 18 F/m3, avec une fourchette comprise entre 10 et 25 F le m3, il était en Espagne et au même moment de 5 F en moyenne avec une fourchette allant de 1 à 8,50 F. Le prix le plus élevé était celui de Barcelone.

3-la salinité des eaux souterraines dans le sud à laquelle fait allusion Mr. Mesny est liée à des prélèvements excessifs et à la surexploitation des aquifères à laquelle des cultures jusque là particulièrement rentables ont pu conduire dans le cadre d'une agriculture intensive et non raisonnée (exemple dans la vallée moyenne du Vinalopo à Aspe où il n'y a plus

d'issue, faute d'eau, à la culture, pourtant rémunératrice, du raisin ensaché).

4-La salinité des eaux du Llobregat est bien réelle. Elle ne tient pas seulement aux plis diapirs traversés par le Llobregat dans la région de Cardoner (salinité naturelle) mais aussi à l'état d'abandon dans lequel se trouvent d'anciennes mines et installations industrielles. L'aggravation de la situation n'est pas due à une augmentation de la salinité naturelle mais

tient à un changement des normes européennes qui devront être appliquées prochainement de potabilité. Il est facile de diminuer la salinité des eaux du Llobregat en ajoutant de l'eau dépourvue de sel. Cela peut être celle du Rhône mais aussi du Segre.

5-Il m'a fallu beaucoup insister pour que l'existence du grand barrage de Rialb situé à 100 km de Barcelone soit admise par le comité scientifique français et par son homologue catalan. Un véritable tabou frappait ce barrage de plus de 400 Hm3 de capacité dont l'eau fait depuis des années l'objet de promesses renouvelées par les représentants du gouvernement de la Catalogne.

6-En ce qui concerne les ressources hydriques de l'Ebre qui ne cessent, à l'image de tous les autres grands fleuves d'Espagne, de diminuer de manière dramatique en liaison avec une extension incessante de l'irrigation, j'ai seulement fait remarquer que l'avant projet de plan hydrologique national publié en 1993 prévoyait de prélever, dans le cours inférieur de ce fleuve à l'horizon 2012, rien moins que 1.855 Hm3 par an dont 475 pour la Catalogne et le reste pour les plaines du Levant. Or, c'est en 1994 que des contacts furent pris avec BRL pour un éventuel transfert à partir du Rhône.

Ou bien les ingénieurs de l'état qui mirent au point l'avant-projet de plan hydrologique national après plusieurs années de calculs, de mesure et de réflexion se sont lourdement trompés. Ou bien les responsables catalans de l'eau ont opté pour une stratégie qui leur est propre. Pour ma part, quand les responsables d'ATLL sont venus nous exposer qu'il n'y avait plus d'eau dans l'Ebre alors que le plan qui était toujours en discussion envisageait d'y pomper 1.855 Hm3 annuellement j'ai ressenti une sensation de malaise et le sentiment que les dés étaient pipés.

Réponse aux observations de Mr. Bruck (UNESCO)

Je suis d'accord avec Mr. Bruck pour dire que l'alimentation en eau de Barcelone n'est pas satisfaisante du point de vue de la qualité et de la sécurité. Mais le problème est dans la manière d'y faire face. La référence aux conclusions de l'atelier de l'Unesco sur les transferts me semble criticable. Non seulement le terme de "zone" est impropre stricto sensu

mais bien vague. On ne peut, sur une base territoriale imprécise, mettre en place un principe de subsidiarité de nature à résoudre les problèmes d'eau.

Il reste que la Catalogne, globalement, ne manque pas d'eau et que si l'agglomération de Barcelone en manque il est aisé d'en aller chercher dans le proche barrage de Rialb au lieu d'en prélever à plus de 350 km.

Mr. Bruck fait également allusion au coût que représenterait l'expropriation des droits d'eau des usagers actuels. Or il faut savoir à cet égard que le barrage de Rialb a été prévu de longue date pour alimenter presque exclusivement le canal d'irrigation Segarra Garrigues et que, bien qu'il ne soit pas construit, 17 communautés d'irrigants furent hâtivement

constituées et leurs statuts approuvés globalement le 16 juillet 1993 pour l'irrigation dans un premier temps de 23.000 ha. Il s'agissait de bien verrouiller la future attribution de l'eau à des usages agricoles. Les caractères organoleptiques d'une telle politique sont aussi nauséabonds que ceux de l'eau délivrée aux Barcelonais.

Michel Drain

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Quand en 2008 Barcelone importait de l’eau !

Par Ghada Hamrouche , "La tribune "

Frappée par la pire sécheresse de ces 60 dernières années, l’Espagne fait face à une crise gravissime qui n’épargne aucune région, pas même une Catalogne d’habitude généreusement arrosée. Depuis 3 ans, la région souffre d’une pénurie d’eau tout à fait exceptionnelle. L’alimentation de Barcelone et de son agglomération de 5 millions d’habitants constitue une vraie problématique pour la municipalité ouvrant le champ à une réelle guerre de l’eau en Espagne. En avril dernier, le conflit devient public. Il oppose le gouvernement de Catalogne et l’exécutif central. Le manque d’eau dont souffre la région catalane depuis l’automne fait monter d’un cran la tension entre Madrid et Barcelone. Le pouvoir régional de Catalogne, dirigé pourtant par le socialiste José Montilla, s’est offusqué du manque de «loyauté» et de «l’irresponsabilité» du gouvernement allié et ami de José Luis Zapatero. Le refus catégorique de la ministre de l’Environnement, Cristina Narbona, de cautionner le projet proposé par le gouvernement catalan relatif à un transvasement d’eau depuis le Segre, l’un des plus importants affluents de l’Èbre vers Barcelone, a soulevé l’ire des responsables locaux . Ces derniers comptaient extraire 1,5 hectomètre cube d’eau par jour en période de sécheresse. Or, la gestion des fleuves et des rivières relève de la compétence de l’État central. Sans son autorisation, aucune démarche ne peut être effectuée. Le gouvernement de Zapatero a mis un point d’honneur à s’opposer aux transvasements d’eau des fleuves, considérés comme une «aberration écologique». L’exécutif de gauche mène depuis quatre ans une bataille avec les régions conservatrices de Valence et de Murcie, qui réclament de l’eau de l’Ebre pour irriguer les cultures d’agrumes et développer le tourisme. Si Madrid venait à céder aux socialistes catalans, elle serait contrainte de faire de même avec les autres régions.

Importer l’eau, l’ultime solution

Un argument qui ne convainc point les Catalans qui font face à la menace de la pénurie. Car, arguent-ils, la situation en Catalogne est bien différente de celle de Valence ou de Murcie. Barcelone risque une sévère pénurie d’eau pour la consommation. Les cinq millions d’habitants de la métropole pourraient être soumis à des restrictions dès la fin de cet été. Actuellement, les réserves d’eau sont à 22% en dessous des capacités normales. Pour éviter les coupures dans une ville où le tourisme est la première source financière, le gouvernement catalan redouble d’imagination. Faute d’accord avec le gouvernement de Zapatero, les autorités locales décident de ravitailler par bateau-citerne la capitale catalane. Le premier bateau en provenance de Tarragone, chargé de 20 000 tonnes d’eau, est arrivé le 20 mai dans le port de Barcelone. C’est le début de rotations que feront plusieurs navires pour ravitailler la ville. Au total, 6 bateaux, dont 4 en provenance de Marseille et deux de la région de Valence, se relaieront également à partir de fin mai, ils effectueront 63 voyages par mois et fourniront 1 660 000 m3 d’eau par mois, soit 6 % de la consommation nécessaire locale.

Une mesure provisoire pour faire face à l’urgence qui devrait durer 3 mois.

La désalinisation comme solution durable

Cette solution, très onéreuse, n’est envisagée que dans l’attente de la mise en fonctionnement de la très attendue usine barcelonaise de dessalement de l’eau de mer de 200 000 m³, qui doit être opérationnelle fin 2009. D’ici là, Barcelone a mis en place un régime de sanctions sévère. Tout gaspillage de l’eau potable est considéré comme un délit. Les politiques ont beaucoup bataillé pour que l’eau d’autres régions, particulièrement Valence, soit mieux répartie. Après nombre de palabres et de discussions acerbes, le gouvernement a tranché et décidé, en plus du projet de désalinisation, la construction d’une canalisation qui reliera Tarragone à Barcelone pour acheminer de l’eau du fleuve èbre. Les pluies de mai dernier ont toutefois permis de lever les mesures draconiennes imposées qui interdisaient l’arrosage et le remplissage des piscines. Les réserves ont atteint, désormais, 28% de leur capacité, soulageant les autorités qui agitaient le spectre des restrictions à la consommation.

La solution catalane n’a pas manqué de susciter certains remous.

Le mécontentement des français

La décision d’approvisionner la ville de Barcelone en eau potable par bateau a suscité une vraie polémique dans l’hexagone. Le conflit d’eau en Espagne est en voie de s’internationaliser. Alors que les associations françaises dénoncent une mauvaise gestion de l’eau, la préfecture des Bouches-du-Rhône s’interroge sur les éléments juridiques de cette vente d’eau.

La Société des eaux de Marseille (SEM) et la Société du canal de Provence (SCP) se chargent du transfert de l’eau provenant respectivement de l’usine d’exploitation de Sainte-Marthe et du Verdon.

Les 2 sociétés ont déclaré que cette opération ne compromettait pas les besoins propres de la population locale. Alors qu’en février 2008, la communauté urbaine de Marseille, autorité compétente en matière d’eau et d’assainissement, a donné son accord pour que soit transférée de l’eau en direction de Barcelone au bénéfice d’Aguas de Barcelona, le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, via le secrétaire général de la préfecture, s’interroge, dans une lettre adressée au directeur général du groupe Eaux de Marseille, le 15 mai 2008, sur ces ventes d’eau et lui demande de conforter l’approche juridique de cette vente d’eau.

Le préfet fera valoir la loi de 1923, relative aux travaux autorisés qui stipule clairement qu’ils ne peuvent être envisagés que dans le but spécifique de l’amélioration de l’alimentation publique dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse.

Il en va de même du décret de 1857 qui précise bien que les dérivations opérées dans la Durance, outre l’irrigation, le sont «pour les besoins de la ville de Marseille». Il en est ainsi du décret de 1963 sur la concession des travaux du canal de Provence et d’aménagement de la Durance qui, d’une part, déclare les prélèvements d’utilité publique et, d’autre part, précise l’objet de la concession à la SCP qui est, en particulier, la construction du canal de Provence «destiné à alimenter les départements des Bouches-du-Rhône et du Var et la ville de Marseille en eau à usage agricole, domestique et industriel», précise-t-il dans sa lettre.

Le préfet demande donc à la compagnie Eaux de Marseille de lui apporter les éléments juridiques qui ont conduit à considérer que la société pouvait répondre favorablement aux besoins de l’agglomération barcelonaise. De leur côté, les associations de protection de l’environnement dénoncent ces transferts d’eau. La situation barcelonaise, affirme-t-on, n’est que le signal d’alerte d’un problème global qui nécessite une réponse à long terme et une gestion durable de l’eau.

Aujourd’hui, explique-t-on, on envoie des bateaux d’eau potable en Espagne alors que chaque jour dans le monde des personnes meurent de soif. Selon les associations de protection de la nature, la ville et le gouvernement catalans, au lieu de faire face avec fermeté à la crise structurelle de l’eau qui s’aggrave, crise en partie liée aux changements climatiques, mais principalement fruit de l’héritage d’une époque d’augmentation exponentielle de la demande pour l’agriculture irriguée et le tourisme, continuent de répondre en favorisant l’offre à moyen terme, tout en parant au plus pressé.

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Désolé Marco, pas le temps de tout lire le soir en rentrant du boulot.

Si un retraité pouvait mettre en ligne un résumé. Appel aux bonnes volontés :Smiley_37:

lotrela

En gros , l'espagne manque d'eau .En 2008 , on leur en a vendu .Cette eau provenait de la Durance et a été transporté par bateau .

Compte tenu de la situation , il est envisagé de leur en fournir grâce au Rhône...

Donc , question :

l'eau est elle une marchandise comme les autres ?

Et surtout , l'Espagne ne doit pas pas mieux gérer ses ressources tel que l'eau ( ex :tourisme intensif Casta brava , agriculture intensive etc....)

Comme l'actualié est sur Copenhague ...

Modifié par MarcM
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