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Le Web des Cheminots

Pourquoi la SNCF perd de l'argent?


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http://www.latribune...e-l-argent.html

La SNCF coûte au contribuable quelque 10 milliards d'euros par an. Elle n'est pas responsable de ce gouffre financier. L'exemple du Royaume-Uni suggère que c'est la technologie même du rail qui est en cause. Pour cause de trains bondés, sales, bloqués, retardés, en grève, vides, etc., les citoyens, les médias, bientôt les politiques, crient haro sur la SNCF, et parlent déjà de brûler Pepy - comme Savonarole à qui il ressemble étrangement. C'est se tromper de motifs, et de cible.

Ces dysfonctionnements, évidemment très pénalisants pour les usagers, sont les arbres qui cachent la forêt. Ce qui est grave, c'est surtout le coût du rail, et la ponction considérable qu'il exerce sur nos finances publiques. En simplifiant beaucoup, les dépenses du fer s'élèvent chaque année à plus de 20 milliards d'euros (dont 9 milliards pour les seuls salaires), alors que les recettes du fer, c'est-à-dire ce que payent les usagers, se montent à 10 milliards d'euros. Le rail couvre seulement la moitié de ses coûts. Il est donc financé par le contribuable - ou par l'augmentation de la dette publique, ce qui revient au même - à hauteur de plus de 10 milliards par an. Un développement non durable.

Comment distinguer dans ce trou de 10 milliards ce qui provient de la gestion de la SNCF de ce qui s'explique par la technologie du rail ? L'opinion publique, qui aime les boucs émissaires, rend la SNCF responsable de ce gouffre récurrent. L'exemple du Royaume-Uni suggère que c'est au contraire la technologie du rail qui est en cause.

Non que la SNCF soit totalement innocente. Cette respectable maison cogérée par l'École polytechnique (c'est, dit-on, l'entreprise qui emploie le plus grand nombre de polytechniciens) et par la CGT, sous la houlette d'énarques politiques, n'est certes pas un modèle de gestion. Rigidités, salaires élevés, temps de travail réduits, placards dorés, luttes intestines, etc.e riment pas avec efficacité et productivité. La SNCF elle-même reconnaît, dans une note "interne" devenue publique, que le coût de ses TER (transport express régional) est 30% supérieur à celui de ses concurrents européens. Il y a certainement beaucoup de boulons à serrer à la SNCF. Mais il y a aussi beaucoup d'intelligence, de dévouement, de connaissances, mobilisés à la SNCF. On y serre déjà des boulons : les salaires réels, par exemple, y augmentent plutôt moins vite qu'ailleurs. Il ne faut pas exagérer l'importance des gains à attendre d'une meilleure gestion. Le surcoût de 30% avoué porte sur les TER, pas sur les autres lignes (où il est sûrement moins élevé), et il ne concerne que les coûts de fonctionnement, pas d'investissement. Il y a peut-être 1 ou 2 milliards à économiser, probablement pas davantage.

Pour expliquer les 8 ou 9 autres milliards, il faut regarder du côté de la technologie. Le fond du problème est que le rail, qui consomme à la fois beaucoup de capital et beaucoup de travail, est une technologie coûteuse. C'est ce que montrent les exemples étrangers, de la Suisse à la Chine en passant par l'Allemagne. Concentrons-nous sur le cas du Royaume-Uni, le pays qui a inventé le chemin de fer. Les dépenses annuelles du rail y sont d'environ 14 milliards d'euros, les recettes de 7 milliards. L'activité du rail est 60% de ce qu'elle est en France. Les coûts unitaires, c'est-à-dire les coûts à la tonne/km ou au passager/km, sont donc encore plus élevés (d'environ 20%) au Royaume-Uni qu'en France. Les prix également. La part des coûts payés par le contribuable est la même qu'en France : la moitié. La principale différence est que ces résultats pitoyables sont affichés au Royaume-Uni et cachés en France.

En matière ferroviaire, nos amis anglais font donc aussi mal que nous. Cependant, depuis près de vingt ans, ils n'ont pour gérer le rail ni polytechniciens, ni CGT, ni énarques, mais de bonnes entreprises capitalistes. Le fonctionnement de leurs chemins de fer n'est pas assuré par une lourde SNCF étatique, mais par une vingtaine d'entreprises privées soumises à une vive concurrence. Le réseau ferré y a été possédé et géré par une entreprise privée, Railtrack, mais elle fonctionnait si mal qu'on a dû la renationaliser, ce qui n'a d'ailleurs guère amélioré son efficacité.

Le cas anglais devrait faire réfléchir ceux qui pensent que la gestion de la SNCF est la source de tous nos maux ferroviaires. Il suggère fortement que la source de ces maux est dans le fer lui-même, en tant que technologie souvent obsolète. Les vrais responsables sont ceux, et ils sont nombreux dans les régions, dans le pays et en Europe, qui veulent à tout prix augmenter l'importance du rail. Demander à la SNCF et à RFF de doubler le trafic ferroviaire et en même temps de réduire les subventions au rail, c'est demander l'impossible, et nous condamner à l'échec.

Rémy Prud'homme, professeur des universités - 27/03/2011, 09:24

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Rémy Pruhomme l'auteur de l'article a des tas d'avis. controleursncf

Un site consacré au personnage : http://www.rprudhomme.com/5.html

En tout cas c'est un anti-ferroviaire cartonrouge

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C'est un économiste trés Droite: la maitrise des budgets par la fonte de la dépense publique...

Il est evident alors que le rail devait y avoir un chapitre...mais au lieu de critiquer le systeme à la Française, il prend un biais interressant en denonçant la technologie !!!!! et se fonde sur la problematique au Royaume Uni. Le point commun c'est bien la volonté de montrer qu'une Infra ferroviaire coûte, et coutera d'autant plus qu'elle sera usée....

On revient donc sur les propos réçents de Pepy, relatifs à une meilleure redistribution des fonds liés à l'entretien des infrastructures de transport.

N'empêche, je serais vraiment content de savoir combien de nos concitoyens savent qu'ils financent largement l'entretien du reseau routier et autoroutier au benefice des camions.

Fabrice

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Salut,

je ne suis pas convaincu qu'il faille consacrer du temps à débattre des propos de R. Prud'homme, proche de Ch. Gérondeau et plus généralement des lobbies routier et pétrolier. Cela n'en vaut pas la peine, le personnage étant irrécupérable dans ce domaine (je le dis d'autant plus que ce fut l'un des responsables du DEA "Transport" créé par l'Ecole des Ponts et Paris XII [il l'était au titre de Paris XII]... je l'ai connu en tant qu'élève donc). Ses idées sont très arrêtées mais il connaît en fait mal le secteur des transports collectifs, en particulier le ferroviaire. Diplômé d'HEC et agrégé d'économie, il a oeuvré à la Banque mondiale du temps des années Reagan/Thatcher, dont on paie aujourd'hui nombre de décisions politico-économiques pour le moins contestables, à l'échelle mondiale.

Ce qui est choquant, c'est qu'une rédaction d'un journal prétendu sérieux accepte de publier de tels propos. Cela en dit long sur la connaissance des dossiers de nombre de rédac'chef. Ses référence à la Grande Bretagne sont affigeantes car une grande partie du surcoût du système actuel est lié précisément à l'éclatement (voulu politiquement) du système ferroviaire et à la multitude d'acteurs, pour bon nombre de statut privé, qui se servent sur la bête, à savoir le client et le contribuable britanniques, ainsi qu'à la perte de compétence liée au démantèlement brutal des ex-BR (nombre d'agents ayant été mis à la retraite, sans qu'ils assurent le relais vis à vis de nouvelles générations, recrutées dans un contexte très atomisé avec sous-traitance en cascade, c'était du temps de J. Major). Le scandale des ROSCO ou de Railtrack se passent de commentaires...

Non vraiment, nous perdons notre temps de à débattre de cet article et de ce titre personnage, de mon point de vue.

Modifié par Thor Navigator
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Toujours est il que ces écrits malheureusement restent gravés dans la mémoire collective. La vérité vraie, un vrai exposé des faits basé sur des réalités est certainement moins vendeur et accrocheur.

On nous ressortira ce genre d'inepties lors de futurs problèmes (enfin surtout lors de retards importants de TGV au dépat de Paris).....

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Toujours est il que ces écrits malheureusement restent gravés dans la mémoire collective. La vérité vraie, un vrai exposé des faits basé sur des réalités est certainement moins vendeur et accrocheur.

On nous ressortira ce genre d'inepties lors de futurs problèmes (enfin surtout lors de retards importants de TGV au dépat de Paris).....

Comme d'autres, ni plus, ni moins.... le probléme est leur accumulation..

Ne dit on pas "enseigner, c'est repeter.."

Lors de la formation des elites, l'enseignement n'est pas pro-rail, même si du mieux ( ou du plus raisonnable..) semble poindre, effet "Generation à petrole cher..."

Les hommes aux manettes sont encore de la génération juste avant.

Fabrice

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En 2006, la SNCF avait communiqué sur les propos du même genre, qualifiés à l'époque de mensonge. Voir sur le site : http://www.sncf.com/hoax/hoax4.html

Une remise à jour des chiffres pourrait répondre à cet article (allo la Com :blush: ).

Une copie écran de la réponse de 2006 :

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Bah bien sur que le transport n'est que difficilement rentable, suffit de voir la route ... Me réjoui qu'on paie le kilomètre de bitume utilisé, avec le même impératif de sécurité et les mêmes rendements que le ferroviaire. Le seul transport qui arrive actuellement, en assumant tous les coûts, à être un tout petit peu rentable (et de peu), c'est le transport aérien; au vu de l'infrastructure nécessaire, c'est encore heureux.

Mais si tu compares les coûts totaux du rail avec la route, ce n'est finalement pas tant différent que ça, à capacité et sécurité égale.

Finalement, ce qui est obsolète, c'est la notion même de transport dans notre société, on ne peut pas chaque jour, comme pendulaire, faire 300km de déplacement sans devoir en assumer des coûts forcément conséquents. On ne peut pas demander à manger des mangues toutes l'année en Europe sans de nouveau devoir y mettre le prix. Mais personne n'a envie de l'admettre....

Modifié par likorn
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Invité necroshine

Bah bien sur que le transport n'est que difficilement rentable, suffit de voir la route ... Me réjoui qu'on paie le kilomètre de bitume utilisé, avec le même impératif de sécurité et les mêmes rendements que le ferroviaire. Le seul transport qui arrive actuellement, en assumant tous les coûts, à être un tout petit peu rentable (et de peu), c'est le transport aérien; au vu de l'infrastructure nécessaire, c'est encore heureux.

On ne parlera pas de l'exemple Ryanair....... Déplorable pour les collectivités, et surtout pour les employés...

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Entièrement d'accord.

Ce rapport ne prend pas en compte l'entretient des routes (fauchages, bitumage) , la surveillance (police qui surveille les routes, les patrouilles sur autoroutes) , les accidents de la route...

Si l'on estimait ce cout je crois que le prix du ferroviaire parraitrait minime.

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