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Le Web des Cheminots

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Un article de La Voix du Nord que j'ai "emprunté" sur un autre forum : Cinq minutes pour se plonger dans la vie des cités de cheminots

Cinq minutes pour se plonger dans la vie des cités de cheminots

Aujourd'hui, votre journal vous plonge dans la mémoire des cités de cheminots. Des lieux de vie sociale, culturelle, sportive, économique dont on ne soupçonne plus aujourd'hui la richesse.

1 Géographie des cités

D'après André Dubreuil, 92 ans et plus ancien habitant de la cité avec son épouse, Mauricette, on peut en compter quatre : « On disait cité n°1, c'était celle près du dépôt. La n°2 était à Bachant. Et on appelait la n°3 la cité "des bas de soie". Peut-être à cause du standing. En tout cas, c'était la seule où les maisons n'étaient pas des baraquements en bois. » Ces derniers avaient été construits en hâte après la Première Guerre mondiale. Et puis il y avait Cayenne, ou « les quarante logements » comme on disait, où Mauricette est arrivée bébé, en 1921. Les baraquements étaient construits entre les voies de chemin de fer, au niveau des quatre passages. « C'était du temporaire, et ça a duré quarante ans », sourit Odette Tasbille, dont les beaux-parents vivaient près du dépôt.

2 Le quotidien

« Je n'ai jamais vu personne laisser tomber qui que ce soit, se souvient Odette. On se prêtait du linge ; quand on faisait une réunion de famille, les voisins offraient le logis... » « Il y avait l'esprit cheminot. Une certaine conscience », complète André Dubreuil.
La vie était rythmée par les allées et venues des époux ; les uns partant au travail, d'autres revenant de service. « Il était interdit de klaxonner, se souvient André. Parce qu'il y avait toujours des gens qui dormaient. » Les familles allaient se ravitailler à l'économat. Du charbon aux vêtements en passant par la nourriture, on y trouvait de tout. « Celui qui voulait avait le livret d'économat, avec une somme prélevée sur la paye du mari, précise Odette. Une fois cette somme dépassée, il fallait payer comptant. » La rue Jean-Catelas quant à elle « était cousue de commerces. Il y avait un coiffeur, un magasin de papier-peint, un café, un photographe, une petite ferme où on allait chercher le lait, le marchand de charbon, un menuisier, la boucherie, le bureau de tabac, un revendeur de postes TSF, la mercerie, une épicerie et encore un café. » Les maisons en bois n'avaient pas le confort d'aujourd'hui, indique Odette. « Les toilettes étaient au fond du jardin. Au début, il n'y avait pas l'eau non plus. Après, la SNCF est venue l'installer, mais une maison sur deux. » Le temps a étiolé la solidarité, les allées et venues dans le voisinage ont - comme partout - distendu le lien social. André soupire. « Maintenant, tout est moderne. On a le confort. Mais je ne sais pas si on est plus heureux pour autant. »

3 La place des femmes Mécaniciens, chauffeurs...

Bien des hommes étaient appelés à s'absenter plusieurs jours d'affilée. Et à l'époque, pas de téléphone portable ! « Les femmes ont appris à se débrouiller seules, confie Fabienne Pituch, dont le mari est mécanicien. Quand il fallait prendre une décision, on ne pouvait pas compter sur eux s'ils n'étaient pas là. Les femmes avaient une certaine autorité. » La majorité des épouses élevait les enfants et prenait soin de la maison. Entre femmes, on se serrait les coudes. « Quand ma mère faisait la lessive, la voisine venait l'aider à battre le linge ou plier les draps. » Lieu de rendez-vous apprécié des dames, le centre ménager de la place Bellevue proposait des cours de couture et de cuisine. « On confectionnait les vêtements pour toute la famille », relate Fabienne. Odette sourit : « On peut pas dire, on s'est régalées ! »

4 Les loisirs

La salle des fêtes, à l'entrée de la rue Bellevue, abritait les bals et les spectacles du cercle artistique des cheminots. Rue du Bon Accueil, la piscine de plein air construite dans les années 1930 accueillait les sportifs aussi bien que les nageurs du dimanche. Le stade de l'Attoque n'était pas consacré qu'au foot. On s'y entraînait au saut, au lancer, à la course. Après la Seconde Guerre mondiale, André Dubreuil - lui-même basketteur et sportif émérite - a obtenu qu'on y construise une salle de sport, financée avec « les dommages de guerre de la piscine », détruite dans le bombardement de mars 1944, en même temps que la salle des fêtes.

5 Des drames

Parmi les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, celui de 1944 fut le pire. Visant le dépôt, les Alliés lachèrent les bombes « depuis la Boulange (à la sortie de Leval sur la route du Monceau), en enfilade jusque Bachant, témoigne André. À Cayenne, une bombe est tombée sur trois wagons allemands d'explosifs. La cité a été rayée de la carte. Un loco à vapeur a été projetée jusque dans la briquetterie.
(...) Une autre bombe a touché un wagon de munitions. L'explosion a atteint un réservoir d'essence. » André a perdu père et mère dans le bombardement. Sa petite soeur, Huguette, en est sortie miraculée. En tout, 110 personnes ont trouvé la mort ce jour-là. « Vous savez, murmure André, certaines images vous restent à jamais. » • C. L.-S.

Un album de photos anciennes est visible sur notre page Facebook.

  • J'adore 2
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Le lieu "Cayenne" indique bien qu'il s'agit du dépôt d'Aulnoye-Aymeries ?

Oui... Quand tu vas sur le lien, tu vois que le témoignage est écrit par une ancienne riveraine de la cité cheminote d'Aulnoye....

Quand on voit ce qu'il reste du ferroviaire à AYE, çà fait peur: un triage plus que moribond, un dépot qui ne regroupe plus que quelques TB au TER et des TA au Fret.....

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