Nonoe Ebisu Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 (modifié) Enfin, quand je dis à 2492, ça peut être à 2487 aussi (y en a toujours une poignée qui préfère ressortir et rentrer à pied plutôt que de vivre ça). En pleine finale, pendant que vous êtes tous ou presque accrochés à vos accoudoirs de canapé en hurlant " ALLEZALLEZALLEEEZ !!! ", je profite du désert ambiant pour publier tranquillement mon article à propos de heures de pointe à Paname. C'est une vision des choses aux 36ème degré, côté usager. J'espère que ça vous donnera le sourire ! Bonne lecture ! *** Tout d'abord, une définition de l'heure de pointe chez l'usager, voire une illustration. "Vous savez que vous voyagez aux heures de pointe si vous pouvez être accusé d'attouchement, et ce peu importe l'endroit ou vous mettez vos mains. Les circonstances aggravent la situation, dans la mesure où vous ne pouvez généralement décider où vous allez placer vos mains". Ceci étant dit, allons droit au but en évoquant l'élément le plus parlant de l'heure de pointe dans les transports parisiens : la compression-contorsion d'êtres humains dans un espace clos en mouvement et mal ventilé, faisant passer les cours de yoga pour un jeu de marelle. La phase de compression proprement dite (même si c'est loin d'être propre en vérité) : C'est vous l'aurez compris le stade le plus critique de l'heure de pointe. Celui où des gens doivent rester à pester sur le quai, parce que la SNCF/ RATP (c'est selon sur qui on a décidé de râler) n'a pas encore eu le bon goût de mettre au point des wagons élastiques, et que c'est quand même incroyable en 2011, et qu'on va être en retard à la maison pour râler sur sa famille et bla bla. Lorsque le train arrive, l'usager se prépare à la phase de compression : il creuse d'instinct le ventre, tout en remplissant ses poumons (dispositif d'antiasphyxie), rentre les épaules, cherche à faire corps avec son sac, bref : il s'aérodynamise. Une fois rentré dans le barda, le processus de compression démarre. Nous sommes à un concert des Red Hot Chili Peppers, à 3 mètres de la scène. Le pogo et l'ambiance en moins. Et il fait chaud. Très. Mais la première sensation de l'usager c'est son corps jouant malgré lui à une partie de twister, ce fatras de corps emmêlés ressemblant de l'extérieur à une série de sculptures compressées de César. Je soupçonne d'ailleurs certains galeristes et autres mécènes passionnés de performances artistiques de venir exprès prendre leur pied sur les quais de la gare RER de Châtelet-les-Halles, entre 18 et 20H, venant chercher l'énergie brute de l'œuvre d'art qui s'ignore, à même la source. Un délice d'initiés, qui échappe bien entendu à la multitude d'individus violacés collés aux vitres : eux ont une autre vision des choses... A ce stade, pour les humains comprimés à la sauce César, il n'est plus utile de se cramponner à quoi que ce soit : la compression de César est un ensemble solidaire, et n'a guère de liberté de mouvement dans les virages. Enfin, en théorie. En pratique tu te fais retailler le profil par un baraqué de 2m dans les virages à gauche, et tu te prends le coude d'une dame dans les virages à droite (était-ce bien le coude de la dame, d'ailleurs ? ... Etait-ce bien un coude ??). Notons tout de même qu'être une demi-portion comme moi (1m60 et un volume restreint) a ses avantages. Certes on respire mal car on est systématiquement à hauteur d'aisselles, MAIS, on peut se faufiler et occuper des interstices inoccupables chez le quidam. Un peu comme quand on veut garer sa bagnole : "Y a une place là !" "Euh t'as cru que j'avais une smart ??". Eh bien la demi-portion, aux heures de pointe, c'est une smart ! La phase de recrachage de l'usager à sa gare d'appartenance tient plus de l'après match de foot que de la mêlée, plus précisément d'un derby (OM-PSG par exemple), au moment où tout le monde se fout sur la gueule. Sauf qu'ici, ça se frappe pas volontairement en général, c'est même souvent accompagné d'un « pardon » « 'scuzez-moi » « désolé d'avoir marché sur votre enfant », etc. Tel le nouveau-né sortant de l'origine du monde, le parisien expulsé sur le quai prend une pleine bouffée d'air, et s'il ne pleure pas lui, il n'en éprouve pas moins une émotion indescriptible, souvent traduite par un lourd soupir. De là il rentre chez lui, quelque part soulagé que la phase de compression ne se fût pas éternisée. Car l'angoisse du parisien compressé, la peur qui décolore les cœurs à chaque freinage un peu sec entre deux gares, c'est la menace fantôme. Le spectre du suicidé. Celui qui en avait ras le pass Navigo de l'intégralité de sa vie, ou d'une grosse partie, et qui a décidé de se barrer loin en prenant un raccourci, quelque part sur les voies... Quel que soit le degré de compassion des hydres de César, aucun, vraiment aucun, ne souhaite qu'un truc pareil se produise précisément à ce moment-là. La cube humain ainsi enfermé peut réagir de façon complètement aléatoire, et l'on n'en sait que peu de choses. On dit toutefois qu'une équipe de scientifiques canadiens aurait tenté un jour de s'introduire dans une rame bondée immobilisée : elle n'en est jamais revenue. Noémie D – Compressée qutidiennement dans les RER A et B Modifié 23 octobre 2011 par Nonoe Ebisu
Nipou Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 Très beau texte, bravo. Ca donne envie ... envie de province mdrmdr
michael02 Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 (modifié) On dit toutefois qu'une équipe de scientifiques canadiens aurait tenté un jour de s'introduire dans une rame bondée immobilisée : elle n'en est jamais revenue. Noémie D Compressée qutidiennement dans les RER A et B On n'en revient pas, non plus beurk Modifié 23 octobre 2011 par michael02
Nonoe Ebisu Publication: 23 octobre 2011 Auteur Publication: 23 octobre 2011 Je viens justement de province, de PACA plus précisément, et la situation est la même dans les bus et TER. Et je parle pas de l'étranger : j'ai testé Tôkyô (et je suis vivante ) ! La situation est à peu près pareille un peu partout dans les espaces urbains je pense, mais là comme je parlais de RER j'ai "parisienné" la chose.
capelanbrest Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 Je viens justement de province, de PACA plus précisément, et la situation est la même dans les bus et TER. Et je parle pas de l'étranger : j'ai testé Tôkyô (et je suis vivante ) ! La situation est à peu près pareille un peu partout dans les espaces urbains je pense, mais là comme je parlais de RER j'ai "parisienné" la chose. Ah ce que l'on est bien dans notre Bretagne......! Quant on lit ça on se dit qu'on a bien fait de quitter paris il y a des décennies..... Du reste aujourd'hui c 'est grand vent ...alors même si ici les problèmes d'aisselles sont également récurent.....aujourd'hui c'est suffisamment ventilé pour ne point les sentir..... par contre demain c'est grosse flotte en prévision...ça va sentir le chien mouillé dans le bus et le TER.... Au moins un point commun que l'on partage avec les parisiens dans les transports.....helpsoso
Rail cassé Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 Enfin, quand je dis à 2492, ça peut être à 2487 aussi (y en a toujours une poignée qui préfère ressortir et rentrer à pied plutôt que de vivre ça). En pleine finale, pendant que vous êtes tous ou presque accrochés à vos accoudoirs de canapé en hurlant " ALLEZALLEZALLEEEZ !!! ", je profite du désert ambiant pour publier tranquillement mon article à propos de heures de pointe à Paname. C'est une vision des choses aux 36ème degré, côté usager. J'espère que ça vous donnera le sourire ! Bonne lecture ! *** Tout d'abord, une définition de l'heure de pointe chez l'usager, voire une illustration. "Vous savez que vous voyagez aux heures de pointe si vous pouvez être accusé d'attouchement, et ce peu importe l'endroit ou vous mettez vos mains. Les circonstances aggravent la situation, dans la mesure où vous ne pouvez généralement décider où vous allez placer vos mains". Ceci étant dit, allons droit au but en évoquant l'élément le plus parlant de l'heure de pointe dans les transports parisiens : la compression-contorsion d'êtres humains dans un espace clos en mouvement et mal ventilé, faisant passer les cours de yoga pour un jeu de marelle. La phase de compression proprement dite (même si c'est loin d'être propre en vérité) : C'est vous l'aurez compris le stade le plus critique de l'heure de pointe. Celui où des gens doivent rester à pester sur le quai, parce que la SNCF/ RATP (c'est selon sur qui on a décidé de râler) n'a pas encore eu le bon goût de mettre au point des wagons élastiques, et que c'est quand même incroyable en 2011, et qu'on va être en retard à la maison pour râler sur sa famille et bla bla. Lorsque le train arrive, l'usager se prépare à la phase de compression : il creuse d'instinct le ventre, tout en remplissant ses poumons (dispositif d'antiasphyxie), rentre les épaules, cherche à faire corps avec son sac, bref : il s'aérodynamise. Une fois rentré dans le barda, le processus de compression démarre. Nous sommes à un concert des Red Hot Chili Peppers, à 3 mètres de la scène. Le pogo et l'ambiance en moins. Et il fait chaud. Très. Mais la première sensation de l'usager c'est son corps jouant malgré lui à une partie de twister, ce fatras de corps emmêlés ressemblant de l'extérieur à une série de sculptures compressées de César. Je soupçonne d'ailleurs certains galeristes et autres mécènes passionnés de performances artistiques de venir exprès prendre leur pied sur les quais de la gare RER de Châtelet-les-Halles, entre 18 et 20H, venant chercher l'énergie brute de l'œuvre d'art qui s'ignore, à même la source. Un délice d'initiés, qui échappe bien entendu à la multitude d'individus violacés collés aux vitres : eux ont une autre vision des choses... A ce stade, pour les humains comprimés à la sauce César, il n'est plus utile de se cramponner à quoi que ce soit : la compression de César est un ensemble solidaire, et n'a guère de liberté de mouvement dans les virages. Enfin, en théorie. En pratique tu te fais retailler le profil par un baraqué de 2m dans les virages à gauche, et tu te prends le coude d'une dame dans les virages à droite (était-ce bien le coude de la dame, d'ailleurs ? ... Etait-ce bien un coude ??). Notons tout de même qu'être une demi-portion comme moi (1m60 et un volume restreint) a ses avantages. Certes on respire mal car on est systématiquement à hauteur d'aisselles, MAIS, on peut se faufiler et occuper des interstices inoccupables chez le quidam. Un peu comme quand on veut garer sa bagnole : "Y a une place là !" "Euh t'as cru que j'avais une smart ??". Eh bien la demi-portion, aux heures de pointe, c'est une smart ! La phase de recrachage de l'usager à sa gare d'appartenance tient plus de l'après match de foot que de la mêlée, plus précisément d'un derby (OM-PSG par exemple), au moment où tout le monde se fout sur la gueule. Sauf qu'ici, ça se frappe pas volontairement en général, c'est même souvent accompagné d'un « pardon » « 'scuzez-moi » « désolé d'avoir marché sur votre enfant », etc. Tel le nouveau-né sortant de l'origine du monde, le parisien expulsé sur le quai prend une pleine bouffée d'air, et s'il ne pleure pas lui, il n'en éprouve pas moins une émotion indescriptible, souvent traduite par un lourd soupir. De là il rentre chez lui, quelque part soulagé que la phase de compression ne se fût pas éternisée. Car l'angoisse du parisien compressé, la peur qui décolore les cœurs à chaque freinage un peu sec entre deux gares, c'est la menace fantôme. Le spectre du suicidé. Celui qui en avait ras le pass Navigo de l'intégralité de sa vie, ou d'une grosse partie, et qui a décidé de se barrer loin en prenant un raccourci, quelque part sur les voies... Quel que soit le degré de compassion des hydres de César, aucun, vraiment aucun, ne souhaite qu'un truc pareil se produise précisément à ce moment-là. La cube humain ainsi enfermé peut réagir de façon complètement aléatoire, et l'on n'en sait que peu de choses. On dit toutefois qu'une équipe de scientifiques canadiens aurait tenté un jour de s'introduire dans une rame bondée immobilisée : elle n'en est jamais revenue. Noémie D – Compressée qutidiennement dans les RER A et B Enorme ton article!!!!! j'adore, et, tu sais quoi, le parisien quand il vient dans nos montagne, on le repère de loint grace à ce que tu décris dans ton article. Il applique la même chose quand il s'entasse dans les cabines des téléphériques! hi! hi! hi! Bonne vacances les parisiens????
Dom Le Trappeur Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 (modifié) Ah ce que l'on est bien dans notre Bretagne......! Quant on lit ça on se dit qu'on a bien fait de quitter paris il y a des décennies..... Du reste aujourd'hui c 'est grand vent ...alors même si ici les problèmes d'aisselles sont également récurent.....aujourd'hui c'est suffisamment ventilé pour ne point les sentir..... par contre demain c'est grosse flotte en prévision...ça va sentir le chien mouillé dans le bus et le TER.... Au moins un point commun que l'on partage avec les parisiens dans les transports..... Ici dans mon village ... on va à pied, 18 habitants au Km2 (et...deux gendarmes qui traînaient leur misère dans le bourg...) et je crois que cet après midi j'étais tout seul au Km2 par les chemins et à travers les champs... C'est marrant mais par ici quand le temps est mauvais il paraît ils s'engouffrent tous à Océanopolis et quand il fait beau ils sont tous sur la même plage... Je confirme... grand vent cet aprèm... et peut être joli coucher de soleil ce soir en perspective... Ben j'ai parlé trop vite... ça monte du sud-ouest... comme une mêlée de rugby... Modifié 23 octobre 2011 par Dom Le Trappeur
aldo500 Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 (modifié) C'est joliment écrit. Un auteur de plus pour le Blog d'après certains d'entre nous. Cette semaine, je vais aller me perdre en Lozère. Enfin! C'est vital à un point. Un jour, je ne reviendrai pas... Modifié 23 octobre 2011 par aldo500
aldo500 Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 (modifié) Pour les Bretons du forum, je vous fais partager ma nostalgie de la mer d'Iroise: J'étais sur l'Abeille Flandre cette semaine là (à 4'50, le type avec les jumelles derrière le second qui parle à la radio). Régalez vous, on était 15 et juste la mer. L'inverse des transports parisiens, quoi!. http://www.ina.fr/ec...flandre.fr.html Modifié 23 octobre 2011 par aldo500
capelanbrest Publication: 23 octobre 2011 Publication: 23 octobre 2011 Pour les Bretons du forum, je vous fais partager ma nostalgie de la mer d'Iroise: J'étais sur l'Abeille Flandre cette semaine là (à 4'50, le type avec les jumelles derrière le second qui parle à la radio). Régalez vous, on était 15 et juste la mer. L'inverse des transports parisiens, quoi!. http://www.ina.fr/ec...flandre.fr.html belle archive et 20 ans déjà..... bon cet aprem l'Abeille Bourbon, la remplaçante de l'abeille Flandre a décollé du quai Malbert direction le rail d' Ouessant comme d'hab.... 55 nds de vent prévu(ça souffle fort déjà...du suroît) c 'est le cocktail idéal pour drosser à la côte un navire en avarie.... Cette nuit et demain c'est flotte assurée..... Premier gros coup de vent de la saison, demain à Brest ça va être un lundi tristounet.....reprise du boulot, mauvais temps, flotte, feulles mortes et ça va sentir le chien mouillé.....je le sent déjà !!! merde c'est les vacances scolaires...les parigots et les parigotes sont là....on va les voir partout sur les pontons, au port.... demain avec leur cirés jaunes et leur chaussures bateau..... et leurs parapluies qui ne feront pas 1h.... bon j'arrête les clichés !
Nonoe Ebisu Publication: 26 octobre 2011 Auteur Publication: 26 octobre 2011 C'est joliment écrit. Un auteur de plus pour le Blog d'après certains d'entre nous. Merci Aldo, mais le blog n'est-il pas trop sérieux ? Entre les publications de livres, les discussions sur les conditions de travail et les articles encyclopédiques, j'ai peur que mon humour noir fasse un peu tâche là-dedans ! Mais j'ai un ou deux autres articles, et quelques idées. Je les publierai en tout cas !
Nipou Publication: 27 octobre 2011 Publication: 27 octobre 2011 Le blog n'est que le reflet de ce que l'on en fait aussi à toi d'en faire quelque chose de plus drôle. Du moment que tes textes ont un rapport avec le train, tu es dans le vrai.
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